Le Ministère des Affaires étrangères sur la sellette ? Petites causes grands effets

Nous apprenons qu’un différend opposerait l’ambassadeur à l’attaché financier d’une de nos représentations diplomatiques en Europe. Le sujet a retenu notre attention non pas tant en raison du sujet que des mis en cause. L’Ambassadeur est le représentant du Chef de l’Etat et reflète l’image de tout un pays tandis que l’attaché financier représente le ministère de l’Economie et des Finances.

Administrativement ce dernier dépend du Chef de Mission qu’est l’Ambassadeur mais il est garant de l’orthodoxie financière qu’incarne le  ministère de l’Economie et des Finances. La gestion des affaires financières de l’Ambassade peut donc susciter  des incompréhensions qu’une bonne lecture des textes devrait résoudre. En cas d’interprétation divergente l’on devrait pouvoir obtenir les précisions et les instructions nécessaires de la Centrale afin d’éviter tout conflit inutile.

Sans rechercher d’aucune manière à alimenter  la polémique et sans préjudice de la véracité des faits, il est tout de même bien difficile de laisser sans défense  notre Ministère de souveraineté qu’est celui des Affaires étrangères dans une affaire qui, à notre sens, ne devrait avoir d’autre caractère qu’administratif. L’on apprend que l’ambassadeur a demandé à l’attaché financier de régler une dépense sans que la facture y afférente lui ait été  présentée ; que suite à son refus d’obtempérer l’agent du trésor  aurait été rappelé  par décision du seul Ministre des Affaires étrangères  alors qu’il a été nommé par décret interministériel avec le Ministre de l’Economie et des Finances. Les responsables du Trésor ont saisi l’occasion pour rappeler le décès de plusieurs attachés financiers en poste au cours des dernières années tendant à imaginer quelque corrélation entre les deux situations.  Ils situent l’affaire dans le cadre de la lutte solennelle contre la corruption et la bonne gouvernance en exhortant les missions diplomatiques à la bonne gestion des fonds qu’ils s’échinent à collecter. Et  l’on sollicite le Chef de l’Etat pour lui demander de prendre ses responsabilités tout en ne rejetant pas la possibilité d’une action collégiale des agents du ministère de l’Economie et des Finances ; ce serait en outre une occasion  d’apprécier sa détermination  à lutter contre la corruption et a instaurer la bonne gouvernance. Le tout fortement médiatisé sur le plan national mais aussi, par ricochet,  sur le plan international.

Il convient de ne pas ajouter pas à la confusion en  se risquant non seulement à exprimer son point de vue  sur cette affaire mais aussi à suggérer une quelconque façon  de la régler. Au demeurant  l’on ne sait de l’affaire que ce qu’en a dit le représentant du syndicat du Trésor sans  connaître la version de l’Ambassadeur en cause ni le montant de la somme qui entraîne tout cela. Nous voudrions alors  tout simplement rappeler que le Ministère des Affaires étrangères est notre ministère de souveraineté que nous devons protéger et préserver des scandales ; il est la  vitrine du pays. Les ambassadeurs qui sont nommés dans les postes diplomatiques représentent  personnellement le chef de l’Etat et si nous avons quelque chose à leur reprocher dans le cadre de la bonne gouvernance qu’il prône lui-même de toutes ses forces, nous ne devrions pas nous en priver ; tant s’en faut. Mais  il serait heureux que nous le fassions avec retenue et suffisamment de discrétion pour ne pas éclabousser notre propre pays auprès des pays accréditaires. Il importe que nous le fassions avec  toute la dignité et la considération qu’il convient de porter à celui qui les a nommés ainsi qu’à  la Nation toute entière qu’ils représentent. Evitons,– et cela sans préjudice de la détermination des responsabilités et des sanctions qu’elles pourraient entraîner, le cas échéant — que  notre Ministère des Affaires étrangères qui se bat déjà pour s’assurer sa place dans la communauté internationale et imposer le respect de tout le peuple béninois au monde,  fasse  l’objet de risée et de  sarcasmes notamment dans les milieux diplomatiques ; de grâce, pensons-y avant toute action spectaculaire, le cas échéant, maintenant qu’il est encore temps ! Aidons notre Ministère des Affaires étrangères à garder ses marques et à continuer de nous représenter le plus dignement qu’il peut. Et puis l’on ne peut que souhaiter que la réaction à cette affaire, somme toute administrative, ne s’offre  pas l’occasion de plonger le pays dans la psychose et le stress. La force saine et citoyenne d’un syndicat, c’est aussi de savoir faire la part des choses lorsque la souveraineté du pays est en jeu sans toutefois renoncer à la vérité et, sans complaisance aucune, à toutes sanctions discursives, le cas échéant.

Ambassadeur Ahouansou Candide

 

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