Au nom d’un hypothétique dialogue politique, opposants et mouvanciers sont conviés depuis quelques jours à la Marina pour discuter des sujets majeurs de la république.
Mais à voir de près, ces pourparlers n’apportent aucune solution aux problèmes que vivent le peuple. Et donnent l’impression d’un vrai complot ourdi par des politiciens en quête de prébendes.
Les politiciens ont repris depuis quelques jours le chemin du dialogue politique. Un à un, ils vont à la Marina où ils sont invités par le Chef de l’Etat pour échanger sur des sujets brûlants de l’heure. Chacun y va pour discuter avec le Chef de l’Etat des sujets qui l’intéressent. Lépi, révision de la constitution, statut de l’opposition pour Houngbédji, déguerpissement des berges lacunaires, Lépi, actualité internationale pour le président Soglo. Le Chef de l’Etat qui a pris l’initiative de cette rencontre s’est montré préoccupé par les reformes politiques mais aussi celles qu’il a engagées au port. Seulement voilà, ces sujets sont en déphasage avec les préoccupations actuelles du peuple. Depuis des mois, on assiste à une crise sociale et économique qui affecte dangereusement les familles béninoises. A l’heure actuelle, nombreuses sont les familles qui n’arrivent pas à subvenir aux besoins élémentaires vitaux. Dans ces conditions, il est clair que les sujets qui focalisent l’attention des hommes politiques actuellement ne puissent intéresser les populations. Chose plus grave, la façon dont ces dialogues sont menés ne militent pas en faveur de son efficacité. En effet, selon plusieurs témoignages d’acteurs politiques ayant pris part à ces dialogues, c’est le président Boni Yayi qui se taille la part du lion dans les discussions. Ce qui ne permet pas souvent à ces interlocuteurs de dire réellement les aspects de la gouvernance qu’ils souhaitent qu’on améliore. Tout ceci ressemble bien à un folklore de mauvais goût dont le peuple n’en a cure.
La compromission suicidaire
A analyser de près, le dialogue politique qui se mène actuellement est un vrai complot contre le peuple. Il donne l’impression d’un « gentleman agreement » de politiciens pour trahir les aspirations du peuple. Dans cette conspiration de politiciens contre le peuple, Yayi joue le rôle d’acteur principal. Normalement dans une république démocratique digne du nom, il y a une majorité présidentielle qui gouverne et qui assume ses choix et ses options et une minorité qui joue le rôle de l’opposition. Celle-ci propose une alternative crédible, critique et relève les erreurs du pouvoir. Elle assume ce choix jusqu’à la prochaine élection. Jamais les deux ne cherchent à s’entendre, à flirter pour finir par se mettre ensemble. Cette confusion est un grand piège que Boni Yayi tend à la classe politique. Elle viserait à impliquer toutes les forces politiques dans la gestion des affaires publiques. Sentant le pays au bord du gouffre, Yayi voulait ainsi se mettre à l’abri des critiques virulents et des accusations du peuple en associant tout le monde. Ainsi, il pourra se cacher derrière cela pour dire: «nous sommes tous responsables. Il est bien curieux le volte face de Yayi qui, avant les élections de 2011 s’était montré reticent à tout dialogue politique. Le Chef de l’Etat a l’art d’embrouiller les cartes. Vigilance donc!
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