Après un an de Refondation : des réformes sur fond de crises

Plusieurs réformes initiées, des crises, une méthode de gouvernance à revoir.  C’est en ces termes que l’on peut résumer les douze premiers mois de la refondation qui ont été bouclés le vendredi 06 avril dernier. 06 avril 2011. Boni Yayi prête serment pour son second et dernier mandat présidentiel. Cette présidence, il l’a placée sous le sceau de la refondation, définie comme la restauration des valeurs- républicaines, éthiques, morales, religieuses etc.

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 Dans la pratique, cela se résume à  l’introduction de plusieurs réformes administratives, politiques, économiques et sociales. Dans ce sens, du 06 avril 2011 au 06 avril 2012, plusieurs nouveautés ont été initiées, mais le plus souvent par une méthode qui laisse à désirer. Sur le plan politico administratif, on peut mentionner entre autres, la prise de la loi anti-corruption et autres infractions connexes en république du Bénin, la loi interdisant le droit de grève au personnel militaire, paramilitaire et assimilé. Au niveau économique, il y a les réformes entreprises au port autonome de Cotonou. Il y a le programme de vérification des importations de nouvelle génération (Pvi-ng) et le Guichet unique. Ces réformes visent pour certaines, à améliorer la gouvernance dans le pays et pour d’autres, à accroître les recettes de l’Etat. Mais à côté d’elles, plusieurs crises dues souvent à leur mode d’introduction et à la gouvernance dans l’ensemble, on émaillé l’an un du second quinquennat de Boni Yayi. 

Une gouvernance à repenser

Des crises. Rien que des crises. De la longue grève des agents de l’administration des finances puis de l’administration publique à la grève des enseignants de la maternelle, du primaire, du secondaire général, technique et professionnel en passant par celle des douaniers, des travailleurs des sociétés et offices d’Etat et des magistrats, la tension sociale a été à son comble. Au total, sept séries de grève dans différents secteurs de la vie publique. La moyenne interpelle. Soit un mouvement de grève environ tous les deux mois. Ces grèves ont, pour la plupart, trouvé leur origine dans les erreurs de gouvernance du régime Yayi. Une méthode de gouvernance souvent caractérisée par l’action avant la  réflexion. On se rappelle encore la décision du gouvernement de suspendre les primes et accessoires aux agents des entreprises publiques. Avec le tollé qu’a suscité cette mesure dans les structures concernées, le gouvernement a dû se raviser. Et des scenarii pareils, vus à foison sous le Changement n’ont pas changé avec l’avènement de la refondation. La reculade du gouvernement face au Pvi-ng en est un autre exemple plausible. Et s’il y a une chose que Boni Yayi doit revoir au cours des quatre prochaines années, c’est bien la gouvernance. Il faudra la repenser, la corriger sur tous les plans pour  éviter d’autres « réformes sur fond de crises ».
Léonce Gamaï

Des citoyens se prononcent

Romaine, gérante de restaurant

«Pour moi, le bilan après un an de refondation est positif même si tout n’est pas rose. Il y a eu la réfection des anciennes voies dégradées d’un coté et la construction de nouvelles voies de l’autre. Et s’il continue de la sorte, 5 ans après, en matière d’infrastructures routières, le Bénin ressemblerait aux pays européens. Mais il faut dire qu’actuellement sur le plan économique, rien ne va. Si le président peut faire en sorte que la population gagne assez d’argent après tous les efforts qu’ils fournissent, ce serait bien. Par exemple, moi je suis restauratrice, et chaque fois que je vais au marché pour le ravitaillement de mes produits, je constate une hausse de prix sur les condiments. Le manque d’argent rend la vie très difficile.»

Horace Bokossa, étudiant à l’UAC

«La refondation a créé une psychose générale dans le pays. Psychose en ce sens que les sujets de tensions dans le pays se succèdent. Cela ressemble à toutes les affaires comme Icc-service, Cen-sad, Dangnivo et autres qu’il y a eu lors de son arrivée au pouvoir en 2006. Maintenant comme il n’y a pas encore eu d’affaire, il y a néanmoins des réformes mal entreprises qui entraînent des tensions dans le pays. D’abord c’est la crise avec les douaniers à cause du Pvi, ensuite, c’est le bras de fer entre les enseignants et le gouvernement et enfin ce qui défraie actuellement la chronique est l’histoire de la révision de la constitution. Vous voyez toutes ces choses ont engendré une psychose dans le pays. Et au vue de tout ceci, moi je pense que le bilan après un an de refondation est négatif.»

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Gloria Dansou, étudiante à l’UAC

«Selon moi, la refondation n’a apporté rien de bon au pays. Au contraire, le pays est encore devenu chaud. La vie est devenue très chère. Il n’y a pas d’argent dans le pays. Les mauvaises pratiques ont encore augmenté d’intensité. C’est la chose contre laquelle on lutte qui se produit le plus souvent. Par exemple, on lutte contre la corruption mais elle continue d’exister toujours pour ne pas dire que sa pratique s’est intensifiée. En résumé, la refondation un an après n’a eu aucun effet au Bénin. Résultat, c’est un échec sur toute la ligne.»

Charles, gérant de cafétéria

« Je préfère plutôt parler de dictature que de refondation. Selon moi, on ne saurait parler de refondation, car les choses vont de mal en pis au Bénin. En plus de tout ceci qui n’arrangeait pas, on note encore la gouvernance solitaire mélangée à une envie manifeste de rendre la vie dure aux populations, dont fait montre le président de la République. Si tel n’est pas le cas comment comprendre que les enseignants qui constitue l’un des corps les plus importants au Bénin se sont vus défalquer de l’argent de leur salaire. Ce geste prouve que le président ne se soucie pas du bien être des Béninois.»

Réalisé par Ben-Saïd Adjiboyrihan

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