Actualité nationale : les présidents d’institutions se prononcent

Les présidents des institutions de la république se sont réunis jeudi dernier au siège de la haute cour de justice. Ils ont discuté des sujets d’actualité dont le coton et la révision de la construction. Voici les déclarations des présidents de la haute cour de justice Théodore Holo et de la cour constitutionnelle Robert Dossou.

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Impressions du président Robert Dossou sur la révision de la Constitution

« …La question de la révision d’une Constitution n’est pas forcément dans son âge. C’est dans les exigences de l’expérience pratique  qui a été faite jusque là. Vous vous souvenez qu’il y a eu des moments, je crois en  2001, où des candidats devant aller au deuxième tour se sont désistés successivement et vous savez qu’au moment où nous avons lancé la Constitution en 1990, il n’y avait pas de Cena et surtout, vous savez que nous sommes tenus à une obligation d’ordre international. L’Uemoa exige la création de la Cour des comptes. Tant qu’on n’a pas révisé la Constitution, on ne peut pas honorer nos obligations vis-à-vis de notre espace  d’intégration qu’est l’Uemoa. Et j’en profite pour dire que je suis peiné. On a appelé le Bénin quartier latin de l’Afrique. J’ai bu à la science. J’ai appris le Grec et le Latin ici même à Porto-Novo, dans cette Capitale et nous bûchions au viaduc là-bas. A l’allée des gouverneurs tous les dimanches, on bûchait fort pour être au top niveau  (…) Aujourd’hui, ce que j’écoute m’énerve. Les gens racontent n’importe quelle saleté sur le droit constitutionnel. Quand on est ignorant dans une matière, on se tait. Quand on veut intervenir, quel qu’en soit le motif, sur un sujet, on s’informe. Nous avons connu ici, des journalistes qui n’ont pas fait de grandes écoles, mais qui avaient une plume excellente et qui menaient des enquêtes. Quand une question médicale se posait, ils se rapprochaient d’un médecin. Ils s’informaient avant d’écrire ou avant de parler. Aujourd’hui, on raconte n’importe quoi sur la révision constitutionnelle qui n’est qu’une banalité dès lors que cette révision se fait conformément aux mécanismes prévus par la Constitution. Vous m’avez donné l’occasion d’extérioriser quelque chose qui me bouffait les entrailles… »

Interview avec Théodore Holo au sortir du conclave des présidents d’institution

Monsieur le président Théodore Holo. Il y a une conférence des présidents des institutions de la République dans les murs de votre institution ce matin. De quoi est ce que vous avez parlé ?
Vous savez que c’est une tradition que les présidents d’institutions de la République se voient régulièrement pour réfléchir sur les problèmes de la Nation, voir les difficultés que rencontrent leurs institutions pour assurer les missions qui leur sont dévolues par la Constitution, et la réunion de ce jour n’a pas échappé à ce schéma. Nous nous sommes préoccupés des questions d’actualité aussi bien sur le plan national qu’international et vérifier dans quelle mesure nous pourrions améliorer les prestations que nous fournissons dans l’intérêt de la République. Vous savez qu’il y a plusieurs questions qui sont des questions d’actualité. Il y a réflexion aujourd’hui sur les chefferies traditionnelles ; il y a le découpage territorial ; il y a la révision de la Constitution ; la question même du Pvi ; de la production cotonnière. Et nous sommes des citoyens. Il y a parmi nous des députés qui sont à l’écoute de leurs populations et qui remontent à notre niveau les préoccupations qu’ils observent. Tout ceci fait  l’objet de réflexion pour que nous soyons au même niveau d’information et que nous puissions voir ce que, dans le champ de nos compétences, nous pouvons faire pour préserver la paix sociale parce que c’est ça qui est fondamental dans notre pays et garantir également la stabilité des institutions politiques. C’est ça qui fait la force du Bénin. C’est la concertation ; c’est le dialogue et c’est  ça qui nous permet d’anticiper par rapport à certaines difficultés qu’on rencontre dans d’autres pays. D’où l’intérêt de ces échanges que nous avons régulièrement  sur les questions d’intérêt national. Naturellement, ce qui se passe dans notre sous-région ; la situation au Mali et en Guinée Bissau nous interpelle. Il ne faudrait pas que ces genres de situations se produisent dans notre pays  et pour cela, il faudrait que nous puissions anticiper par une réflexion commune…

Monsieur le président, si vous le permettez, vous avez reçu un hôte qui n’est pas des votre, Monsieur Patrice Talon. Dites-nous de quoi il a été question avec lui ?
Vous savez, si c’était une rencontre secrète, on l’aurait reçu chez nous et on n’aurait pas invité les journalistes à participer à cette séance. Et pour que les décideurs puissent réfléchir sur les problèmes de la Nation, il faudrait bien qu’ils écoutent ceux qui sont en mesure de leur apporter un certain nombre d’informations. D’où l’intérêt que nous avons à rencontrer le président Talon. Vous savez qu’il est dans le système du Pvi et le Pvi fait aujourd’hui objet de discussion. Il nous fallait aller à  la source de l’information pour les réflexions que nous pouvons mener chacun en ce qui le concerne. Il y a parmi nous, des juridictions qui n’ont pas besoin d’intervenir directement dans cette situation. Mais vous avez parmi nous, d’autres structures telles que l’Assemblée nationale et le Conseil économique et social dont la mission est d’avoir ces genres d’informations. Donc pour eux, c’était utile d’avoir cette rencontre pour avoir des précisions…

Alors, vous avez parlé de la révision de la Constitution. Pour ou contre ?
Vous savez, c’est des discussions que nous avons menées à hui clos. Tout ce que nous pouvons dire, c’est que ce sera toujours dans la préservation de la paix sociale.

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Mais jusque là, on n’a pas eu de recommandations
On n’a pas besoin de lire un communiqué, mais vous verrez dans les actions qui seront menées par les institutions qui sont en charge de ces questions si les discussions que nous avons eues ont permis de faire évoluer la situation dans le sens de la préservation de la paix sociale. 

Mais la Haute cour de justice a quand même intérêt à ce  qu’on révise la Constitution
Vous savez, la Haute cour de justice a une mission républicaine et nous l’avons toujours dit ; les dispositions actuelles de la Constitution ne facilitent pas  le travail de notre institution. Même si nous prenons une loi organique, nous ne pouvons pas modifier par la loi organique, les mécanismes de fonctionnement de la Haute cour de justice parce que ces mécanismes sont prévus par la Constitution. Cet élément aussi doit être pris en compte dans la réflexion que nous avons sur la révision de la Constitution. Et vous savez qu’une Constitution n’est jamais à l’abri de la révision parce qu’il y a une disposition qui prévoit les mécanismes de sa révision. Donc, c’est légitime que dans un pays, la Constitution s’adapte à l’évolution des temps. Les aspirations des populations que la Constitution régit, ce n’est pas écrit dans du marbre. Ce n’est pas la Bible non plus, ni la Thora.

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