La Terre se donne rendez-vous à Rio. C’est au Brésil, au Pays de la samba.
Le Sommet de la Terre réunit, en effet, du 20 au 22 juin, des politiques et des décideurs, le gotha de la science et de la recherche.
Mais également des sans-voix et des sans-grades. Ceux-ci non pas moins leur part de responsabilité dans la gestion d’un patrimoine commun.
Et c’est parce qu’il en est ainsi que le Sommet de Rio se distingue de tous les autres. A qui donc appartient la terre, notre vieille planète terre ? Personne n’est plus propriétaires de la terre que les hommes et les femmes qui y habitent. C’est leur héritage commun, à charge pour eux de le transmettre aux générations qui viennent.
Voilà pour le principe. Dans la réalité, les guerres d’hégémonie, les ambitions coloniales de domination, la recherche effrénée d’espace au détriment des communautés entières sont autant de tentatives ou d’entreprises qui contreviennent au principe de base. Cela tient du vol organisé. C’est du gangstérisme pur et simple. C’est en vain qu’on cherchera à établir un faux rapport de force autour d’un bien commun. Chacun doit affirmer la conscience d’une propriété et se sentir dans la peau d’un propriétaire. Une partie du titre foncier de la terre lui est dû.
Nous sommes ainsi, autour de la terre, des travailleurs partis à une seule et même entreprise. Nous sommes une société universelle. Chacun de nous y est un actionnaire de droit. Nous formons une société à l’échelle du monde. Chacun de nous y est attributaire d’une part personnelle et non cessible. Cela ne dépend pas de nous. La nature en a ainsi disposé.
Quand nos négligences et nos laxismes nous conduisent à malmener nos écosystèmes locaux, le déséquilibre et le désordre ainsi provoqués ont une portée globale. L’injure faite à la terre, ici, dans une localité, ne tarde pas à être vécue, là-bas, comme une blessure, loin et par-delà les frontières nationales. Alors question : comment les vaguelettes insignifiantes provoquées ici, deviennent-elles un tsunami dévastateur qui brise tout et sème la mort sur son passage ?
Il y a lieu de nous convaincre de ces quelques vérités :
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Première vérité. La terre est notre propriété à tous, notre entreprise commune. Nous y sommes, avions-nous dit, à titre de porteurs d’actions. Mais si les gros et les petits actionnaires s’y croisent et s’y côtoient, ils ne se confondent pas pour autant. Parce qu’ils ne pèsent pas d’un même poids, ne justifient pas d’un égal coefficient de représentativité au Conseil d’administration de l’entreprise terre. Ils se distinguent les uns des autres à la taille, à la qualité de leur investissement dans l’entreprise. Pas d’égalitarisme de façade. Mais une juste discrimination entre ceux qui s’investissent et investissent dans la mise en valeur de la terre et ceux dont la contribution, à défaut d’être nulle, reste encore insuffisante. Ce n’est point une question entre riches et pauvres, entre développés et sous-développés. Toutes ces classifications et catégorisations tombent.
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Deuxième vérité. L’esprit d’aventure, si ce n’est l’appât du gain, qui conduit certains à piller les richesses et les trésors de la terre, ne tresse pas à ceux-ci des lauriers de gloire. Pourquoi ferait-on un tel honneur à des hors- la-loi qui récoltent là où ils n’ont pas semé ? Ils ont brisé les liens de solidarité tacites et invisibles entre tous les habitants de la terre. Il en est de même de tous ceux qui posent, tous les jours que Dieu fait, des actes attentatoires à la vie sur Terre. Ils détruisent ce qu’ils n’ont pas créé. Ils privent les générations à venir de leur part d’héritage. Ils sont habités par l’esprit de cueillette et de prédation. N’étant pas acquis à l’idée de semer, de produire, ils bouffent tout sur leur passage et laissent un désert derrière eux.
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Troisième vérité. Ne nous voilons point la face : c’est sur la terre que tout cela se passe. La terre, nous y sommes. Mais nous aurons bien besoin, cependant, de revenir et d’avoir les pieds sur terre. Il n’y aucune issue à vouloir tricher avec la nature. Nous sommes de plain-pied avec le sacré et le respect dû à la terre relève de cet ordre des réalités. Ne profiteront à personne les biens indument pris à la terre. Ne serviront les intérêts de personne les blessures faites à la terre. A cet égard, notre message au Sommet de la Terre à Rio a la pureté du cristal : nul ne peut voler la terre. S’y essayer revient à chercher, selon un proverbe malgache, à tuer la lune qui se reflète dans l’eau.