Qu’est- ce qu’un rabat-joie? C’est une personne chagrine, ennemie de la joie des autres. Sommes-nous un rabat-joie? Aux autres d’en juger.
En tout cas, nous sommes loin de partager le faux optimisme qui s’entretient, en ce moment, autour des «Ecureuils», notre Onze national. Le dire, comme nous le faisons, ce n’est ni flécher, ni poignarder dans le dos une équipe nationale à la veille d’une importante échéance.
En effet, le dimanche 3 juin, les «Ecureuil» croisent le fer avec les «Aigles» du Mali. Ce sera pour le compte du tout premier match de poule, dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde/ Brésil 2014. Notre équipe nationale aborde ce match crucial au lendemain d’un match nul (2-2) face aux Etalons du Burkina-Faso. C’était le 26 mai dernier, sur les installations de son adversaire.
Il n’en faut pas plus pour que nombre de nos compatriotes commencent à croire que notre équipe nationale, tombée dans les profondeurs d’une crise grave, émerge, remonte en surface. Quelle amnésie. Oubliée la crise qui continue de maintenir à genoux notre football. Ignorée la paralysie querelleuse dans laquelle nous nous sommes installés. Avec des procès à ne plus en finir, ponctués d’arrêts de justice sans nombre.
C’est vrai le championnat a repris cahin-caha. Histoire de meubler le temps ou d’en gagner pour prolonger la vie d’un moribond cliniquement mort. Mais nous savons bien que, pour l’essentiel, le cœur n’y est plus. Un grand élan s’est brisé. Une grande ambition s’est fracassée. En fongbé, l’on dirait «Wé hi ho», pour dire que le soleil s’est couché. Et nous savons, en notre âme et conscience, que cela fait un bail que le soleil du football n’éclaire plus nos stades. Le contrat que nous venons de signer avec un nouvel entraineur n’y changera rien. Non plus le petit frémissement actuellement et artificiellement entretenu autour d’un football qui aura besoin bien plus de fausses caresses avant de connaître une vraie renaissance.
Le problème du football béninois, aujourd’hui, c’est moins de construire vaille que vaille une équipe nationale, en allant à la chasse aux talents aux quatre coins du monde. Le problème du football béninois, aujourd’hui, ce n’est pas non plus de rentrer en compétition internationale, comme nous nous préparons à le faire. Peut-être aurait-il mieux valu, au stade actuel, être dehors que dedans. Le football béninois ne connaîtrait une sortie de crise honorable, porteuse de guérison et de promesses d’avenir, que si, au-delà de nos bricolages actuels, nous accédions à sa base structurelle. C’est-à-dire là où ce football a le plus mal. Là où le bât blesse.
Il n’y a pas de football national performant sans un cessez le feu général, sur tous les fronts et dans toutes les chapelles. Le retour de la confiance est de l’ordre d’un impératif. On ne bâtit rien dans la suspicion. On ne construit rien dans la méfiance. Un minimum de confiance sera nécessaire entre gens liés par une même mission. Des gens qui se sont assigné les mêmes objectifs. S’ils ne sont pas prêts à regarder dans la même direction, qu’ils ne commencent pas par se donner la main.
Il n’y a pas de football national performant sans un championnat national digne de ce nom. Si la roue, à ce niveau, ne tourne pas correctement ou si elle grince douloureusement, c’est qu’on est encore loin du compte et qu’il faut, sur les sages conseils de Boileau, (Citation) «vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage». (Fin de citation)
Il n’y a pas de football national performant si l’avenir n’est pas constamment engagé, en termes de formation et de qualification de la ressource humaine. Nous devons disposer d’un vivier de talents qui assurent la relève. De ce point de vue, le problème des centres et des écoles de formation est de l’ordre d’une priorité. Sans oublier la formation du personnel d’encadrement : entraineurs, arbitres, soigneurs, masseurs, préparateurs, voire journalistes.
Il n’y a pas de football national performant sans une politique conséquente d’infrastructures appropriées. Non à concentrer dans la capitale ou dans quelques agglomérations, mais à implanter démocratiquement partout. Le football, au-delà du jeu, est un phénomène social et sociologique. On a autant envie de disposer d’un beau stade pour jouer et pour produire un spectacle de qualité à Kandi qu’à Cotonou.
Voilà des prérequis, comme autant de conditions nécessaires, pour le décollage souhaité, espéré de notre football. Qu’il ne soit pas dit que dans ce pays appelé le Bénin, peuplé de neuf millions d’hommes et de femmes intelligents, on continue de marcher sur la tête et de mettre la charrue avant les bœufs. (amoros)
Laisser un commentaire