Union africaine : les limites de l’engagement de Boni Yayi

Après son élection le week-end dernier en tant que président en exercice de l’Union africaine, le Béninois Boni Yayi a très tôt affiché sa volonté et son engagement à consacrer les douze mois de son mandat, à la paix et la stabilité sur le contient africain et œuvre pour que ce dernier prenne en main son destin. Une ambition qui peut se heurter aux réalités inhérentes à la vie et au fonctionnement de l’institution puis à la gestion des affaires internes dans son pays le Bénin. 

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Pourra ou pourra pas ? C’est la question qui taraude l’esprit quant aux ambitions de Boni Yayi pour l’Afrique après son élection en tant que président en exercice de l’Union africaine. Il sera sans doute prétentieux de répondre seulement au lendemain de son élection à cette question. Seulement, au regard des réalités inhérentes à une institution panafricaine qui peine à s’affirmer et attise après bientôt dix de vie la flamme de l’afro-pessimisme, on peut bien émettre des réserves sur toutes les chances de Boni Yayi à concrétiser ses ambitions.  

D’abord, le président en exercice ne dispose pas de budget pour son fonctionnement. Boni Yayi, devra donc financer lui-même et sur fonds propres ses nombreuses visites à l’étranger dans le cadre de l’exercice de sa nouvelle fonction. Si cela doit venir  de son budget de fonctionnement en tant que Chef d’Etat béninois, on peut déjà s’inquiéter. D’autant plus que des sources font état de ce que les caisses de l’Etat sont aux rouges. Mieux, le budget général de l’Etat, exercice 2012, étant déjà adopté, les charges inhérentes aux nouvelles fonctions de Boni Yayi ne peuvent plus être inscrites dans les dépenses prioritaires, à moins que le gouvernement  procède à un collectif budgétaire.

Un système malade

Il y a ensuite, le mode de prise de décisions au sein de l’organisation panafricaine. L’Ua est une lourde machine et les décisions y sont généralement prises par consensus. Pourtant, la conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement n’est que, de l’avis de certains internationalistes et spécialistes de l’Afrique, un agrégat de clubs d’amis aux intérêts souvent partisans et trop  antagonistes. A ce niveau, on se demande si Boni Yayi, président d’un petit pays comme le Bénin dispose des moyens de pressions nécessaires pour éventuellement imposer, en cas d’impasse, sa position aux présidents de pays comme le Nigéria, l’Afrique du Sud et même d’autres républiques pétrolières et plus influentes du continent. L’attitude des dirigeants africains lors des crises ivoirienne et libyenne est une illustration probante de la situation. En plus, Boni Yayi arrive à un moment où un autre front de « crise » s’est ouvert au sein même de la commission de l’Ua avec l’échec des chefs d’Etat à renouveler le mandat de Jean Ping ou à lui choisir un remplaçant. La commission étant le bras exécutant de l’Ua, cette situation affecte plus ou moins sa vie.  Et œuvrer pour le règlement de cette situation avant le prochain sommet de l’Union, prévue pour Juin au Malawi est l’autre défi que Boni Yayi doit s’atteler à relever. Il lui faudra, concilier les différentes positions, pour que le choix du prochain président de la commission ne laisse pas de séquelle sur sa crédibilité et la vie de l’Union. Enfin, à coté de tout cela, on peut ajouter le facteur temps. Boni Yayi hérite d’une Afrique avec plusieurs crises et son mandat n’est que d’une année. Par ailleurs, le désormais nouveau président de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernements de l’Ua veut gérer un continent dépourvu de toute domination étrangère. Pourtant, tout comme les pays africains, les moyens économiques et militaires de l’Ua sont limités. Et on se demande comment Boni Yayi peut y arriver avec une organisation, qui  ne dispose d’une armée que de nom et obligée de tendre la main pour faire face à ses charges de fonctionnement.

Difficultés à l’interne…

Si les réalités inhérentes au fonctionnement de l’Ua constituent une entrave à l’engament de Boni Yayi, il n’en demeure pas moins pour les affaires au niveau interne au Bénin. Le président de la République devrait suivre de près les nombreuses réformes enclenchées et annoncées. Et s’assurer que l’économie nationale soit reluisante. Aussi devra-t-il gérer les crises et tensions actuelles et celles qui pourraient découler des prochaines reformes. Il est vrai qu’au regard du schéma et du fonctionnement du gouvernement, on peut déduire que Boni Yayi pourrait faire recours au premire ministre Koupaki pour la gestion des affaires internes pendant qu’il se consacre à ses nouvelles fonctions. Mais le hic ici, c’est que Koupaki n’est pas un premier ministre constitutionnel. Cela dit, ses responsabilités sont limitées et Boni Yayi ne peut au regard de la constitution lui déléguer qu’une partie-infime- de ses pouvoirs. Et gérer à la fois un pays en pleine reforme politique, économique et administrative et une Union africaine en quête de repères, les limites de l’engagement du nouveau président en exercice de l’Ua sont patents.

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