Macky Sall : faire du Wade sans Wade

Fabuleux destin que celui de Macky Sall, le nouveau président élu du Sénégal. A  cinquante ans, l’homme a déjà gravi toutes les marches d’honneur et de responsabilité. Il était encore étudiant quand il entra au Parti démocrate sénégalais (PDS). Il était alors sous le charme du leader de ce parti, Me Abdoulaye Wade. Quand il en ressortit, contraint et forcé, quelques années plus tard,  il a déjà fait le tour des plus hautes fonctions politiques : maire, ministre, Premier ministre, député, Président de l’Assemblée nationale.

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Macky Sall a un berceau, le PDS. Macky Sall a un tremplin politique, le PDS. Macky Sall a un mentor politique, Abdoulaye Wade, le fondateur du PDS. Peut-être que s’il n’y avait pas eu cette brouille entre le père et le fils, il y a trois ans, brouille à la suite de laquelle le fils a abandonné son marigot naturel, Macky Sall ne se serait pas trouvé du côté où l’histoire vient de le placer.

Comme on le voit, l’homme qui entre au Palais de la République du Sénégal, au terme de l’élection présidentielle du 25 mars, est lié au PDS génétiquement et politiquement. Il a été nourri au biberon de ce parti. Il a fait ses classes dans ce parti. Il en arborait les signes et les insignes, en portait haut levé l’étendard. Comment pouvons-nous entrevoir  la direction d’action de ce «wadiste» pur sang qu’est Macky Sall à la tête d’un Sénégal sans Wade ? Il y a six déterminants  qui pèseront lourd dans ce qui sera la politique du quatrième Président du Sénégal indépendant.
Premier déterminant : le parcours de Macky Sall. Les différentes responsabilités qu’il a eu à assumer l’ont plus ou moins bien préparé à l’emploi. Ce n’est pas un Président improvisé que la bonne fortune a conduit, par hasard, vers les allées du pouvoir suprême. L’intrus, si intrus il y avait, n’aurait pas à chercher trop longtemps avant de trouver les sentiers qui conduisent à la maison.
Deuxième déterminant : l’horizon politique et idéologique de Macky Sall. Celui-ci ne devrait pas fondamentalement changer. C’est un libéral, nourrit au lait du libéralisme qui succède, à la tête de l’Etat, à un autre libéral. C’est vrai : les catégorisations idéologiques, en Afrique, sont plus de façade que de contenu.  Macky Sall continuera, sans doute, de se réclamer du libéralisme dans ses discours. Mais c’est sur sa gouvernance, dont on attend qu’elle soit bonne, qu’il sera apprécié et jugé. Il doit se créditer d’une gestion exemplaire, avec, à la clé, des résultats probants et convaincants. Les Sénégalais n’attendent pas de lui autre chose. 
Troisième déterminant : le réseau des amis et des anciens collaborateurs de Macky Sall. Ils sont au PDS. C’est là où se  trouve le vivier qu’il connaît le mieux. Mais le PDS va se décomposer vite, suite à la défaite de Wade qui en a été l’incarnation et l’inspirateur.  Macky Sall doit savoir séparer le bon grain de l’ivraie. Tout ce qui brille n’est pas or.
Quatrième déterminant : la question institutionnelle. Les Sénégalais  veulent en finir avec une constitution qu’on ne cesse de tripatouiller  à des fins politiciennes. Ils rêvent de verrous en acier trempé pour garantir l’avenir.  De même que les Sénégalais ne veulent plus d’élections trafiquées dont les résultats sont déterminés par des considérations extrapolitiques. Les Sénégalais attendent et entendent que Macky Sall engage le Sénégal, de manière irréversible, sur la voie  de l’Etat de droit.
Cinquième déterminant : la question de la demande sociale. Les Sénégalais ne veulent plus vivre dans un pays où la pauvreté entretenue et qui touche le plus grand nombre sert de soupape de sécurité et de survie à un système dans lequel injustice et corruption font bon ménage.
Sixième et dernier déterminant : la question de la jeunesse. C’est la majorité démographique et sociologique du pays. Il en détermine, pour une bonne part, le présent et l’avenir. Ses aspirations sont fortes. Ses exigences ne le sont pas moins. Il ne s’agit pas d’un cheptel à conduire. Il s’agit des hommes et des femmes à construire. Ici, le prioritaire et l’urgent vont de pair. Au moindre dérapage, le volcan peut se réveiller. Et il éructera, une fois de plus, son ras-le bol : «Y-en- a marre»!

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