Ambassade du Bénin à Tokyo : le personnel désespéré crie son ras-le-bol

La situation sociale des cadres et administratifs de l’ambassade du Bénin au Japon –celle des diplomates en poste, y compris- se dégrade depuis déjà des mois. Un climat délétère s’est installé entre le personnel et l’«autorité hiérarchique» directe, du fait du manque de l’écoute favorable de ce dernier.

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«… Les derniers traitements et salaires reçus par le personnel de l’ambassade datent du 20 décembre 2011, soit, quarante-neuf (49) jours bien comptés. Les traitements et salaires du mois de janvier 2012 n’ont pas certes été encore versés (les transferts de crédits au titre du 1er semestre 2012 étant toujours attendus)». C’est l’extrait de la lettre que venait d’adresser, le conseiller et chef de chancellerie de l’ambassade du Bénin au Japon à son excellence, le chef de la mission diplomatique de notre pays à Tokyo. L’auteur de la lettre, dont nous nous sommes procuré copie, auprès de nos sources bien introduites, devient plus alarmant et poursuit pour mieux camper son sujet: «… Cette année (2012) en revanche vous rejetez systématiquement depuis le 05 janvier 2012, toutes les propositions introduites, privant ainsi des familles avec des enfants, de ressources à un moment où les budgets des ménages sont le plus sollicités pour l’achat de tenues (habits) chaudes, le paiements des factures diverses (gaz, électricité, eau) et l’achat de nourriture, sans compter les frais de santé qui montent en flèche en cette période d’hiver particulièrement rude, sinon mortelle…».

Comment comprendre ce que le chef de chancellerie reproche à son patron visiblement en perte d’autorité? Il faut en retenir qu’il fait observer que dans la situation de précarité de salaires –pour cause de procédure- qui est celle des agents, toutes catégories et statuts confondus, toutes ses requêtes introduites auprès de l’ambassadeur sous forme de palliatifs sont «restées sans suite». Et les conditions de vie et de travail de ses collègues ainsi que de leur famille de se dégrader, lentement mais surement. Le fonctionnement de la représentation diplomatique en tant que tel est devenu critique, notamment vis-à-vis des prestataires de service.

Enfants menacés de renvoi…

Habituellement, le budget qui fait fonctionner les ambassades est transféré, chaque année dans les juridictions, seulement à fin mars ou début avril. Pendant ce temps, les diplomates doivent gérer le quotidien (popote, factures d’électricité et d’eau, gaz). Avant l’intervention du ministère des finances qui met à disposition ces moyens, l’ambassade procède, sur fonds propres, au payement d’avances sur salaires, de janvier à mars. Au titre de l’année en cours et, dès janvier 2012, le conseiller et chef de chancellerie de l’ambassade a introduit auprès de l’ambassadeur des propositions d’avances sur salaires, qui ont été, par deux fois rejetées.

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Vis-à-vis des prestataires de services, l’ambassade doit en l’occurrence faire face aux loyers des domiciles du personnel et des frais de scolarité de leurs enfants. Ces derniers ne sont disponibles, d’après nos enquêtes, que début avril. Mais déjà, les propriétaires harcèlent l’ambassade qui doit en répondre. «Nos enfants inscrits au lycée franco-japonais, se désole une mère de famille que nous avons eu au téléphone, sont sous la menace du renvoi d’ici à quelques jours, si les frais relatifs aux deux premiers trimestres de l’année académique ne sont pas payés». On rappelle, à nouveau, que des propositions visant à préfinancer un mois de loyer et un trimestre de frais de scolarité grâce aux ressources internes disponibles sont mises de côté. La raison? C’est le plaignant lui-même qui l’expose assez explicitement, dans sa lettre au chef de la mission diplomatique béninoise: «… J’estime à ce niveau que le cynisme est à son comble et une telle attitude de votre part, à savoir: conditionner le paiement des avances salariales au déblocage de vos demandes de remboursement des préfinancements, n’est pas digne de la responsabilité que vous incarnez…». (Cf. fac-similé de la lettre adressée à l’ambassadeur).

D’après nos informations, l’ambassadeur encore en poste, que nous n’avons pas pu joindre, crée lui-même des dépenses, qu’il préfinance pour ensuite venir réclamer des remboursements. L’homme se présente ainsi à la fois comme ordonnateur, gestionnaire de crédit et comptable de fait. Et joue à tout faire à la place de tous et ce, pour justifier des dépenses hors normes non prévues nulle part dans les lignes budgétaires… «En le lui refusant, les services compétents de la mission ont nourri en lui, sans le savoir, l’instinct frondeur de l’ambassadeur qui tente de tout bloquer désormais», fait remarquer un diplomate en poste à Tokyo.

En fait, l’ambassadeur en cause ne l’est plus formellement, depuis la nomination, courant décembre 2011, du jeune et truculent bénino-japonais, son excellence Rufin Zomahoun. Il est loisible d’apercevoir la tronche de ce dernier, parmi les officiels présents aux événements à caractère sociopolitique, à Cotonou comme à l’intérieur du pays, sillonnant monts et vallées et répondant ainsi aux nombreuses demandes d’ong et d’associations diverses qui le sollicitent pour le parrainage de leurs activités. En attendant d’aller remettre ses lettres de créances à l’empereur du Japon, Rufin Zomahoun s’occupe bien au bercail et préfère ne pas croiser son prédécesseur qui doit d’abord, selon les usages diplomatiques, s’éclipser du «pays du soleil levant» où il y est encore «pour défaut de liquidités nécessaires au rapatriement de sa famille et de ses biens», ainsi que le reconnait, M. Goutondji, ambassadeur et Secrétaire général du ministère béninois des affaires étrangères.

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