Comment sortir de l’imbroglio malien

Le sommet de la Cedeao consacré au Mali vient à peine de prendre fin à Yamoussoukro la capitale politique ivoirienne que l’actualité politique de ce pays connaît un nouveau rebondissement. 

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Selon une dépêche de Reuters citée par Radio France Internationale (Rfi) « Les habitants de Tombouctou sont sous le choc. Les islamistes, qui tiennent cette ville dans le nord du Mali, se sont armés de marteaux et de haches pour détruire plusieurs tombeaux des grands érudits de la ville. Ils ont aussi détruit la tombe du premier président de l'Assemblée nationale, Mahamane Alassane Aidara. Le tombeau d'un autre saint avait déjà été détruit au mois de mai. »Venant après l’annonce de la prise des villes de Gao, Tombouctou et de Kidal par les islamistes d’Ansar Dine et du M…. des mains des rebelles Touareg du Mnla, cette nouvelle plutôt insolite n’a pas de quoi rassurer. D’autant que ce dernier sommet n’a pris aucune décision dans le sens d’une intervention rapide au nord du Mali. Il a été simplement question de l’envoi d’une mission technique à Bamako, visiblement pour prendre le pouls de la situation réelle sur le terrain pour ainsi dire. Les partisans de l’envoi d’une force d’intervention sont revenus sur terre, après que le Conseil de sécurité qui devrait entériner le déploiement de cette force d’intervention a rejeté par deux fois la demande formulée conjointement par l’Ua et la Cedeao pour ‘‘complément d’information’’.Termes plutôt diplomatiques pour une fin de non recevoir.

En réalité, les pays membres du Conseil de sécurité à commencer par les plus puissants qui détiennent le fameux droit de véto ne sont pas dupes. Ils savent que toute demande d’intervention doit être faite d’abord par le gouvernement du pays bénéficiaire. Or, le gouvernement de l’astrophysicien Cheick Modibo Diarra peine à prendre ses marques, balloté qu’il est par une classe politique divisée entre partisans et adversaires du Capitaine putschiste Amadou Sanogo. Ce dernier, toujours retranché au camp militaire de Kati avec un quarteron de fidèles, détient toujours, en dehors de toute procédure judiciaire, d’autres militaires proches du régime défunt accusés d’avoir fomenté un coup de force contre les putschistes. On ne sait donc pas qui détient la réalité du pouvoir à Bamako. Et c’est ce que semble avoir compris le Sous secrétaire d’Etat américain chargé des Affaires africaines, M. Carston, lorsqu’il a déclaré sur le mode péremptoire devant le Congrès américain, alors que se tenait le sommet de Yamoussoukro que l’urgence était de consolider le gouvernement de Bamako. Les chefs d’Etat de l’organisation régionale ouest africaine semblent l’avoir pris au mot : ils sont revenus sagement sur la décision incompréhensible pour les démocrates africains de reconnaître le statut d’ancien président au putschiste Sanogo et refusent aussi toute négociation avec les terroristes, une manière de mettre fin aux discussions de Ouaga entre Blaise Compaoré et les islamistes d’Ansar Dine, auteurs des crimes culturels évoqués précédemment. Les chefs d’Etat demandent aussi un élargissement du gouvernement de Bamako de manière à y inclure les forces politiques. Mission difficile à court terme pour l’astrophysicien Cheick Modibo Diarra peu rompu aux jeux politiciens, en l’absence du président de transition Dioncounda Traoré toujours retenu à Paris pour les soins que nécessite son état de santé. Or le temps presse !

Or, s’il faut prendre le temps pour consolider le pouvoir de Bamako, comme le souhaitent « nos amis américains », on court le risque de renforcer l’emprise des fondamentalistes sur le nord Mali et même de tous les pays du Sahel jusqu’au Nigéria. Le spectacle des attentats aveugles dans les églises et autres lieux de culte se répandrait partout. Il urge que la Cedeao, parallèlement à sa mission de consolidation du pouvoir de Bamako, batte le rappel de tous les « pays du champ » : l’Algérie surtout mais aussi la Mauritanie, la Lybie, en plus du Nigeria qui vit déjà le phénomène terroriste avec Boko Haram, pour un front solide contre les fondamentalistes. Toute intervention au Mali qui ne prendrait pas en compte l’accord de ces pays serait vouée à l’échec, tant il est vrai qu’ils constituent des bases naturelles de repli tactique pour les islamistes. Les troupes de la Cedeao, à l’exception de celles du Sénégal, du Niger et du Burkina, peu habituées au désert sahélien pourraient seulement venir en appoint. Pendant ce temps, il conviendrait de reprendre langue avec les rebelles Touareg non convertis à l’islam radical, pour leur faire comprendre la nécessité de s’asseoir autour de la table de négociation. Leurs problèmes de développement et autres pourraient être pris en compte dans le cadre de l’Etat unitaire du Mali fortement décentralisé. Les forces ainsi coalisées pourraient bénéficier non seulement de la résistance déjà perceptible des populations Sonrhai, Malinké et autres restées au nord mais aussi de celles du Mali du sud fascinées par les rodomontades de la clique à Sanogo .L’enjeu est de mettre hors d’état de nuire ces forces obscurantistes d’un autre âge qui sèment la mort et la désolation sur leur passage , au nom des préceptes d’une religion figée au 6ème siècle de notre ère. 

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