Athlétisme : ce que la beauté de la fête a caché

A quelques semaines de l’ouverture des Jeux olympiques de Londres 2012, l’Afrique termine les 18èmes championnats seniors d’Afrique d’athlétisme sur une note d’espoir malgré quelques problèmes qui les  ont plombés.

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Du 25 juin au 1er juillet 2012, les athlètes venus de plusieurs pays africains se sont évertués à hisser haut l’étendard de leur pays. Au lendemain des 18èmes championnats seniors d’Afrique d’athlétisme, l’heure est au bilan. A cet exercice, on pense d’abord à l’organisation. Et la question qui est restée à travers les gorges est: est-ce que le Bénin avait cerné les différents contours de cette organisation? Car, plombés par des divergences politiques au niveau des autorités béninoises et par la lenteur administrative légendaire, ces 18èmes championnats ont failli ne pas se tenir au Bénin. N’eut été l’intervention des responsables de la Confédération  africaine d’athlétisme (Caa)  et de l’Association Internationale des Fédérations d’athlétisme (Iaaf), on aurait observé un retrait pure et simple du Bénin. Mais toutes les tergiversations des autorités béninoises ont déteint sur la compétition avec des reports à n’en point finir. Devant débuter dans la matinée du mercredi 27 juin dernier, la compétition a finalement commencé dans l’après-midi. Ce retard observé est dû, entre autre, au fait que le matériel n’a pas quitté à temps le Port autonome de Cotonou pour  Porto-Novo. Que dire de cette indignation de l’athlète égyptienne, Yasmin Mamalie. «Les horaires des épreuves ne sont pas respectés. Ce qui ne favorise pas une bonne récupération des athlètes» a– t- elle déclaré. Les problèmes d’accréditation ont été un casse-tête pour les organisateurs et les différentes délégations ayant pris part à ces championnats. Le transport des athlètes logés à Cotonou a connu des retards et la qualité de service de certains hôtels laissent à désirer. Ce qui a obligé la délégation égyptienne à se restaurer hors de leur hôtel. Des délégations ont même eu des bus qui ne pouvaient même pas contenir tout le monde. Chose grave, on a failli ne pas avoir des médailles pour récompenser les champions. Les médailles utilisées seraient celles de la Confédération africaine d’athlétisme (Caa) que Malboune Kalakaba, le président de la Caa a fait apporter en urgence. Pourtant avec 10 fois moins de moyens, l’Île Maurice avait organisé avec brio cette même compétition.

La presse écrite, parent pauvre

Pour les hommes des médias, Porto-Novo aura été le lieu ‘’du crâne’’. Tellement ils ont été malmenés, que certains journalistes étrangers ont fait savoir que c’est la première fois qu’ils travaillent dans de telles conditions. La salle de presse n’a été apprêtée qu’à deux jours de la fin des championnats et équipée de quelques ordinateurs avec le ‘’Wifi’’ qui n’a pas bien fonctionné. A la tribune de presse, envahie par les spectateurs et où quelques écrans ordinateurs ont été placés pour permettre aux médias d’avoir les résultats, la presse écrite a été exclue. Pourtant, il n’y avait pas de salle informatique pour leur permettre d’avoir les résultats. Ils ont dû se rabattre sur l’écran géant du stade Charles de Gaulle de Porto- Novo pour pouvoir faire leur travail et comment? Quelques résultats glanés ça et là et à moitié, faute de guide de presse. L’espace qui devrait servir de zone mixte n’a pas été aménagé pour contraindre les athlètes après la course, à la traverser afin de faciliter les interviews. Au contraire, une bâche sous laquelle se trouvent les chaises plastiques a été placée au milieu de cet espace. Alors que les journalistes se plaignent de ne pas avoir accès  aux athlètes après leur course, Alain Perrin, l’un des techniciens français venu prêter main forte aux Béninois pour la retransmission de la compétition affirme : « Allez doucement  car les fusibles sont prêtes à péter ». « On nous a empêchés de travailler depuis le départ » ajoute-t-il. Et il poursuit:«  On met une bâche au milieu de la zone mixte et il n’y a rien pour délimiter la zone afin d’obliger  les athlètes à prendre par là » et il  conclut : « Qui a envie de se taper  un tour supplémentaire ? Les athlètes  ne sont  pas fous». Comme pour dire qu’après une course, l’athlète ne peut pas volontairement faire un tour pour faire plaisir aux médias.

Des motifs de satisfaction

Dans un stade de Charles de Gaulle venteux et où le vent est défavorable, les athlètes ont eu beaucoup de mal à donner le meilleur d’eux-mêmes. N’eut été cela, on aurait eu de très belles performances. Néanmoins, le public de Porto-Novo a vu naître une championne du futur. La jeune burundaise d’à peine 19 ans, Francine Niyonsaba, inconnue avant ces championnats, a terminé première avec à la clé un nouveau record national de son pays (1’59’’11). Elève en classe de seconde scientifique, elle se qualifie ainsi pour les Jeux Olympiques de Londres 2012. Un fait remarquable chez elle c’est l’ignorance notoire du haut niveau. Non seulement que c’est sa première participation à une compétition de cette envergure, elle fut étonnée quand un journaliste lui a fait savoir qu’elle venait de réaliser de très fort belle manière les minima pour les J.O. L’histoire retiendra que c’est au Bénin que le Seychelles a obtenu sa première et unique médaille aux championnats seniors d’Afrique d’athlétisme. On peut aussi saluer la qualité de compétitrice qui transparaît dans la course de la Sénégalaise Bake Thiam. Depuis onze (11ans) qu’elle gambade sur les pistes à travers le monde et à trente six  (36) ans, elle a encore eu le mérite de décrocher une médaille derrière Amantle Montsho sur les 400 m dames. Cette dernière, championne du monde en titre et de l’Afrique, a tenu son rang en s’emparant de l’Or. La Botswanaise a réalisé une très belle course et a même été l’artisane de la victoire de son pays sur le relais 4 x 400 m dames. Comme elle, le Sud africain Oscar Pistoruis avec ses prothèses a retenu l’attention de tout le monde. Sa médaille d’Argent sur le 400 m est bien méritée et sa course phénoménale lors du relais 4 x 400 m pour faire monter son pays sur la deuxième marche du podium est un exemple d’abnégation et du refus de la résignation.

Des records ont été battus

Même avec le vent et sans certains grands noms de l’athlétisme africain, les athlètes qui ont honoré le rendez-vous de Porto-Novo ont montré qu’ils sont de grands champions. La performance de la Gabonaise Zang Ruddy Milama sur les 100 m dames (11’’16). Certains records des championnats ont même été battus à Porto-Novo. Entre autre, le record des championnats d’Afrique du lancé de poids au niveau des dames détenu par la Nigériane Vivan Chukwuemaka a été pulvérisé par la même nigériane avec un lancé de 18 m 86.  Autre record battu celui du relais 4 x 400 m hommes. Avec un chrono de 3’28’’77, le Nigeria devient le nouveau roi des championnats d’Afrique de cette épreuve détrônant le Botswana. Les Nigérianes ont aussi battu le record du relais 4×100 m. 

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Les athlètes béninois hors-jeu

Après la cérémonie d’ouverture de ces 18èmes championnats seniors d’Afrique d’athlétisme, l’Aube Nouvelle (l’hymne nationale du Bénin) n’a plus résonné dans un stade où le public a encouragé  tous les athlètes. Mieux, aucun athlète béninois n’a été médaille. Seul Mathieu Gnanligo a terminé au pied du podium sur les 400 m hommes. Le reste, Alassane Bentille (5 000 m), Adam Mahomet (3 000 steeple) et autre qui sans compétir ont accédé à la finale dans leur catégorie, ont juste participé. Les quarante un (41)  athlètes béninois qui ont pris part à la compétition n’ont rien remporté. Pour les autres, certains ont pu franchir les séries avant d’échouer en demi-finale. Et au terme de ces championnats, le Bénin sort avec zéro (0) médaille mais avec trois records nationaux battus. Adam Mahomet (3 000 m Steeple homme) réalise un nouveau record avec un chrono de 9’21’’ l’ancien étant de 9’33’’. Mathieu Gnanligo sur les 400 m établit le nouveau record du Bénin avec un temps de 46’’66.

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