Non rémunération du Chef de l’Etat : la vérité reste à dire

Comme un cheveu dans la soupe, la polémique sur le salaire du président Boni Yayi s’est invitée dans la crise qui secoue le secteur de l‘éducation. Lundi dernier, alors que le Chef de l’Etat recevait les acteurs de l’éducation nationale à la Marina, le ministre des finances, dans une longue digression, a démenti  l’information selon laquelle Yayi reçoit un salaire de 17 millions. Elle est allée plus loin pour montrer que le Chef de l’Etat n’a rien perçu depuis 2006 et ne bénéficie d’aucuns avantages liés à ce poste.

Salaire, primes, indemnités compensatoire de loyer, d’électricité, d’eau et de téléphone, véhicules de fonction, prise en charge médicale…

Yayi n’en veut pas et n’en a jamais bénéficié depuis 2006. C’est du moins ce que l’on retient de la déclaration du ministre de l’économie et des finances Adidjatou Mathys devant les acteurs de l’école béninoise convoqués par le Chef de l’Etat pour la gestion de cette crise. Curieuse déclaration émanant de ce ministre qui au lendemain de cet exposé magistral était apparue aphone sur le même sujet lorsque son contradicteur, le syndicaliste Paulin Gbénou agitait cette information pour montrer la pertinence des revendications des enseignants. La réaction du ministre des finances apparaît donc comme une réplique à plusieurs déclarations des syndicalistes sur le salaire de Yayi. Des comparaissons ont été même faites entre ce salaire prétendument fixé à 17 millions et celui de plusieurs chefs d’Etats de la sous-région et même de l’Europe pour stigmatiser le montant exorbitant de ce montant. Dans sa parution du lundi  05 mars, Nouvelle Tribune a fini par interpeller le gouvernement sur la nécessité de clarifier ce montant. Et enfin, cette clarification est arrivée une semaine après. Et que constatons-nous ? Depuis Avril 2006, c’est un messie qui est à la Marina, un sauveur du peuple qui ne veut rien du pays et est prêt à « verser son sang » pour ce pays comme lui-même l’a dit. Cette déclaration vient confirmer ce qui avait été déjà dit en début du quinquennat en 2006, que le Chef de l’Etat avait renoncé à son salaire.

Fonds de sécurité

Les spécialistes de sciences occultes ou de thaumaturgie devront mieux s’intéresser à la Marina. A bien comprendre cette déclaration, il doit y avoir dans ce palais des machines à sous qui crachent des billets de banque à tout vent ou des boules magiques qui émettent de l’argent. Voilà un président qui ne prend ni salaire, ni primes, ni indemnités, voyage et se soigne à ses frais mais qui vit dans un confort impressionnant comme tous les autres chefs de l’Etat qui eux, perçoivent des salaires exorbitants et toutes les primes et indemnités.  Cette question mérite d’être posée surtout que le même ministre affirme que le Chef de l’Etat ne reçoit rien de ses activités antérieures, ni de la Boad où il est resté comme Président, ni à la Bceao où il a travaillé pendant des années. Alors de quoi vit le Chef de l’Etat ? Des seuls fonds secrets ou des fonds de sécurité dont a parlé le ministre ? Les fonds de sécurité ne sont-ils pas un générique qui cache beaucoup de choses ? On connait ce que peut coûter le train de vie d’un Chef de l’Etat comme lui, qui voyage beaucoup et qui amasse briques et bétons. En plus de six ans, on a vu notre Chef de l’Etat bâtir un peu partout. A Tchaourou, à Parakou, à Cotonou…On l’a vu recevoir des associations et des têtes couronnées à la Marina. On l’a vu aider ça et là. Pour rien ?

Violation de la constitution

La générosité exagérée de Boni Yayi vantée lundi à la Marina a aussitôt la réaction de certaines personnalités sur place. En premier lieu le médiateur de la république qui a fini par demander au Chef de l’Etat de prendre ses émoluments pour en créant une fondation. Mais la réaction la plus applaudie est cella de Gaston Azoua.  « Mr le Chef de l’Etat, vous ne vivez pas de requêtes », ironise-t-il. Mieux, il va plus loin et affirme que le fait que le président de la république ne perçoive pas son salaire n’est pas « une prouesse mais une preuve de mauvaise gestion ». En effet, si on s’en tient à l’article 48 alinéa 2 de la constitution, « la loi fixe la liste civile du Président de la république et détermine la pension à allouer aux anciens Présidents de la république ». Au regard de cela, le ministre des finances n’a pas raison de dire qu’elle n’a aucune connaissance de ses émoluments. Alors pourquoi depuis 2006, rien n’a été fait pour rendre officielle la rémunération  du Chef de l’Etat ? Si cela n’a pas été fait, cela ressemble bien à une volonté de gérer dans l’opacité. A l’article 51 de la même constitution, il est dit que « les fonctions de Président de la république sont incompatibles avec l’exercice de tout autre mandat électif, de tout emploi public, civil ou militaire et de toute autre activité professionnelle ». Alors une question, où le Chef  de l’Etat trouve de l’argent pour vivre ? Il y a là un mystère qui amène à croire qu’il y a anguille sous roche et que toute la vérité n’est pas encore dite sur ce sujet. Au regard de cela, tout le monde devrait chercher à être président dans un tel pays où on peut refuser de pendre le salaire et vivre aussi confortablement. 

Laisser un commentaire