Après un long séjour en France, Benoît Illassa, le blogueur le plus emmerdeur du locataire de la Marina a fait un crochet au bercail. Depuis, il a fait un grand périple à travers le pays. Presque en fin de séjour au Bénin, nous l’avons rencontré hier dans son pied- à -terre sis aux encablures de la mairie de Cotonou à Ste Rita. Occasion pour lui de dire les raisons qui fonde de son combat politique.
Il est peu connu du grand public. Pourtant, il est reste un des plus grands pourfendeurs du régime du changement et de son chef le président Boni Yayi. Depuis Paris, il a constamment désavoué le régime du changement à travers son blog. C’est à Ste Rita qu’il nous a reçus. Dans une villa moderne à grande véranda. C’est d’ailleurs là qu’il nous a été présenté par son attaché de presse de circonstance. « Je te présente Mr Benoît Illassa, ce n’est pas un jeune homme comme vous pouvez le voir », me dit-il. Ma surprise est grande, je ne vois pas en lui la hargne et la témérité qui sous tendent ses brulots sur le net. Il paraît plus sage, moins agressif avec des lunettes « d’intello » et un costume noir bien taillé. Ma surprise sera plus grande lors de l’entretien qui eut lieu dans son salon. Un séjour à air conditionné, très sobre qui garde des traces d’une époque révolue: des divans aux dossiers rouges, une table à manger au fond, juste en face d’une grande bibliothèque. Pas d’images sur les murs blanchis. Iconoclastie ? Pas si évident. Hier, on a eu droit à un discours dilué qui marque un grand fossé entre la déclaration phare de son blog : «Refondation à la sauce béninoise : derrière ce bric-à-brac, nous devinons des formes nouvelles de domination, des inégalités accentuées, un concept fumeux, un principe d’humanité qui fait naufrage » et ses pensées d’aujourd’hui. Morceaux choisis : « je ne sais pas ce que s’est que la refondation », ou « il faut laisser Yayi prendre ses marques »lorsqu’il s’agit du bilan de la refondation. Il montre même quelques améliorations dans la gouvernance. « Moi j’ai critiqué Yayi sur des choses qu’il a fait mais qu’il a corrigé à la suite. Il avait 65 conseillers, il a réduit maintenant. S’il est allé dans ce sens c’est qu’il tient compte des conseils ». Il reconnaît avoir été un peu dur contre Yayi parfois et c’est pourquoi il dit que « ses critiques seront plus objectives désormais ». Mais a-t-il été acheté pour parler ainsi ? « Non, rétorque-t-il, je ne suis pas acheté, ni achetable »
De 2005 à ce jour: un combat à risques
Zinsouiste avant la Conférence nationale, qu’est-ce qui pourrait fonder son opposition à Yayi alors qu’il est de son ethnie ? Il explique qu’il faut d’abord dépasser les clivages ethniques lorsqu’il s’agit de la gestion de l’Etat. Il explique comment il a été exclu du forum de discussion des cadres Nago parce qu’il se donnait des airs de critique du gouvernement. Il ajoute que cela a renforcé sa lutte et a déclenché la création de son blog. Il dit aussi avoir soutenu Houngbédji en 2006 et 2011 en restant constant à ses ambitions présidentielles. Mais qu’il n’est pas dans la posture d’un ennemi puisqu’il a été reçu à la Marina plusieurs fois déjà par des collaborateurs de Yayi bien qu’il déplore avoir été assigné par Yayi. Parlant du bilan du Chef de l’Etat, il trouve qu’il n’a pas fait grand-chose. « En dehors du carrefour de Godmey, je ne vois pas d’autres œuvres qui puissent porter son nom », ajoutant qu’il a échoué dans la lutte contre la pauvreté et l’analphabétisme ».
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