Plus de 300 réfugiés togolais du camp d’Agamé, séjournent depuis hier à la devanture du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (Unhcr-Bénin). Pour avoir été, à plusieurs reprises victimes de mauvais traitements, ces derniers exigent des autorités béninoises et de l’Unhcr, leur relocalisation sur une autre terre d’asile, où ils pourront mieux se sentir et jouir librement de leur statut.
Il sonnait environ 07 heures ce mardi 08 mai 2012. Dans les locaux du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, situé dans le 12ème arrondissement de la ville de Cotonou, l’ambiance est peu ordinaire. Un nombre impressionnant de réfugiés togolais, hébergés depuis 2005 à Agamé dans le département du Mono-Couffo, ont pris d’assaut l’espace à ciel ouvert, situé entre l’Unhcr et la station Sonacop de Cadjèhoun. Quelques uns des leurs-ceux qui ont passé la nuit sur le site- dorment encore sur leurs colis. Certaines femmes font la cuisine, d’autres s’occupent de leurs enfants. Tout porte à croire que le camp d’Agamé a été transféré à Cotonou. Ces réfugiés ont en effet été accueillis sur le territoire béninois, suite à la machine répressive mise en branle à leur encontre par les autorités togolaises, au lendemain du scrutin présidentiel de 2005. Depuis lors, leurs responsables ont adressé plusieurs correspondances aux autorités béninoises. Lesquelles correspondances seraient relatives à la reconnaissance juridique de leur statut de réfugié. Et restées sans suite jusqu’à ce jour. Selon Sogbo Maounou, porte parole des réfugiés, les autorités du Bénin auraient opté pour une gestion qui ne fait que les enliser davantage dans la misère la plus effroyable, les contraignant à la mendicité et autres vices sociaux. D’autant plus que le camp serait implanté dans une palmeraie au cœur d’une brousse, où les possibilités d’emploi et d’éclosion sont presque inexistantes. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est l’attestation provisoire qui leur aurait été imposée par les autorités béninoises en lieu et place d’une carte de séjour formelle. Ils estiment en effet que si après sept années de souffrance et de misère, le Bénin est «incapable» de leur délivrer une pièce d’identité digne de ce nom, ils préfèrent être transférés sur une autre terre d’asile. Et, le seul moyen de pression dont ils disposent est d’assiéger les locaux de l’Unhcr afin d’en faire un nouveau camp, jusqu’à complète satisfaction de leur revendication.
Une revendication sur fond de division
La communauté des réfugiés du camp d’Agamé est actuellement divisée en deux blocs. Les éléments du premier bloc réclament leur installation sur nouvelle terre d’asile et les seconds, une carte de réfugié, pourtant rejetée à l’unanimité lors de la visite du camp effectuée par Angèle Atagana Djikongue, la représentante résidente de l’Unhcr-Bénin. Dans les commentaires, certains évoquent une probable instrumentalisation des réfugiés qui réclament la carte, par les autorités togolaises. Seuls ceux qui réclament la terre d’asile ont donc suivi le mouvement et les autres sont restés à Agamé. En effet, lors d’une assemblée générale en date du lundi 09 Avril dernier, le nommé Akakpo Kouami, président de la coordination des réfugiés aurait pris des mesures restrictives et répressives contre toute forme de manifestation visant à réclamer une autre terre d’asile. C’est alors que des femmes, des enfants et des jeunes ont organisé une marche pacifique, pour exprimer leur ras-le-bol et se faire entendre comme ils en ont l’habitude. Que des éléments de l’autre groupe armés de gourdins, de barre de fer et de couteaux s’en seraient pris aux femmes et aux jeunes sans défense, à qui ils auraient asséné de violents coups. Sans compter les arrestations arbitraires qui auraient été perpétré par des agents de sécurité. Eu égard à tous ces événements et ne se sentant plus en position de retourner à Agamé pour des raisons de sécurité, les manifestants exigent des autorités qui ont en charge les réfugiés, la prise de dispositions urgentes pour les sortir de cette situation incommode.
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