Yayi-N’Douro : une rupture qui ne dit pas son nom

Après analyse de l’affectation de Kogui N’douro à la tête d’un autre ministère lors du dernier remaniement ministériel, et au vu de certaines informations glanées sur le terrain, on peut déduire qu’il y a une rupture masquée entre Boni Yayi et Kogui N’Douro, son désormais ex-ministre de la défense.

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Le remaniement ministériel du mardi 10 avril 2012 continue d’animer les débats. Et ce qui intéresse, c’est la prise du ministère de la défense par le Chef de l’Etat et l’affectation de Kogui N’Douro, l’occupant de ce poste  à la tête d’un autre département nouvellement créé et dénommé : «ministère des affaires présidentielles». Lorsqu’on tient compte de l’avis de certains observateurs de la vie politique béninoise et eu égard à ce qui se dit dans certains milieux, on se rend compte que la mutation de Kogui N’Douro est la manifestation des brouilles camouflées dans la relation entre Yayi et N’Douro. En réalité, à la suite du dernier remaniement ministériel, N’Douro a, en réalité, perdu l’imposant département de la défense au détriment de ce qu’on pourrait appeler une coquille vide. Le contenu exact de ce qu’on a désigné par «Affaires présidentielles» est toujours entouré d’un flou artistique. Et avec l’existence du cabinet civil et militaires du chef de l’Etat, le secrétariat général de la présidence et du gouvernement, et les conseillers dont dispose déjà le président de la république dans différents domaines, notamment politiques, économiques et sociales, on se demande si ce ministère dit des affaires présidentielles n’est pas  juste qu’un lot de consolation que le Chef a voulu laisser à son collaborateur avec qui il aurait des liens parentaux au lieu de le sortir du gouvernement. Certains parlent même d’une sinécure. On craint même un conflit d’attribution entre lui et les autres membres de l’appareil  présidentiel. Il est vrai que le concerné garde son titre de ministre d’Etat. Mais « les affaires présidentielles » comparé à « la défense », il aura perdu quelque chose en matière de prestige dans l’appareil étatique et gouvernemental. Son nouveau ministère n’est pas budgétisé, du moins dans l’exercice 2012. Et gérant les « affaires présidentielles », on s’imagine déjà que son bureau sera dans les locaux de la présidence. Certaines langues avancent que cela est la conséquence logique de la tournure qu’ont prise les relations entre les deux personnalités depuis bientôt deux ans.  Pour ces dernières, Kogui N’douro est en réalité en disgrâce auprès du Chef. Il y aurait donc une rupture qui ne dit pas son nom entre lui et le président Boni Yayi.

Les fonds secrets de la défense dans les seules mains de Yayi

On a appris récemment que Boni Yayi est un président bénévole. Il ne percevrait aucun salaire, ni aucun autre avantage financier lié à sa fonction à l’exception de fonds de sécurité. La désormais ex-ministre de l’économie et des finances, Adidjathou Mathys, l’a martelé publiquement. On se demande s’il va continuer ce drôle de bénévolat à la tête de la défense. Non, s’il le faisait vraiment. Ce qu’on ne dit pas, c’est plusieurs millions de Fcfa(les milieux syndicaux parlent d’une cinquantaine de millions par trimestre) sont alloués au ministère de la défense comme fonds secrets de la défense. Et Boni Yayi a beau être un président philanthrope, il en fera usage. Dans le cas contraire c’est la sécurité nationale même qui est banalisée. Surtout qu’il tient à la sécurité sinon, la reprise en main  du ministère de la défense deviendrait sans objet. Et seul il gérera ses fonds ajoutés à ce qu’il perçoit déjà en qualité de président pour la sécurité nationale.

Photo d'Yves Trougnin

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