Depuis le double scrutin présidentiel et législatif de mars/avril 2011, ce n’est que récemment que la classe politique s’est mise en branle pour la correction de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Vendredi 1er juin 2012.
L’une des salles de conférence du Chant d’oiseau abrite un atelier de la majorité présidentielle plurielle pour l’internalisation du rapport de l’Organisation internationale de la francophonie sur la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). La rencontre s’inscrit dans la perspective de la correction de ce fichier électorale qui a servi avec controverse à l’organisation des élections présidentielle et législatives de mars/avril 2011 et qui devrait être utilisé pour les municipales de 2013.Toutes les importantes composantes politiques membres de la majorité sont au rendez-vous. Les Forces cauris pour un Bénin émergent, la Renaissance du Bénin (Rb) et G13 Baobab. Dans la salle, les caciques de la majorité. Après 10 heures de communication, de débats, l’atelier a accouché des propositions et recommandations de la majorité présidentielle plurielle pour l’actualisation de la Lépi. Le tout se résume en l’engagement des forces politiques dansant au rythme de la refondation pour parfaire le fichier électoral. Cette rencontre de la majorité présidentielle est la énième et probablement pas la dernière, d’une série d’actions entreprises depuis février, par la classe politique pour corriger la Lépi. Le 29 mai dernier à l’Assemblée nationale, à l’initiative du groupe parlementaire l’Union fait la Nation, les présidents des autres groupes parlementaires, toutes tendances confondues, et des commissions permanentes se sont retrouvés pour discuter de la correction de la Lépi. Quelques jours plus tôt, les cadres du Partis de renouveau démocratique (Prd) ont pris part à un séminaire sur la même thématique. Sans oublier que le sujet était à l’ordre du jour de l’audience officielle, la première du genre depuis 2007, et médiatisée à grande pompe, accordée il y a quelques semaines à Me Adrien Houngbédji par le président Boni Yayi. Tout cela a été précédé et sans doute conditionné par une mission de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif) qui a, à la demande du Chef de l’Etat, séjourné au Bénin du 31 janvier au 09 février 2012 pour évaluer la Lépi. Elle a entre autres, recommandé la correction de certaines imperfections du fichier électoral. Et toutes les initiatives visent à se plier aux recommandations de cette mission d’évaluation dans un esprit de consensus et de dialogue politique.
15 mois de tergiversation
Le réveil de toute la classe, vient à y voir de près, un peu tardivement. Et pourrait n’aboutir qu’à une correction superficielle de la Lépi, comme pour paraphraser les propos de Janvier Yahouédéhou lors de la conférence débat du Front pour la sauvegarde des acquis démocratique le 24 mai dernier. En effet, Tout calcul fait, la mission de l’Oif a séjourné au Bénin un an après la présidentielle de 2011et les différentes rencontres de la classe politique, 15 mois après. Pourtant, lors de la crise pré-électorale, les différents acteurs de la classe politique avaient déjà reconnu que la Lépi était à parfaire. On avait même parlé d’un audit international du fichier électoral. Malheureusement, après mars 2011, le Gouvernement et l’Assemblée nationale ont rangé le dossier au placard pendant que l’opposition a passé tout ce temps à se trouver un nouveau repère. Pis, au lieu de créer les conditions pour la résolution de cette lancinante et urgente question de la Lépi, c’est plutôt la révision de la Constitution que le régime Yayi a priorisé. Pourtant, la question de la révision, bien que nécessaire n’est pas aussi urgente que celle de la Lépi. Et il aura fallu l’imminence des élections municipales pour qu’on s’active à faire quelque chose qu’on aurait du entamée juste au lendemain de la présidentielle. Selon des spécialistes, on ne pourrait faire une correction exhaustive de la Lépi avant les prochaines communales. Une idée reprise par certains politiciens. Dans certains milieux, on avance l’idée de corriger ce qui est corrigible avant 2013 en vue de faire usage de la Lépi pour les élections communales. Le reste viendra. Et comme d’habitude, après les passions des municipales, on attendra encore l’imminence des législatives de 2015 pour remettre le débat sur la table. Tout cela interpelle. On va simplement vers la réédition des erreurs de 2010-2011. Après les tergiversations, c’est maintenant la précipitation. Et on s’efforcera après moult tâtonnements d’utiliser une liste électorale approximative pour les communales. C’est simplement faire la bonne chose de la mauvaise manière.