Pas très connu du grand public mais connu de grands musiciens béninois, le groupe «Awinyan»,
après près de deux décennies de vie embrasse très bientôt une autre phase de son existence sous la direction du chef orchestre, Moïse Loko. Dans cet entretien, deux membres du groupe, Weinsou Midjlokpogni et Jean Hounkokoé dévoilent ici la nouvelle orientation du groupe.
Déjà plus de vingt ans d’existence, mais votre groupe semble ne pas être très connu sur la scène nationale?
Un groupe pas très connu du grand public mais en même temps très connu de grands musiciens ou de célèbres groupes du Bénin pour les avoir accompagnés plusieurs fois sur scène. On peut citer Sagbohan Danialou, Miguélito, Vivi International et le groupe Polyrythmo, entre autres. Nos instrumentistes monnayent aussi leurs talents auprès de plusieurs stars béninoises. Pas très connu du grand public, c’est peut être aussi parce que nos sorties, ont été exclusivement les animations de manifestations diverses.
N’est-ce pas aussi du fait des modifications de nom qu’a connues le groupe?
Il y a une vingtaine d’années que le groupe a été créé entre jeunes choristes musiciens. C’est vrai qu’au départ, ce n’était pas sous le nom « Awinyan », pierre en langue fon. C’était successivement « Les princes de la mélodie divine », « Les missionnaires de la volonté divine » et « Awinyan Musika». C’étaient des désirs collectifs de modifications d’appellation. Le nom «Awinyan» reste le nom définitif. Il a toute une signification qui nous fait dire que c’est la dénomination appropriée pour notre groupe. Nous sommes tous chrétiens. Un chrétien, c’est un enfant de Jésus-Christ. « La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l’angle » Psaumes 118 : 2. Et c’est Jésus-Christ cette pierre. Par conséquent nous chrétiens, nous sommes aussi pierre ou à son image si vous voulez. Donc si nous avons eu à changer de nom, ce n’est pas parce qu’il y a eu de divisions au sein du groupe. Et il n’y en a jamais eu. Du moins, jusqu’à présent.
Quelles dispositions avez-vous prises pour que le groupe ne connaisse pas d’éventuelles divisions?
Plusieurs années durant, nous avons fonctionné sans documents officiels et nous sommes restés fidèles à nos engagements vis-à-vis du groupe. Aujourd’hui, nous avons un règlement et les statuts du groupe bien élaborés. Des textes édités à l’unanimité. C’est l’engagement de chaque membre. En notre sein, nous entretenons le respect mutuel et le respect de la parole donnée. C’est l’une de nos forces et nous sommes toujours ensemble.
Et dans le cas où l’un des membres voudra embrasser une carrière solo?
Il n’y aura pas de membre qui va se détacher du groupe pour une carrière solo. Notre règlement est très précis là-dessus. Chaque fois que quelqu’un d’entre nous a une inspiration, cela a toujours été avec l’accompagnement de l’ensemble. Et ce sera toujours ainsi. C’est en effet pour chaque membre, une condition acceptée avant la signature de l’adhésion au groupe.
Allez-vous continuer dans l’ombre des stars ou à jouer dans des cérémonies?
Du tout pas. C’était juste par faute de soutien financier et de promoteur. Nous avons de nobles ambitions en termes de sortie sur scène sur le plan national et international. Nous avons commencé par œuvrer pour cela, afin de sortir le groupe de son enclos. Notre chef orchestre, Moïse Loko est en pourparler avec des promoteurs culturels et des structures étatiques de la place intervenant dans la musique. Les négociations sont avancées à plusieurs niveaux. Il y a quelques années, nous avons raté un festival à l’extérieur pour retard de pièces du groupe. Nous comptons faire de grands pas cette année.
Quels projets avez-vous déjà?
Nous allons procéder très bientôt au lancement de la version vidéo de notre album « Todido ». Les préparatifs vont bon train. C’est un disque de dix titres. Cette année, nous aurons à jouer sur plusieurs scènes à commencer par le Centre culturel français (Ccf) de Cotonou. Nous aurons à faire des prestations à l’occasion d’un grand festival gospel qui s’annonce au Bénin sur l’initiative d’un acteur culturel du pays. On préfère garder le suspense pour l’heure. Aussi, projetons-nous d’entamer une tournée africaine dans plusieurs pays et participer à beaucoup de festivals. Il faut aussi dire que nous travaillons beaucoup en matière de recherche artistique car nous voulons montrer une autre facette du groupe au peuple béninois et à la communauté internationale en général. Nous nous réunissons à notre siège sis à Gbèdjomèdé 2.
Pourquoi pas une tournée nationale pour vous faire connaître?
Cela dépendra non seulement des promoteurs qui accepteront de nous accompagner mais aussi des opportunités qui se présenteront. Si non, nous avons aussi en projet une tournée nationale. Ce sont des sorties très importantes dans la vie d’un groupe. C’est cela qui rend l’orchestre plus célèbre. Car, plus vous sortez, plus vous travaillez, plus vous avez de l’expériences et plus vous devenez célèbre. Mais tout ceci, sans l’aide d’aucun promoteur pour vous accompagner ou tout au moins pour vous lancer.
Quel genre musical comptez-vous promouvoir dans le cas où vous parviendrez à entamer la tournée?
C’est la musique traditionnelle béninoise. Dans notre répertoire, nous avons beaucoup de compositions arrangées dans les rythmes comme Zinli de Porto-Novo, Tchinck système, Djègbé, Joglissohoun, Kaka, etc. Nous jouons ces rythmes sous la forme traditionnelle pure ou modernisée.q
Réalisation : Blaise Ahouansè