Le 06 Mai dernier, alors que le destin de la France se joue au cours du second tour d’une élection capitale, la chancellerie de France au Bénin où devaient voter des français vivant au Bénin offre aux Béninois un spectacle bien curieux.
Venus pour filmer le vote des français du Bénin, les cameras des chaînes de télévision sont tombés curieusement sur des « français » atypiques.
Sur les images d’une chaine de télévision de la place, on a pu voir Nicéphore Soglo, marchant religieusement dans les rangs au milieu de toubabs pour aller voter. L’ancien président de la République et personnage politique très connu et respecté, n’a ici bénéficié d’aucun privilège de préséance comme c’est le cas chaque fois qu’il doit voter lors d’une élection au Bénin. Et d’ailleurs, cela ne devrait pas être le cas puisque le citoyen français qu’il est n’a occupé dans la métropole aucun poste de responsabilité. Soglo n’était pas seul dans cette posture de double citoyenneté. Comme lui, beaucoup d’autres personnes ont fait usage de leur nationalité française pour voter. On a pu ainsi voir Joseph Gnonlonfoun, et bien d’autres personnalités comme des anciens ministres, députés et intellectuels connus par ici comme des exemples de réussite sociale. Tous sont « français » ou du moins, ont la nationalité française. Mais le phénomène est beaucoup plus préoccupant. Selon des sources concordantes, c’est la majorité, sinon la totalité des présidents des institutions de la République qui est dans le cas. Tous s’enorgueillissent de leur nationalité française brandie comme une fierté ici et sur la terre des Gaulois. On connaît la virulente réaction du président Zinsou en 2008 qui, fâché, avait menacé de renoncer à sa nationalité béninoise si Yayi confirme la nomination de Karim da Silva, son ennemi éternel, comme Grand chancelier de l’ordre national. Le nonagénaire cacochyme, en repos en France, avait usé du primat de sa nationalité française sur celle du Bénin. Adrien Houngbédji aussi ne fait pas exception à cette mode. Lui aussi « français » passe le clair de son temps dans l’hexagone où il aurait plus d’appartements et de maisons qu’au Bénin. Quid des autres ? Ministres, députés, hommes d’affaires… ils détiennent tous soit la nationalité américaine, française, allemande et pavanent parfois dans des aéroports avec les passeports de ces pays. Dans ce cas, il est difficile d’attendre d’eux un grand exemple de patriotisme et de chauvinisme. En dehors de leurs enfants qui étudient pour la plupart dans ces pays, ils y ont acheté des appartements, y vont pour leurs vacances, leurs check up. Ce manque de nationalisme affiché par ceux qui sont aux affaires dans nos pays peut bien expliquer la déconfiture morale et la légèreté qu’on note dans nos pays sur le plan de la gestion de la chose publique. Au moment des crises aiguës et des conflits armés, ils sont les premiers à sauter dans un avion et abandonner les populations dans la violence qu’ils ont contribuée à causer par leurs actes et leurs discours. Il est donc temps de réinventer une nouvelle citoyenneté basée sur la foi et l’attachement à la patrie. Les autorités devraient donner le bon exemple. Comme en Egypte et dans maints pays, nous devons refuser la candidature des hommes qui ont la double nationalité au poste de grande responsabilité comme président, ministre, député, Dg, maire…Cet exemple de chauvinisme est nécessaire pour la République.
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