Rb-Prd : une ère de rivalité s’ouvre entre «frères-ennemis»

Le Parti du renouveau démocratique (Prd) et la Renaissance du Bénin  (Rb) peuvent-ils s’entendre définitivement un jour? Après avoir flirté ensemble, de 2008 à 2011, où ils ont milité ensemble au sein de l’Union fait la Nation (Un), ces deux partis ont donné, le temps d’une élection, l’impression d’une grande intelligence. Mais une fois l’élection terminée, patatras. Les vieux démons de la division refont surface, plus têtus que jamais.

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Depuis le début de l’année, une folle rumeur qui ébranle même les structures de base du parti- annonce le Prd dans la majorité présidentielle. Après plusieurs jours, cette rumeur ne semble pas s’estomper. Au contraire, elle devient le chou gras de quelques canards et ses chantres qui, eux, semblent, chaque jour, avoir plus d’arguments pour étayer leur dessein. Joint au téléphone, il y a quelques jours, un très proche collaborateur d’Adrien Houngbédji ironise «Il n’y a rien. C’est la Rb qui communique contre nous».  Ensuite, des officiels du parti se sont mis à se prononcer sur la question. C’est d’abord le maire Océni Moukaram qui, dans une interview, déclare que le Prd n’a entamé aucune négociation en vue de son entrée au gouvernement. L’honorable Charlemagne Honfo renchérit, un temps après en déclarant que le Prd reste à part entière membre de l’Union fait la nation (Un) et qu’il ne peut y avoir une entrée éventuelle au gouvernement, sauf si ce cela est discuté au sein de l’Un. Bien avant cette rumeur, le Prd a lui-même posé des actes peu favorables au renforcement de l’union. Il s’agit d’abord de la création du groupe parlementaire Prd. Il s’agissait de s’affranchir du grand groupe Un et du souhait, annoncé lors de la cérémonie de présentation de vœux au président Houngbédji, par un militant du parti d’aller aux prochaines élections municipales sous la bannière du parti, au lieu de celle de l’Un. Ces actes ne suffisent-elles pas pour augmenter les soupçons de ralliement du Prd? Mais il y a une autre rumeur qui augmente l’inimitié de la Rb vis-à-vis du Prd. Elle fait croire à beaucoup de leaders du parti que le Prd mijote un plan pour arracher la mairie de Cotonou aux Soglo et au parti. Jamais confirmée par une source officielle du parti, elle est au cœur même des discussions au sommet du parti.  

Quand 1996 empoisonne toujours les relations Rb-Prd

Dame rumeur -toujours elle- a fait distiller au sein de la population que le principal responsable de l’échec de l’Un et de son candidat unique à l’élection présidentielle de mars 2011 est la Rb qui n’aurait pas mouillé le maillot pour ce candidat. Elle va plus loin en colportant que la Rb était la taupe de la majorité présidentielle au sein de l’Un et qu’elle a pris la tête de la direction de campagne de l’Un pour mieux déstabiliser l’union. Pour confirmer ces hypothèses, les détracteurs de la Rb exhibent à merveille les piètres résultats de l’Un dans les fiefs de la Rb et surtout à Cotonou, où Boni Yayi a parfois même distancé Houngbédji dans certains quartiers. Ils agitent  aussi son ralliement prématuré et incompréhensible à la majorité présidentielle juste après les élections législatives. Si le candidat de l’Un Adrien  Houngbédji est resté tout le temps circonspect et très taciturne sur la question, le président Soglo a lui décidé de réagir face à ses rumeurs. «Houngbédji ne peut s’en prendre qu’à lui», a-t-déclaré, dégageant ainsi toute responsabilité de la Rb dans cet échec. Très tôt, la fameuse «trahison» de 1996 a refait surface. Dans les fiefs du parti, certains faucons n’hésitent pas à dire publiquement leur joie de voir Houngbédji échouer définitivement sans pouvoir se faire élire président. En vérité, 1996 est encore vivace dans les mémoires. Et en dépit de l’effort de rédemption fait par le président Houngbédji, même le président Soglo ne semble pas l’oublier. Selon ses proches, il en a gardé un traumatise, une rancune tenace qui s’est sédimentée au fil des ans. Au Prd, par contre, l’agitation de cette «trahison» relève du disque rayé. D’ailleurs, à ce sujet, le parti a commencé à rectifier sa part de responsabilité dans la fameuse «trahison» et n’entend plus se faire culpabiliser dans cette vieille histoire qui devait être close depuis que Houngbédji a fait son mea culpa. L’honorable Honfo a levé le ton et rappelle à qui veut l’entendre la trahison de Soglo en 1995 qui a instruit ses députés à voter contre Houngbédji afin de le déloger de la tête de l’Assemblée nationale alors qu’il avait le plus grand nombre de députés à l’hémicycle. «Le président Soglo savait bien qu’il devait aller à une élection dans huit mois non, pourquoi a-t-il ordonné à ses députés de déloger Houngbédji de la tête de l’Assemblée nationale », s’est-il demandé. Pour lui, «Houngbédji a demandé pardon alors qu’il n’était pas fautif». Il ajoute que le Prd assume cette décision, sans regret tout en promettant de ne faire désormais que de la politique et non du sentimentalisme. A cette allure, il y a lieu de craindre une rupture définitive entre ces «frères ennemis». Quel avenir alors pour l’Un dont beaucoup disent que la Rb est la pierre angulaire? L’édifice ne va-t-elle pas s’effondrer? Wait and see.

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