Des quatre éléments qui composent l’écologie de l’univers, à savoir l’air, le feu, l’eau et la terre, deux sont attribués au mâle, donc in fine au Père, et deux symbolisent l’élément féminin et sont caractéristiques de la Mère.
L’anthropologie religieuse moderne nous fait remarquer que le Dieu Père qui se révèle par le Vent et le Feu (le Brasier ardent) est une perception de la Divinité propre aux peuples pastoraux tandis que la Déesse mère est plutôt présente chez les peuples agraires. Aussi les religions des contrées sémites et désertiques (judaïsme et islam) ignorent-elles relativement ou totalement l’archétype de la Déesse Mère que le catholicisme, né dans le contexte agraire de l’Empire romain, a ressuscité dans la figure de la Vierge Marie, la mère par excellence, pure, tendre et nourricière.
Le culte de la mère est donc le propre des modes de production agraires dans un contexte totalement ou partiellement rural. Or, il y eut en Europe la Renaissance depuis le XVIème siècle, une révolution urbaine. Sa première conséquence fut d’opérer des changements fondamentaux dans l’image de la femme : elle est par excellence mère, on en convient, mais elle est aussi aimante et compagne de l’homme ; pas seulement la génitrice de ses enfants !
Cet espace du statut de la femme reste peu délimité chez nous autres Africains qui demeurons avant tout des paysans indécrottables. Aussi sorties de leur rôle de mère, nos femmes se retrouvent-elles souvent dans un espace anomique de… prostituée, de courtisane ou de femmes à la libido éteinte.
C’est ainsi que quand elles ne peuvent plus être naturellement mères à cause de la ménopause, elles s’enferment dans l’idée qu’elles n’ont plus aucun rôle à jouer dans leur propre jouissance érotique et celle de leur conjoint. Cela n’est pas sans conséquences sur la santé morale et psychologique de ce dernier. Acculé à une andropause précoce, il sombre dans une inhibition psycho-sexuelle préjudiciable à sa santé psychosomatique et à son équilibre psychoaffectif.
Il est vrai que la femme est «formatée» pour être mère :
- Les hormones sexuelles dont elle est bourrée, surtout à partir de la puberté, la prédisposent non pas à être une amante et une partenaire sexuelle jouissive à la disposition de l’homme, mais à être mère.
- A la ménopause, l’organe sexuel féminin, le vagin, n’est plus bien lubrifié ; ce qui rend la pénétration de l’organe mâle impossible ou difficile et douloureux.
- Il y a une baisse totale de la libido et du désir génésique chez la femme ménopausée.
- Les hormones «maternelles» disparaissent alors et font place à cette hormone particulièrement «masculine» : la testostérone !
Apparemment, la nature n’a pas prévu, chez la femme tout au moins, une sexualité réduite à sa fonction récréative et séparée dès lors de sa fonction téléologique : la reproduction de l’espèce humaine. Qu’à cela ne tienne. L’homme a montré que créé selon les voies insondables du Mystère divin, à l’image et à la ressemblance de Dieu selon le judéo-christianisme, il est maître de l’univers, à défaut d’être son créateur (gbèto et gbèdoto chez les peuples gbé du Bénin). Il a la capacité de soumettre la nature et de la dompter selon les desseins de Dieu. Ainsi, il a constamment montré qu’il ne subit pas la nature en restant un objet passif de ses caprices : par sa science et sa technologie, il transforme les données naturelles, vient à bout des déterminismes et des servitudes naturels. En inventant les méthodes contraceptives artificielles dont la pilule, il a libéré la femelle humaine des malédictions qui découlent d’une sexualité «gratuite», source de plaisir, débarrassée des affres d’une grossesse non désirée. Dès lors, l’homme a en partie vaincu le déterminisme naturel d’une sexualité qui ne peut être que reproductrice ! Il peut rééditer le même exploit pour la femme ménopausée que la nature condamne à l’inhibition psycho-sexuelle et à la l’abstinence, en inventant une gamme de lubrifiants et d’hormones pour corriger la sécheresse du milieu vaginal après la ménopause et la baisse de la libido !
Après avoir mis au monde le nombre d’enfants qu’elle désire désormais, elle peut conserver une sexualité épanouie même au troisième âge ; pour le plus grand bonheur de son conjoint. Une telle révolution dans nos mentalités foncièrement paysannes est à mener à tous les niveaux, surtout au niveau des femmes béninoises devenues ménopausées, et qui déclarent ex cathedra à qui veut les entendre : « Il ne reste plus rien ; je ne sais plus si je suis de bois ou de chair ! » Pendant ce temps, désastre dans le foyer conjugal quand le mari, las de cette privation sexuelle à lui imposée, va aller « se refaire le sang » avec une jeune fille qui peut être sa fille, gaspillant le maigre pécule de la retraite...