La légende du feu au ministère

Le feu aime particulièrement et curieusement les ministères béninois. Le feu par ici, le feu par là. Le fait a toujours pris, à nos yeux, l’allure d’un épiphénomène avant de devenir au fil des mois et des années une préoccupation sérieuse.  Il vient de façon spontanée, cible et dévore tout dans le bureau d’un ministère ou d’un cadre du ministère avant que des vigiles, des témoins ou même les occupants puissent avoir le temps de sauver les meubles.

Publicité

Ce feu que je trouve bien curieux aime si bien les documents et les dossiers qu’il ne leur laisse aucune chance chaque fois qu’il fait son saga dans les ministères où il est passé. Tout récemment, il était au ministère de la justice puis il y a quelques jours au ministère de la micro finance.  Bien avant ça, on l’a vu au ministère des affaires étrangères (ancien bâtiment) plusieurs fois et dans maints autres ministères. Mais le berceau de ce phénomène c’est bien le ministère  développement rural, actuellement ministère de l’agriculture, de l’élévage et de la pêche. On se rappelle qu’en 2001, quelques jours après son remplacement par un autre ministre, son bureau avait pris feu. Tout y est consumé. Beaucoup de béninois avaient trouvé ce feu un peu suspect en raison des soupçons de prévarication et de magouille qui planaient sur lui par rapport à la gestion de la filière coton.  Quelques enquêtes superficielles et plus rien. Cet incendie est tombé, comme d’habitude par ici, dans le rang des dossiers classés qui n’intéressent personne et sur lequel personne ne veut rien dire. Le court circuit était l’alibi bien trouvé. Les images de la télévision nationale ont pu nous montrer, dans le temps, des circuits électriques mal faits avec des fils montés dans un désordre inexplicable. Depuis des incendies aussi mystérieux les uns que les autres se sont multipliés dans les ministères. Jamais aucune enquête sérieuse n’a été faite. Le court circuit et la défectuosité des circuits électriques ont toujours été pris comme la seule et la plus triviale des raisons. Mais dans le secret des habitations, bon nombre de béninois  laissent entendre que c’est le nouveau manège qu’utilisent les hauts cadres de l’administration pour gommer les traces de leurs mauvaises gestions. Car, comme tous ces béninois surpris par la fréquence et le caractère mystérieux de ces incendies, je me demande pourquoi il n’y a pas autant d’incendie dans nos maisons dont les installations ne sont pas pour autant aussi sophistiqués et aussi modernes que celles de nos administrations publiques. A l’heure où Boni Yayi parle de lutte contre la corruption, rien n’est fait pour arrêter ces incendies. Des années après sa mort, l’idée génialement cynique de Jérôme Sacca Kina continue de faire recette. Et la république compte ses pyromanes. Au nom de l’ambition de disparaître les traces de son forfait. Vivement plus d’enquête sur ces incendies.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité