Tout nous porte à croire que nous sommes fâchés avec la durée. Nos élaborations ne durent que ce que durent les roses. A peine ont-elles vu le jour qu’elles titubent et s’abîment dans les ténèbres du néant. Cela nous installe dans un perpétuel recommencement. Dans cette migration sans fin, nous n’apprenons pas grand-chose. Des petits bouts d’expériences qui se juxtaposent, sans liens les uns avec les autres, cela ne construit rien. Cela sanctionne plutôt un grand échec.
ll y a quelques mois, une partie de la classe politique de notre pays pensait sincèrement avoir découvert une autre manière de faire la politique, avec le rêve de clore à jamais le chapitre de nos errances passées. Dans un contexte fortement marqué par l’émiettement des forces politiques, le regroupement de celles-ci étant l’exception, l’Union fait la Nation (UN), avec toutes ses composantes, apparaissait comme l’étoile du berger dans le ciel maussade de notre pays. Les parrains-géniteurs de ce nouveau pôle politique s’étaient inscrits, du moins théoriquement, dans la durée. Ils avaient planifié le siège en règle du Palais de la Marina pour au moins vingt-cinq ans.
Mais ils n’avaient pas compté avec ce petit vice originel tapi au cœur de tout ce que nous entreprenons, tel le ver dans le fruit. Ont fait surface les contradictions jusque là transcendées, les frustrations étouffées, les colères différées, les récriminations ravalées. Une fois de plus, les démons de la division ont triomphé. La montagne n’a même pas accouché d’une souris. Tant pis pour les chats qui n’auront rien à se mettre sous la dent.
Changeons de registre. Le Bénin, à l’initiative de l’un de ses opérateurs économiques, a vu sortir de terre ce que nous pouvons tenir pour le chaînon manquant de notre football : une structure professionnelle de formation aux normes de ce qui se fait de bien en la matière. Le Centre de formation Adjavon Sébastien (CEFAS) était ainsi appelé à opérer une rupture heureuse, parachevant le rêve de nombre de nos jeunes compatriotes qui ne se voyaient plus que dans la peau d’un Samuel E’too ou d’un Didier Drogba.
Mais, c’était compter sans la crise qui continue de secouer les instances dirigeantes de notre football. Cette confusion extrême autour du sport-roi enregistra des dégâts collatéraux, dont la mort du CEFAS, au grand regret de la majorité des Béninois. Ainsi s’effaça le CEFAS, après qu’il eut entretenu chez nombre d’entre nous l’espoir que nous allions enfin gagner la bataille de la durée. Encore une fois, les flammes négationnistes ont eu raison d’une grande et belle entreprise. Depuis, ils sont nombreux à n’avoir plus que leurs yeux pour pleurer.
Il y a quelques mois, le Bénin se lança dans une grande réforme avec pour élément axial, le port de Cotonou, le poumon économique du pays. Il fallait sécuriser les ressources que génère cette infrastructure. Il fallait réduire, à défaut de l’effacer, les marges conquises par la fraude et la corruption. Il fallait assurer à l’Etat des moyens consistants et croissants qui l’aide à faire éclore l’ambition d’accompagner la construction d’un Bénin moderne et prospère.
La rampe de lancement préposée à mettre sur orbite une telle ambition a nom « Programme de Vérification des Importations- Nouvelle Génération » (PVI-NG). Le vocabulaire des Béninois allait s’enrichir de mots techniques nouveaux comme « Scanning », « Tracking ». Ce fut, à n’en point douter, l’une des réformes profondes que nous engagions. Assortie qu’elle était de promesses de retombées concrètes et bénéfiques à tous, cette réforme avait des chances de susciter l’adhésion d’une majorité de Béninois, au premier rang desquels, les différents acteurs concernés.
Pourquoi donc, dans l’opérationnalisation de ce nouveau système, avons-nous tenu à distance ceux-ci ? Les uns et les autres, nous semble-t-il, ont leur mot à dire, dans un dialogue inclusif et constructif. Il s’agit des douaniers, des opérateurs économiques, des transitaires, des déclarants en douane, des organisations de la société civile. Ce fut à tort qu’ils furent laissés en rade et mis devant le fait accompli.
Aujourd’hui, le PVI-NG bat de l’aile. Il se débat dans des difficultés. Il n’atteindra pas les objectifs qu’on lui a assignés, à moins d’être totalement réaménagé. L’espoir suscité autour s’est envolé. Voilà une réforme qui arrive en fanfare et qui, à peine déroulée, est déjà aux abonnés absents. Avouons que cela nous ressemble. Et c’est bien dommage.
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