Dossier Révision de la Constitution : 5 organisations s’unissent pour combattre toute révision opportuniste de la constitution


Discours D'Antoine DETCHENOU

Vous avez ci-dessous publié l’intégralité du discours introductif d’Antoine Détchénou lors de la rencontre des différents fronts anti-révision opportuniste de la constitution, hier au centre Paul VI de Cotonou.

Je ne sais quel index nous a montré le chemin qui mène en ce lieu où nous sommes réunis ce soir: le Centre Paul VI. Je doute que ce lieu de notre rencontre soit un simple effet du hasard. Trois lieux ont été prospectés pour la tenue de cette réunion. Tous ont été retenus et programmés pour d’autres rencontres que la nôtre. Et voilà que nous nous retrouvons, sans y avoir pensé, dans ce Centre, conçu pour les œuvres, dédié au Pape Paul VI, le grand réformateur de l’Eglise postconciliaire, et n’oublions pas que c’est en ce lieu que se sont tenues beaucoup de réunions préparatoires à la Conférence des Forces Vives. J’y vois un signe. J’y lis une bénédiction. Je pressens la promesse d’un succès.

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Mon premier mot, en vous recevant, chers amis et chers invités, est un simple et banal merci. Mais, en vérité, ce simple mot est peut-être un des mots les plus forts qui soient puisque de dire merci, crée des liens, et des liens profonds, puisqu’il lance une passerelle en mettant en route tout un processus de générosité et donne aux relations humaines leur saveur, leur fraîcheur, leur simplicité, source de confiance.

Merci donc à vous tous. Et d’abord à « Sursaut Patriotique ». Je ne sais quel esprit vous a inspiré les deux images par lesquelles vous êtes rentrés dans l’arène, l’image de cet enfant en détresse et en larmes, qui clame son impuissance de voir plus fort que lui arracher son bien, icône de l’innocence qui crie vers Dieu qui l’entend et lui .répond. L’autre image, puissante, forte, est celle du Roi qu’on ne nomme pas, icône de la lutte pour la liberté, pour la sauvegarde du patrimoine national. Peut-être que tout le sens de notre combat transparaît à travers ces images, sens parce que signification, sens parce que direction, orientation. J’en parlerai tout à l’heure.

Merci au Wanep, la vigile au clairon annonciateur du réveil. Ses analyses, ses réflexions nous ont instruits et nous ont sortis d’un sommeil dangereux.

Merci donc pour avoir été le clairon qui a sonné l’alerte. Merci, députés du Front. Qui l’eût dit! Qui l’eût cru! Votre Front tient du prodige. Qu’il se soit trouvé, dans une Assemblée discréditée, des hommes qui subitement, au-delà de tous les clivages, et bravant certainement les menaces se soient levés, au nom de leur conscience, qu’on croyait chloroformée, oui qu’il se soit levé des députés pour penser d’abord le pays avant leurs intérêts partisans, cela tient du prodige. C’est merveilleux! Grâce à vous, nous avons trouvé un répit que nous allons mettre à profit pour mieux nous organiser.

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Nous organiser pour barrer définitivement la route à toute tentative de révision opportuniste de notre Constitution bien sûr, mais nous organiser également si vous le voulez bien pour exiger l’audit et la correction de la Liste Electorale Permanente Informatisée (LEPI) qui a été concoctée l’année dernière uniquement pour fabriquer un K.O inédit au Bénin.

Oui, cette question doit constituer une préoccupation urgente pour nous et les acrobaties d’un pouvoir qui se cache derrière l’Organisation Internationale de la Francophonie pour tenter encore de traîner les pas ne doivent pas nous distraire de l’essentiel. Les élections communales et locales, c’est déjà demain et il est évident qu’organisées avec la supposée LEPI demeurée jusqu’à ce jour introuvable, elles nous mèneront droit cette fois-ci dans le chaos.

Merci à vous tous, hommes de bonne volonté, qui, en répondant à l’appel du Front Citoyen pour la Sauvegarde des Acquis Démocratiques, avez compris que le silence et la peur qui l’engendre sont les ennemis de la démocratie, puisque la démocratie est la parole dite en toute liberté sur l’Agora, expression de la participation citoyenne à la conduite des affaires de la Cité.

Notre rencontre de ce jour veut donc être une rencontre de gens debout, libres, pour lesquels parler et agir ne font qu’un. Nous nous sommes engagés dans une aventure, une grande aventure, une belle aventure, il nous faut la conduire à terme. Et pour cela, il faut dès maintenant prendre conscience des écueils et les éviter.

Notre rassemblement se fonde sur une affirmation,  une grande affirmation, forte, inébranlable. Nous n’avons donné délégation à personne pour penser pour nous, pour décider sans nous, pour refonder notre pays, si refonder signifie rejeter tout l’ancien.

Ne l’oublions pas. On ne refonde pas un pays à coup de décret et en brouillant une constitution. La création échappe à toute décision de quelque pouvoir que ce soit. La loi par laquelle la culture d’un peuple se recrée et se renouvelle est une loi de fidélité, fidélité à des valeurs qui constituent la substance même du Peuple. Non! Un pouvoir corrompu, qui a bouleversé et  anéanti toutes nos valeurs pour y installer des contre-valeurs destructrices de tout le tissu social, ne peut prétendre refonder le pays. Nous devons nous dresser contre cette supercherie dont la réforme constitutionnelle proposée n’est qu’une illustration.

Pour donner sens à notre combat, il faut que nous sachions éviter quelques écueils: cacophonie des idées et des ambitions, il faut lutter contre nos démons favoris que sont l’orgueil, la vanité et la course au leadership. Nous nous sommes réunis pour donc voir comment, ensemble, chacun avec le charisme qui lui est propre, nous pouvons nous organiser pour plus d’efficacité.

J’ai dit plus haut que les deux images de l’enfant et du Roi donnent un sens à notre combat. L’enfant nous apprend que son impuissance est en vérité une force, parce que l’enfant nous enseigne, selon l’adage populaire, qu’on ne lui arrache pas « c’est à moi ». Cela traduit la force de la conviction qui doit être la nôtre. Ce pays est nôtre et personne ne peut en faire ce qu’il veut. La
faiblesse de l’enfant n’est pas en vérité une impuissance, mais une force tranquille qui nous invite à dire du Oui qu’il est Oui et du Non qu’il est Non.

Quant au Roi, il nous enseigne que notre victoire est au bout de notre détermination, de notre combativité et de la force de notre organisation. Oui, il
faut s’organiser pour mener le combat. Qu’importe la forme que revêtira cette
organisation: une fusion de nos diverses structures, une autonomie des groupes avec une coordination, un soutien ponctuel à l’occasion des actions organisées par les uns et les autres, … ? Nous en déciderons ensemble tout à l’heure. L’important, c’est que nous puissions voir dans la même direction, que nous puissions conjuguer nos efforts pour des actions communes et efficaces. Nous éviterons ainsi la cacophonie et notre combat alors sera plus cohérent et donc plus efficace.
C’est à ce prix que nous pouvons vraiment vaincre la fatalité, la vraie, celle de tous nos errements. Nous sommes invités à opérer une révolution tranquille. En serons-nous capables? Le peuple nous observe et nous attend.
Je vous remercie.

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