Coton, le paradoxe Sabaï Katé

Il était le messie tout fait, venu des savanes de Banikoara pour délivrer le coton de ses  vicissitudes. Dès l’annonce du gouvernement le 29 Mai 2011, beaucoup ont applaudi le choix de Sabaï Katé. Ancien maire de Banikoara, le plus grand bassin cotonnier du nord, enfant de producteur et lui-même producteur de coton, spécialiste par surcroît des  questions agricoles…aucun profil ne pouvait pour autant impressionner. «Eurêka ! Yayi a enfin trouvé le bon pion», pouvait-on s’écrier.  Et le «paysan» se met  à l’œuvre. Que d’espoirs suscités, que de peines soulagées.

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 Le petit écran servait de témoin à ses exploits. On le voit sur tous les fronts. Dans les champs de coton en traîn de semer des grains de coton, de sarcler, de conseiller tel ou tel cotonculteur.  Puis en réunion avec ces derniers. Ses nombreux discours motivateurs résonnent encore dans nos oreilles.  On l’entend encore, comme si c’était hier, que son rêve était de ressusciter cette filière, de lui faire redonner son blason terni depuis des lustres en lui redonnant sa place de première source de devise de notre pays. On entend encore son leitmotiv : «je suis ministre de l’agriculture, mon bureau n’est pas à Cotonou mais dans les champs».  Le début faisait rêver. Les plants de coton dans les champs suscitaient chez beaucoup l’amour de retour à la terre. On était à mille lieues d’imaginer que le ministre Katé qui passait tout son temps dans les champs, y oubliait de faire l’essentiel. On était loin de penser que le «paysan» était si doué en show médiatique et que ses exploits et ses reformes fortement médiatisés n’étaient que des chimères. La preuve, le mythe «Katé» ne tombe qu’en un seul jour. Preuve que l’édifice était assez fragile. Un jour en effet, alors qu’il a fini à peine d’être louangé pour la réussite de la campagne coton 2011-2012 avec la proclamation des 300.000 tonnes.  Juste une mauvaise nouvelle : pas d’intrants pour lancer la campagne prochaine. La panique gagne les cotonculteurs, le monde rural est abasourdi.  Quelques jours, une autre information bouleverse les gens. Les 300.000 tonnes annoncées n’ont jamais été atteintes. Et ça, c’est l’Association interprofessionnelle de coton(Aic), la structure la plus représentative des acteurs de la filière qui balance l’information. Depuis, c’est des tirs croisés entre acteurs de la filière. Producteurs, responsables de l’Aic, Dg des Cerpa se déchirent et s’entre déchirent dans un mélodrame assez comique. Le gouvernement veut envoyer une commission d’enquête internationale pour mieux comprendre ce qui se passe dans le secteur. Depuis, tout est sens dessous-dessus. Les mésententes sont affichées à la face du monde. L’homme qui devait sauver le coton en est devenu le principal problème. Le sauveur s’est révélé comme le trublion. Son ardeur s’est refroidie depuis. Chose curieuse, rien ne semble menacer le poste du ministre «fautif». Il ne pourra pas connaître la même fortune comme son ancien collègue Gaston Dossouhoui emporté par une faute similaire.  Le Chef de l‘Etat ne semble pas décidé à le punir. Une complicité bien suspecte si on ajoute sa curieuse ignorance manque d’anticipation sur le problème de pénurie d’intrants. Si ce n’est pas un complot contre le coton pour des intérêts inavoués, cela y ressemble comme deux gouttes d’eau.

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