Rebondissement dans l’affaire Icc-Services : le gouvernement amuse la galerie

Avec ses derniers développements, «l’affaire Icc-services» prend l’allure d’un méli-mélo juridique à travers lequel le gouvernement semble vouloir distraire l’opinion publique. Après bientôt deux ans de tâtonnements, de révélations, souvent, spectaculaires,  l’affaire Icc services livre une autre partie de ses secrets. Et cette fois, il s’agit d’un retournement de situation à laquelle l’opinion s’attendait le moins. 

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Contre toute attente, et à un moment où concernant cette affaire Icc services, l’on s’attendait aux suites qui devraient être données à la saisine opérée sur les biens mobiliers des structures illégales de placement d’argent, il est demandé aux déposants ayant reçus le trop perçu d’aller le rembourser, sous peine d’être poursuivis en justice pour recel. Cela ferait parti des conditions pour lesquels les spoliés se voient rembourser leur argent. Lorsqu’on fait fi de l’aspect purement juridique de cette nouvelle tournure -on laisse le à l’appréciation des spécialistes en la matière- l’évolution que prend désormais le dossier laisse à désirer quant à l’issue que pourrait connaître le cas des spoliés. Et cela suscite plusieurs interrogations. Où était le gouvernement depuis ce temps? Pourquoi, est-ce que environ deux ans après l’éclatement de l’affaire qu’on demande à ceux qui ont déjà perçu leurs intérêts de les rembourser sous peine de poursuites judiciaires. Ces derniers sont-ils aussi coupables que les responsables des structures illégales de placement? Où sont-ils aussi responsables que le gouvernement qui a failli dans la régulation et la réglementation du secteur?

Au fond, c’est comme si l’on demandait à quelqu’un qui a gagné à la loterie de retourner son gain. Ce que le gouvernement oublie, sans doute, c’est que comme l’affaire Icc-services elle-même, ce remboursement que l’on exige des «ayant trop perçus» pourrait engendrer une autre crise. On oublie que des personnes ont vendu tous leurs biens, déposé le prix de vente dans les structures illégales et ont utilisé le taux d’intérêt pour se réinstaller. On oublie que des femmes bénéficiaires du micro crédit aux plus pauvres ont procédé au placement des prêts effectués, puis elles ont investi l’intérêt que cela leur a généré. On oublie enfin, que des étudiants ont déposé leurs allocations universitaires, puis ont utilisé l’intérêt généré pour autofinancer leur formation et ensuite vivoter. Est-ce la faute aux populations -hormis bien entendu les déposants huppés qui ont fait preuve de cupidité-  si, végétant dans une paupérisation totale, elles ont cru aux chants de sirène de ces structures illégales de placement d’argent. Au regard de l’évolution que connait jusque-là ce dossier Icc-services, on se demande si tous les spoliés seront remboursés au cas où ceux qui ont trop perçu ne répondaient pas favorablement et en masse à l’appel du procureur. Le régime Yayi, après avoir promis le remboursement aux populations pendant les campagnes pour la présidentielle semble dans l’incapacité de tenir parole. Le tout prend l’allure d’un méli-mélo juridique, et les espoirs des spoliés de se voir un jour remboursés s’amincissent. Encore que chaque jour qui passe, constitue un pas de plus vers la fin de l’ère Yayi… Et le gouvernement et les structures illégales de placement d’argent resteront dans ce jeu de ping-pong à l’issue duquel les spoliés verront leur rêve de se voir un jour remboursés se muer en une chimère.

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