Revision de la Constitution : Me Djogbénou dit «non!»

Le front des anti- révisionnistes s’agrandit. A la suite du Front de veille citoyen, de l’opposition, de « Sursaut patriotique » et de plusieurs autres organisations, c’est la voix d’un spécialiste qui vient les conforter. Hier au Chant d’Oiseau, arguments à l’appui, Me Joseph Djogbénou a refusé l’opportunité de cette révision et appelle le peuple à la vigilance.
« Pourquoi renoncer maintenant à la révision de la constitution de  la république du Bénin ». 

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Tel est le  thème assez évocateur de la conférence publique donnée hier au Chant d’Oiseau par Me Joseph Djogbénou et initiée par les Ong Dhpd, Centre Africa Obota(Cao), Wanep et  . Accompagné au présidium par Urbain Amègbédji du Centre Africa Obota qui jouait au modérateur, le professeur Djogbénou, a montré au prime abord que les conditions de temps, de méthode et d’esprit nécessaires pour déclencher une révision ne sont pas réunies. Selon lui, il est inopportun de faire cette révision parce que la situation politique dans la sous-région et surtout au Bénin n’y sont pas propices à cause des crises sociales, de la paupérisation, des restrictions de liberté et de l’instabilité des décisions gouvernementales. Quant à la méthode, il déclare que « la méthode actuelle est faite d’exclusion, d’inquisition et d’opacité ». Sur l’esprit de la reforme, il déclare que les reformes annoncées mettent entre parenthèses les libertés individuelles et publiques, constitutionnalise la Cena et la Lépi non constitutionnelle et renforce les déséquilibres institutionnelles. Pour ce qui convient d’appeler avancées, il affirme que beaucoup ont été déjà prises en compte par d’autres lois c’est le cas de l’imprescriptibilité des crimes économiques déjà prise en compte par la loi sur la lutte contre la corruption. C’est aussi le cas de la limitation de la détention préventive prise en compte déjà par le Code de procédure pénale votée récemment par l’Assemblée nationale. Concernant la constitutionnalisation de la Lépi, il affirme que c’est tourner le dos à la science et à l’évolution du monde que de permettre cela car la science évolue et demain d’autres technologies peuvent remplacer l’informatique. Sur l’initiative populaire comme nouvelle possibilité de légiférer, il déclare que c’est une monstruosité puisque la même disposition peut bien être utilisée pour déclencher les marches et les révisions opportunistes.

Le déséquilibre des institutions

Au cours de sa conférence, Me Djogbénou a dénoncé le déséquilibre des institutions avec l’Assemblée nationale qui perd une bonne partie de ses prérogatives au détriment de la Cour constitutionnelle qui a désormais le pouvoir de rendre exécutoire la loi des finances. Idem pour la justice qui perd aussi une bonne partie de ses prérogatives. Autre institution, la Cour des Comptes. Le professeur Djogbénou affirme qu’on n’a as besoin de modifier la constitution avant de rendre la Cour de comptes car l’indépendance financière et décisionnelle ne riment pas avec un simple changement de nom. Et d’ajouter, « où est le texte de l’Uémoa qui exige cela ? », demande-t-il ? Mais est-ce que la révision de la constitution peut déboucher sur une nouvelle république, lui demande-t-on ? Oui, répond-t-il puisqu’une fois que le préambule a été remplacé, l’esprit de la constitution change. « Il faut discuter d’abord mais pas réviser maintenant », a-t-il conseillé à la fin avant d’inviter  les uns et les autres à la prudence.
 

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