(L’adoption et les dessous de l’infanticide en milieu Bariba) Journalistes, étudiants et fans du 7ème art ont assisté ce mardi 05 juin 2012 à l’Institut français du Bénin, à l’avant première du film «Le secret de l’enfant fourmi».
Une réalisation de Christine Françoise sur la pratique de l’infanticide en région Bariba, au Nord-Bénin et sur l’adoption d’enfant.
En Afrique et au Bénin en particulier, dans certaines civilisations, lorsqu’un enfant naît avec des signes peu ordinaires, (nouveau né avec dent, grosse tête, ou autres malformations), c’est un enfant sorcier. Il est rejeté par sa famille, il est éliminé. Dans le meilleur des cas, l’enfant est adopté par une famille étrangère. Cette pratique encore en usage dans certaines familles constitue la trame du premier long métrage de la spécialiste du documentaire et réalisatrice française Christine Françoise. «Le secret de l’enfant fourmi», l’œuvre sortie en mai dernier en France a été projetée pour la première fois au Bénin ce mardi 05 juin 2012. C’était à l’auditorium de l’Institut français du Bénin (Ifb), site de Cotonou. C’est une production de Agat Films et Cie production exécutive Cna Bénin.
Inspirée par une histoire réelle d’enfant Bariba, adopté et vivant en France, la réalisatrice est allée promener l’objectif de sa caméra au Nord-Bénin dans le but de saisir les secrets de l’abandon d’enfants dans cette région. Lesquels secrets, elle met à l’écran à travers cette fiction de 1h48. Dans le scénario, l’aventure a commencé en juillet 2004 par un voyage dans le septentrion avec pour destination Natitingou. Sur son chemin, un jour au cœur d’une brousse, une femme africaine lui dépose un bébé. L’enfant rejeté partout sera adopté par Cécile (Christine Françoise dans le film) pour vivre en France sous le nom Lancelot. Mais à sept ans, à cause des troubles psychologiques, Cécile repart avec lui vers le pays de ses origines. Une fois au pays, elle tente de comprendre le pourquoi du rejet de Lancelot.
En réalité, parce Lancelot, est né avec une dent, il est déclaré enfant sorcier, un enfant qui n’a pas sa place dans la société Bariba, selon leur tradition. «C’est un démon, c’est un revenant, c’est un mauvais esprit en personne, chez les Bariba», découvre Cécile. Elle s’aperçoit que même conscients de la pratique, les forces de l’ordre et les religieux ne pouvaient rien contre, du moins pas grande chose.
Même âgé, l’enfant est toujours poursuivi par la mort. Il est destiné à être jeté dans une termitière de fourmis où il allait périr. Cécile se rend compte qu’il s’agit d’un lieu sacré négatif. «En pays Bariba, tout est fait pour que rien d’un enfant sorcier, même pas son habit ne reste, aucun souvenir de lui». Mais Lancelot a eu la vie sauve grâce à Cécile.
Au-delà de ces secrets, Cécile s’aperçoit aussi de la puissance des forces occultes sur l’enfant même à des milliers de kilomètres. En effet, les troubles psychologiques qu’a eus l’enfant en France sont d’origine occulte. Le père et la mère de Lancelot n’étaient pas pour l’élimination de leur garçon. Ils ne pouvaient non plus le gader sur eux dans une région stricte sur la pratique. Savoir que leur fils vit est une grande joie pour eux. Mais ils devraient le rencontrer et lui demander pardon avant que la mère ne conçoive à nouveau. Avec l’aide de leur féticheur, ils ont suscité ses troubles pour contraindre Cécile à le ramener. L’enfant ne pouvant pas vivre au pays de ses parents, il sera retourné en France avec sa mère adoptive. Mais cette fois-ci, le père leur remet une calebasse de protection contre d’éventuels mauvais esprits.