La confédération syndicale internationale condamne la confiscation des libertés syndicales

La grève du front syndical des trois ordres des enseignements, telle que traitée par le gouvernement béninois, sort la confédération syndicale internationale(Csi) de son mutisme. Dans une correspondance adressée au président de la République le 23 mars dernier, Michaël Sommer et Sharan Burrow, respectivement président et secrétaire général de la dite confédération, fustigent de la manière la plus absolue, la radiation des grévistes, le bâillonnement de la  liberté d’expression, et l’arrestation des syndicalistes.

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Le mode opératoire du gouvernement face aux débrayages qui secouent depuis plus de deux mois le système éducatif béninois inquiète la confédération syndicale internationale(Csi). En réponse à la saisine à elle adressée par la confédération des syndicats autonomes (Csa-Bénin), la centrale des organisations syndicales indépendantes (Cosi-Bénin) et la confédération générale des travailleurs du Bénin(Cgtb), elle condamne la violation flagrante des libertés syndicales en République du Bénin. Et comme pour s’expliquer, la Csi, dans son message adressé au chef de l’Etat, s’est  référée  à la  chronologie des événements qui caractérisent ces derniers jours la vie des travailleurs grévistes. D’après les informations qui lui sont parvenues en effet, Ganiou Yessoufou  et son épouse, professeurs au Collège d’enseignement Général du quartier Akpakpa de Cotonou, auraient été arrêtés le mardi 20 mars 2012, pour violation de l’interdiction de réunion sur le lieu du travail. Avec la pression des travailleurs, ils auraient été libérés vers 23h de la même journée. Le mercredi 21 mars, 14 enseignants du Collège d’enseignement général «L’entente» de Cotonou, sur injonction de la Directrice, auraient été molestés et arrêtés pour observation de la grève sur le tas. Ils auraient été libérés trois heures après, à cause des protestations des élèves et des syndicats. Dans la suite de sa lettre, la Csi déplore l’arrestation de deux responsables syndicaux, dans la ville d’Abomey pour échanges avec leurs collègues dans le cadre de la poursuite du mouvement de grève. Il s’agirait de Jules Amoussouga et de Cécile Ayadokoun. Tous ces faits, selon les expéditeurs de la lettre se sont produits dans le contexte de l’attitude intransigeante des autorités béninoises vis-à-vis la grève des enseignants. «Pendant que ces travailleurs du secteur public ne faisaient rien que défendre leurs droits légitimes, le gouvernement a réagi avec une répression rarement égalée, sans se soucier du fait que dans le processus, beaucoup de droits fondamentaux sont violés». La confédération syndicale internationale dénonce également les décisions prises par le conseil des ministres en date du mercredi 14 mars dernier. Il s’agit essentiellement de: la radiation systématique de la fonction publique béninoise de tous les enseignants qui “poursuivraient les débrayages”. La suspension de leurs fonctions suivie de la radiation systématique de tous les responsables exerçant des fonctions d’autorité, qui se seraient ainsi “rendus coupables de faute lourde en allant en grève». La radiation des enseignants “auteurs et coupables d’abandon de service”. L’ouverture de centres d’enregistrement dans toutes les casernes et les Brigades Territoriales de gendarmerie pour l’inscription de postulants à la fonction d’enseignant et l’interdiction de toute manifestation ou action de grève sur toute l’étendue du territoire national.

Appel  au respect des textes en la matière

La situation décrite ci-dessus, selon confédération syndicale internationale(Csi), est complètement inacceptable et incompatible avec les droits fondamentaux des travailleurs au Bénin et partout dans le monde. « L’expulsion du secteur public de travailleurs en grève, leur remplacement par d’autres travailleurs (dans ce cas-ci, par des conscrits militaires) ou l’interdiction d’une grève, sont des violations graves des Conventions C87 sur la liberté syndicale et C98 sur la  négociation collective ainsi que de la Constitution béninoise qui reconnait et garantit le droit de grève». Dans sa lettre, la Csi rappelle au président de la République que  le droit de grève est également garanti et protégé par la jurisprudence des organes de contrôle du BIT tels que le Comité d’experts sur l’application des conventions et recommandations (CEACR), le Comité de la liberté syndicale (CLS) et le Comité sur l’application des normes (CAN). «En plus, comme membre de l’OIT, et signataire des Conventions susmentionnées, le Bénin est tenu à préserver et promouvoir les droits et principes qui y sont contenus», a-t-elle précisé.
La confédération internationale demande par ailleurs au gouvernement de mettre fin aux harcèlements, aux intimidations et aux arrestations de grévistes et de syndicalistes, et de faire en sorte que la grève puisse se dérouler dans des circonstances normales et que les travailleurs qui y participent ne soient plus licenciés et remplacés. Autrement, elle menace d’exposer davantage, la situation sur la scène internationale.

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