Entrons dans cette réflexion en jetant un regard rapide à l’Annuaire pontifical pour l’année 2012 présenté au Pape Benoît XVI à Rome le 10 mars dernier.
Selon L’Osservatore Romamo, édition hebdomadaire en langue française, du 15 mars 2012 : « En 2010 on comptait un peu moins de 1.196 millions de catholiques, par rapport aux 1.181 millions environ de l’année 2009, révélant une augmentation en valeur absolue de 15 millions de fidèles soit 1,3%. Au cours des deux dernières années, la présence des fidèles catholique baptisés demeure stable autour de 17,5% » En pourcentages territoriaux, l’Afrique a connu une augmentation de 15,15% à 15,55%. Nous n’allons pas nous attarder sur l’analyse des nouveautés et dynamiques de l’Eglise catholique dans le monde que propose l’hebdomadaire du Vatican. Notre objectif était de proposer cette vision statistique de l’Eglise catholique partout présente dans le monde et contre laquelle les puissances du Mal ne l’emporteront pas. Et son Fondateur sait s’il y en eu et s’il y en a encore ces puissances du Mal multiformes. Aussi le monde demeure-t-il un grand champ à moissonner.
L’indispensable qualité
Revenons chez nous pour affirmer que, s’il en était besoin, nous avons, expérimenté encore la vitalité et la vivacité de l’Eglise catholique au Bénin du mercredi des cendres aux solennités pascales conclusives du temps de carême et introductives au « cinquantenaire pascal ». Autrement dit : il y avait du monde à nos célébrations ; nos offices religieux, nos chemins de croix ont encore drainé des foules ; nos églises étaient bondées de fidèles. La haute saison des célébrations des baptêmes, communions et confirmations va démarrer bientôt, et nos communautés chrétiennes catholiques vont s’enrichir de milliers de membres.
Mais le défi est toujours d’actualité : veiller à la qualité sans se laisser griser par la quantité entendu que la qualité, le témoignage crédible, pourrait participer aussi à l’augmentation quantitative contre les désertions vers les sectes et autres sites alléchants ou tout simplement contre le syncrétisme paisible ou la double appartenance inconséquente. En d’autres termes il est indispensable que nous veillions à passer du peuple de croyants qui célèbre des rites à des fidèles qui témoignent par l’intelligence et la foi. Car s’il n’est pas rationnel de croire, il est raisonnable de croire. Si la foi n’est pas de l’ordre du scientifique, nous avons des raisons de croire et nous avons même raison de croire dans la perspective du pari de Blaise Pascal, écrivain, philosophe, mathématicien français du 17e siècle.
L’intelligence sur le lampadaire
Témoigner par l’intelligence ou l’ordre de la raison! A la suite du Christ nous mentionnons en tout premier lieu l’intelligence des Saintes Ecritures dont il a reproché le manque à ses disciples. (cf. Luc 24,13-48)
Ensuite il y a l’intelligence de l’histoire de l’Eglise catholique et l’intelligence de son actualité aussi tant il est vrai que l’histoire est maîtrise de vie et l’Eglise dans le monde de ce temps demeure une puissance, une autorité, une référence. Instruisons-nous sur l’histoire de l’Eglise et réfléchissons à son actualité pour en tirer des raisons, des convictions personnelles afin de rester fidèles à la foi de notre baptême chrétien catholique. Avons-nous suffisamment accueilli la grâce de l’intelligence de la visite du Pape Benoît XVI au Bénin pour rayonner davantage de la splendeur de la foi catholique, pour témoigner du Christ, la Réponse aux aspirations de l’homme et des peuples ? Il y a en outre l’intelligence de la liturgie qui englobe les célébrations religieuses, les fêtes chrétiennes, les traditions et réformes liturgiques de l’Eglise en vue d’adorer la Sainte Trinité en esprit et en vérité à travers les rites sacramentels ou non. Avons-nous vraiment compris que les sacrements en particulier sont des célébrations de la foi catholique en vue du témoignage de l’amour du Christ jusqu’au sang versé ? La Messe, une célébration spécifiquement et exclusivement catholique, est-elle comprise, célébrée et vécue comme mémorial et actualisation du mystère pascal ? De quelle intelligence du dimanche vivons-nous le jour du Seigneur, la Pâques hebdomadaire ? Enfin il y a cette marque de l’intelligence que l’on appelle le bon sens et qui serait la chose la mieux partagée du monde selon René Descartes. Non ! la foi ne nous dispense pas de faire preuve de bon sens. Qui dans l’Eglise catholique a jamais affirmé qu’il suffit d’aller à Jérusalem ou à Rome pour avoir la garantie absolue d’aller au ciel ? Malgré la large diffusion du programme de la visite du Pape chez nous, pourquoi des gens ont-ils cru qu’il se rendrait en une localité autre que Cotonou et Ouidah ? Ne mettons pas notre intelligence sous le boisseau mais sur le lampadaire.
La splendeur de la foi
Témoigner par la foi ! Elle est effective et massive dans notre pays, la foi catholique en l’occurrence. Mais en avons-nous gros réellement comme une graine de moutarde pour déraciner un arbre et le planter dans la mer? La peur aux plusieurs facettes, la quête effrénée d’une vie en douceur, sans peine ni douleur ne détournent-elles pas de la foi transmise par les Apôtres beaucoup de membres de l’Eglise catholique ? Me vient ici à l’esprit cette grâce que nous demandions à Dieu par la prière d’ouverture du deuxième dimanche de Pâques : « Dieu de miséricorde infinie, tu ranimes la foi de ton peuple par les célébrations pascales ; augmente en nous ta grâce pour que nous comprenions toujours mieux quel baptême nous a purifiés, quel Esprit nous a fait renaître, et quel sang nous a rachetés.»
La conversion à la foi catholique est donc de toujours. Se convertir et croire à la Bonne Nouvelle est un effort de chaque jour. Croire à la Bonne Nouvelle autrement dit prendre au sérieux la Parole de Dieu nous convertit aussi.et fait que nous sommes dans le monde sans être du monde tout comme la royauté de notre Seigneur et Sauveur, Jésus Christ, n’est pas de ce monde dans lequel nous devons cependant annoncer la Bonne Nouvelle à toute la création, faire rayonner la splendeur de la foi.
En substance nous avons esquissé une réflexion sur une thématique chère au théologien Joseph Ratzinger et au pape Benoît XVI : l’importance de la raison et de la foi dans la connaissance humaine et dans la vie chrétienne.
Père André Kpadonou
Curé de Naogon