Sommet de la Cedeao : le Bénin, le plus gros perdant

Le dernier sommet de la Cedeao qui s’est tenu, jeudi 16 février à Abuja a permis le renouvellement des instances de l’institution. Et le Bénin y a vu filer entre ses doigts le précieux maroquin du président de la commission promis de vieille date à Jean-Marie Ehouzou, le dévoué et compétent ancien ministre des affaires étrangères.

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Le dernier sommet de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui s’est tenu au siège de l’institution au Nigeria a fini par livrer à la face du monde le peu d’ambition de notre pays quant au positionnement des cadres nationaux au niveau des institutions internationales. Alors qu’à Cotonou, on attendait qu’un de nos compatriotes, pour la première fois dans l’histoire de l’institution, se fasse brillamment «caser» au poste prestigieux de président de la commission, c’est le burkinabè Kadré Ouédraogo, actuellement ambassadeur de son pays près la Belgique, du Royaume uni et des Pays bas qui est élu. Le Bénin a simplement renoncé à ses ambitions de briguer ce poste qu’il convoitait depuis des mois et dont il avait bien les moyens. 

En effet, dans le souci de donner un nouveau souffle à cette organisation, une équipe de  travail dirigée par le président sierra léonais avait permis de définir une nouvelle clé de répartition des postes stratégiques de cette institution. Il a été donc décidé que désormais le choix des responsables des organes se fasse par ordre alphabétique des pays, en privilégiant ceux qui n’ont pas eu par le passé la charge de diriger ces institutions et/ou dont un compatriote ne dirige pas déjà un des organes. Le Bénin se retrouvait ainsi en bonne posture pour briguer ce poste convoité depuis des lustres et auxquels ses fils Robert Dossou et Albert Tévoédjrè ont tous échoué. Mais ce jeudi à Abuja, d’autres données ont pesé tant et si bien que le Bénin a simplement choisi de ne même plus présenter son candidat, l’ambassadeur Jean-Marie Ehouzou, qui avait toutes les chances et les atouts intrinsèques en tant que diplomate de haut vol ayant trainé sa bosse au sein des institutions internationales. Laissant généreusement le poste au Burkina Faso qui n‘était pas annoncé pour ce poste, sauf à considérer le sommet d’Octobre au cours duquel il a bloqué le processus en agitant sa candidature. 

Le mauvais choix du Bénin

En vérité, si le Bénin a renoncé à briguer ce poste, c’est qu’il y a eu un accord qui l’oblige à procéder ainsi. Tout a été ficelé le 29 janvier dernier lors du dernier sommet de l’Union africaine (Ua). A cette occasion,  Boni Yayi a été élu président en exercice de l‘organisation pour un an. Le Bénin qui avait manifesté, des jours avant ce sommet, sa volonté de briguer ce poste s’est vu confronter à une féroce candidature, celle du géant voisin de l’est dont le président, Goodluck Jonathan, est venu un peu comme un cheveux sur la soupe. Finalement, c’est le Ghana et le Burkina (curieusement) qui ont joué les bons offices et réussi à obtenir le retrait de cette candidature qui n’arrangeait pas le Bénin. Le Nigeria, alors candidat contre le Bénin à l’Ua, était celui là qui a été désigné pour aplanir la mésentente entre le Burkina et le Bénin au niveau du sommet de la Cedeao. Il travaillait bien pour gagner ce poste et son soutien au Bénin, lors du sommet du 29 janvier, ne se faisait pas à l’aveuglette mais relèvait bien d’un plan savamment pensé par Ouaga2000. Le Burkina Faso a donc compris qu’il y avait un coup à jouer face à un Bénin dont le président vient d’être élu président en exercice de l’Union africaine. S’agit-il d’un deal au nom duquel le Bénin a cédé ce poste au Burkina? Si cette hypothèse n’est pas à exclure, puisque confirmée par la presse internationale, le Bénin l’a toujours niée. Et a toujours fait croire qu’il a maintenu sa candidature à la présidence de la Commission de la Cedeao.

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Yayi dans un bourbier

Comme à l’accoutumée, le gouvernement du Bénin a encore fait un mauvais choix de gouvernance politique. Et pour cause, le poste de président de la commission de la Cedeao paraît plus important. Elu pour 4 ans, renouvelable, le président de la commission détient de véritables pouvoirs. Il s’occupe de la gestion de l’institution au quotidien, nomme les cadres techniques au sein de l’institution. Il dispose de moyens financiers conséquents pour faire son travail. A l’opposé, le président en exercice de l’Ua ne dispose pas de moyens pour sa cause. Elu juste pour un an, il n’a autre pouvoir que le fait de présider les réunions. C’est ce qui explique le fait qu’il n’y a pas eu à Addis Abeba un empressement majeur de la part des autres nations à briguer ce poste qui n’apporte rien au Bénin, sauf le prestige que le président lui-meme en tire personnellement.

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