(Les priorités selon la Coalition Arv en dix points) Les membres de la Coalition Arv, avec à leurs côtés des journalistes, se sont retrouvés en ateliers de réflexion le vendredi 11 mai 2012 à la Maison des médias Thomas Mègnassan de Cotonou. Au menu, l’examen des problèmes que rencontre la lutte contre le Vih/Sida au Bénin. A la fin de la journée, ils sont parvenus à la rédaction d’un mémorandum et d’une déclaration sur les obstacles à l’efficacité de la réponse nationale à l’épidémie. Ci-dessous, la déclaration finale.
Déclaration de la Coalition Arv Sur l’efficacité de la riposte au Vih/Sida au Bénin
La lutte contre le Vih/Sida au Bénin a besoin du leadership effectif du Chef de l’Etat
Réunis ce jour 11 mai 2012 à Cotonou, nous, membres de la «Coalition ARV» avons procédé à l’analyse minutieuse du contexte national de la lutte contre le VIH/sida au Bénin.
Nous saluons les efforts de tous les acteurs, qu’ils soient institutionnels, communautaires ou partenaires techniques et financiers du Bénin, engagés dans la lutte contre l’épidémie, qui permettent de contenir la prévalence du VIH/sida autour de 2% dans notre pays depuis dix ans.
Malgré les avancées indéniables de la réponse nationale au VIH/sida, une analyse sereine et objective de la situation montre qu’il existe d’énormes obstacles structurels qui entravent l’efficacité de la riposte.
De l’analyse faite par les membres de la Coalition, il ressort cinq (05) grandes problématiques qui sont les défis auxquels est confrontée la réponse nationale au VIH/sida. Il s’agit de :
1. La mauvaise orientation des ressources vers les groupes spécifiques,
2. Les contre-performances du Comité national de lutte contre le sida, CNLS,
3. La mauvaise qualité de la prise en charge globale des PVV, notamment en matière de disponibilité des ARV et réactifs, de suivi biologique, de prise en charge des Infections Opportunistes, d’appui nutritionnel, de prise en charge de la co-infection, etc.)
4. Les problèmes de financement (en termes de capacité de consommation, d’allocation sur ressources intérieures, etc.), et
5. La faible implication du Chef de l’Etat dans la lutte contre le VIH/sida.
En effet, depuis 2006, des difficultés et obstacles en lien avec ces problématiques sont signalés par les divers rapports sur la situation nationale de lutte contre le VIH/sida sans que des solutions conséquentes et durables n’y soient trouvées.
Par conséquent, la «Coalition ARV» demande une action diligente de tous les responsables des instances de lutte contre le VIH/sida au Bénin, et principalement du Chef de l’Etat en tant que président du Comité National de Lutte Contre le Sida, CNLS, sur les points suivants:
I. Impliquer les groupes cibles, comme les travailleuses de sexe, TS, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, HSH, et les consommateurs de drogues injectables, CDI, dans l’élaboration et la mise en œuvre de programmes spécifiques ;
II. Orienter des ressources conséquentes pour intensifier les actions en direction des groupes spécifiques comme les TS, CDI, HSH et le milieu carcéral
III. La coalition ARV constate que le plan stratégique 2012-2016 propose en son axe stratégique 7 (gouvernance, plaidoyer et mobilisation des ressources), un certain nombre de mesures pour régler les difficultés et contre-performances du CNLS, de son secrétariat permanent et de ses démembrements. Cependant, la coalition fait le constat que par le passé les PSN élaborés avaient prévu des mesures allant dans le même sens, mais qui n’ont jamais connu une application effective. Face à cet état de choses, la coalition souhaite que les mesures proposées dans le nouveau PSN soient diligemment mises en œuvre.
IV. Mettre en œuvre diligemment les mesures de la feuille de route pour l’approvisionnement des médicaments adoptées en octobre 2009 par le Ministère de la Santé qui portent sur :
a. L’obtention d’une dérogation aux procédures de passation des marchés publics ;
b. La création d’un panier commun des médicaments à la CAME ;
c. La réalisation des études sur la disponibilité, l’accessibilité et l’utilisation rationnelle des médicaments.
V. Améliorer la qualité du suivi biologique des PVV.
VI. Assurer la prise en charge nutritionnelle des PVV.
VII. Assurer la prise en charge de la co-infection VIH-VHB-VHC
VIII. Revoir les procédures à l’origine de la faible consommation des crédits et mettre en place des ressources financières conséquentes sur le budget national pour le financement de la lutte contre le sida
IX. Elaborer et mettre en place une stratégie de mobilisation de financements internes innovants (taxes sur la télécommunication, sur les boissons alcoolisées, tabac, transport aérien, etc.)
X. La présidence effective des sessions du CNLS par le chef de l’Etat
La Coalition ARV est convaincue que la résolution des problèmes majeurs qui handicapent l’efficacité de la réponse nationale passe par une plus grande implication et l’intérêt du Chef de l’Etat pour la lutte contre le sida au Bénin. Son leadership en tant que président du CNLS renforcera l’autorité de celui-ci pour une coordination plus efficace de la riposte et de tous les acteurs impliqués dans la réponse au VIH/sida au Bénin.
Pour endiguer l’épidémie du VIH/sida et préserver la santé du peuple béninois pour l’orienter vers le développement, c’est maintenant qu’il faut agir.
La Coalition ARV demande au chef de l’Etat de conduire le mouvement.
Fait à Cotonou, le 11 mai 2012
La Coalition ARV
Laisser un commentaire