Vladimir Poutine de retour au Kremlin : à la soviétique, net et sans bavure… avec les félicitations du jury !

Place au Tsar Poutine III, « le bien élu ». Vladimir Poutine est de retour. Si tant est-il qu’il ait jamais quitté le système. Un retour au Kremlin qui interroge. Une élection problématique. Des félicitations contrastées. Et des perspectives internationales qui ne changent pas. C’est ce que nous donne à lire la présidentielle russe du 4 mars 2012, depuis que l’intention de l’homme fort de Moscou de revenir au Kremlin a été annoncée jusqu’à cet accomplissement sans suspense.

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En choisissant de revenir au Kremlin, Vladimir Poutine s’est laissé dompter par ses rêves de grandeur. Après avoir été la résidence officielle des Tsars, puis des dirigeants de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS), le Kremlin est aujourd’hui le centre politique de la Fédération de Russie, car étant la résidence officielle et le lieu de travail du Chef de l’Etat. Cet endroit a donc toujours représenté dans l’inconscient collectif russe le cœur de tout le pouvoir. En dépit du fait que depuis quatre ans, Vladimir Poutine est un Premier ministre aux pouvoirs élargis bien au-delà de ceux de ses prédécesseurs, l’homme ne pouvait naturellement pas se satisfaire d’exercer ses fonctions hors de ce centre névralgique qui donne à chacune des décisions prises et mises en œuvre une prestance et une légitimité presque surnaturelles. Par ailleurs, l’occupant du Kremlin, quel que puissent être réduits ses pouvoirs réels, se trouve être la première personnalité de l’Etat, celui qui incarne la politique étrangère de la Russie. Il est évident que cette haute prérogative qui fait de son détenteur le garant de la grandeur de la fédération ne pouvait rester plus longtemps entre les mains d’autrui, fut-il le serviable allié Dmitri Medvedev. Poutine se devait de revenir dans ses apparats de maître absolu de « toutes les Russies »… Et il y est revenu. Et de quelle manière !

La manière, voilà bien le principal point d’achoppement entre les quelques opposants russes et le parti présidentiel « Russie unie » qui a porté la candidature du Président Poutine. Cette classe politique contestataire, jadis ultra-minoritaire, a grandi. Beaucoup grandi. Mais certainement pas encore suffisamment pour prétendre empêcher, même dans un affrontement loyal, la victoire de Vladimir Poutine et de son parti quel que soit le type d’élection. D’abord, pour prétendre à un rôle politique éminent en Russie, se faire élire président de la fédération par exemple, il faut bien être connu. Dans un pays qui est le plus vaste du monde et qui s’étend sur neuf fuseaux horaires, ce n’est une mince affaire, même pour des milliardaires comme Mikhaïl Prokhorov ou des politiciens rompus comme le communiste Guénady Zouganov. La publicité de soi, c’est une question de moyens. Et les moyens, les moyens de l’Etat, c’est ce dont manque le moins Vladimir Poutine pour faire sa propagande. En huit années passées au Kremlin ajoutées aux quatre qu’il achève à la Primature, l’ancien nouveau Président de Russie n’a eu de cesse d’en faire usage. Se présentant comme le véritable défenseur de la grandeur perdue et restaurée par ses soins, de la nation. Dans ces circonstances, et connaissant le conservatisme affirmé d’une large majorité de Russes, il était évident que Vladimir Poutine ne pouvait que remporter la présidentielle du 4 mars dernier. Les fraudes massives relevées par les observateurs étrangers, dénoncées par les leaders de l’opposition et qui ont conforté l’ampleur de la victoire, ressemblent pour ainsi dire à un rituel de passage presque inévitable en période électorale dans la Russie, héritière des pratiques staliniennes de l’Union soviétique. Il ne faudrait tout de même pas oublier que Vladimir Poutine est un ancien membre du KGB dont il dirigeait encore l’institution héritière (le FSB) quand le Président Boris Eltsine a mis le grappin sur lui pour lui succéder au sommet de la fédération russe.

Réélu Président, Vladimir Poutine est diversement congratulé par ses pairs des pays amis et partenaires. Syrie, Iran, Venezuela, Cuba, Chine, Biélorussie… les alliés traditionnels ne se font pas prier. Le soutien de la Russie au Conseil de sécurité des Nations unies est parfois d’une grande utilité pour certains parmi eux. Les autres partenaires internationaux de la Russie, Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni, France, Allemagne trainent un peu plus les pas. Prenant acte de la victoire (inévitable) de Vladimir Poutine ou le félicitant tout de même aussi chaleureusement que les réserves qu’ils ont eues sur le scrutin les leur permettent. On peut l’aimer ou ne pas l’aimer, le Président de la grande fédération de Russie est un de ces Chefs d’Etat dont la realpolitik ne permet pas que l’on se passe si l’on a un point de vue à faire valoir au sein de la communauté internationale. D’ailleurs le cas syrien est bien là pour expliquer l’empressement de certains à oublier ou ne pas tenir compte des soupçons de fraude relevés par les observateurs qu’ils ont par eux-mêmes délégués en Russie. Mais devraient-ils seulement se faire des illusions ? Du Kremlin à la Primature, Poutine n’a pas changé. Pourquoi le ferait-il une fois de retour à « la forteresse » ?

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