Il est notoire que notre société est actuellement au cœur de graves crises socioéconomiques. Certaines se déroulent sur fond de conflits d’intérêt, d’autres de défense d’avantages acquis ou de revendications sociales ;
d’autres encore sur fond de divergence dans l’interprétation et l’exécution de contrat. De plus le vent réformateur qui secoue le pays génère des résistances diverses : somme toute le pays est sous tension. En cette difficile occurrence le peuple a-t-il l’assurance que le gouvernement est sur la bonne trajectoire: celle de la recherche de son bien-être ; lui accorde-t-il toujours sa confiance et que conviendrait-il de faire pour la ramener, le cas échéant?
En matière d’économie et de social, l’élément confiance fait, à n’en pas douter, partie intégrante des indices de développement. La confiance nationale, c’est la croyance en la légitimité des actions du gouvernement ; en leur adéquation avec le seul but envisageable qu’est l’amélioration du bien-être du citoyen, objectif de toute politique publique saine. C’est croire en l’aptitude technique, en l’intégrité morale, en la probité de ceux à qui le peuple a donné délégation aux fins de mettre en œuvre les différentes politiques pour lui assurer le bien-être auquel il aspire, défendant ses intérêts, à lui seul, à l’écart de toute dérive. La confiance, c’est aussi l’absence du stress social qui naît des rumeurs, du sentiment de ne pas être en phase avec la vérité dont les dirigeants sont enclins à faire l’économie et de l’incertitude du lendemain. C’est somme toute le sentiment de sécurité qui résulte de tout cela ; c’est se sentir aux portes de l’espérance. En revanche la crise de confiance naît de la rupture de ce sentiment ; elle est plus déterminante et plus impactante que toute autre forme de crise sociale en raison du fait qu’elle est déductive, elle résulte de situations sociales discordantes et confirmées : elle est donc le baromètre social par excellence. Ne pas la mesurer non seulement globalement mais aussi par institution et corporation au moyen de sondage tout au moins, si ce ne peut par enquête, est une grave lacune dans la gestion des affaires de l’Etat et des citoyens. Au rang des facteurs de perte de la confiance nationale nous retenons le manque d’information fiable qui entraîne les rumeurs, le déficit de dialogue et de transparence dans la conduite des affaires de l’Etat, l’absence de symbiose entre les Autorités dirigeantes et le peuple, la faiblesse de la puissance publique et ses atermoiements.
Déficit et rétention d’information
Le manque d’information notamment politique et économique peut provenir d’un simple déficit ou d’une rétention délibérée qui tous deux alimentent et donnent libre cours à supputations toujours déstabilisatrices de la paix sociale. Par déficit nous entendons une simple insuffisance technique en communication et par rétention nous comprenons une stratégie communicationnelle visant un objectif politique. La rétention d’information n’est légitime que lorsqu’elle vise spécifiquement à éviter ou à maîtriser une situation de panique généralisée; elle a donc normalement cours en situation de catastrophe ou afférente à un sujet brûlant susceptible de jeter le trouble dans la société. Elle a un caractère essentiellement provisoire et ne se justifie que le temps nécessaire pour préparer l’opinion à accepter la vérité ; elle ne devrait donc pas s’inscrire dans la durée. Déficit et rétention d’information conduisent aux rumeurs perturbatrices de la quiétude sociale. Nous faisons abstraction des ballons d’essai qui sont des techniques de communication pour jauger l’opinion et qui au demeurant peuvent ajouter à la confusion dans les esprits.
Le stress des rumeurs et des ‘’vérités de société’’
En appréhendant tous ses contours la rumeur peut se définir comme une nouvelle sans fondement, venue de nulle part et qui peut se révéler vraie ou fausse ; qui se répand de telle manière que l’on a peine à la circonscrire et à y mettre fin si ce n’est qu’en la confirmant ou en l’infirmant publiquement. Lorsque tel phénomène devient monnaie courante dans une société, il y a problème en ce sens que le bruit qui court qui n’est ni démenti ni confirmé et qui est laissé à lui-même finit par se constituer en ce que nous identifierions comme ‘‘vérité de société’’. Cette vérité se positionne alors comme la référence à laquelle l’on conforme dorénavant ses jugements et ses comportements discursivement. La rumeur installe ainsi le stress social pouvant entraîner la rupture de confiance entre la société et ceux qui sont chargés de la diriger ; la méfiance prend le dessus ; la suspicion aussi. Il se révèle que dans notre système, les informations précieuses sont souvent arrachées aux dirigeants notamment par l’entremise des syndicats en colère, à la faveur de crises sociales. N’est-ce pas que c’est en pleine grève des enseignants où les syndicats stigmatisaient rageusement les avantages dont sont supposés bénéficier les membres du gouvernement, que l’Etat a livré des indications sur les ratios de bonne gestion fixées par le Fonds Monétaire International. Que diantre ne pouvait-on les en informer en temps opportun, c’est-à-dire en temps de paix plutôt que de les laisser aller en grève dans l’ignorance au risque de perturber la société ; ce sont des partenaires sociaux après tout ! N’est-ce pas à la suite de virulentes déclarations sur la rémunération du Chef de l’Etat que les services des finances nous ont livré, en position défensive, des indications sur le sujet par bande traçante sur les chaînes de télévision, qui du reste ont manqué de convaincre une partie de la population ; qu’a donc cela de dignité qui force la confiance nationale? Il nous parait, et pour cause, que les Autorités n’appréhendent pas à leur juste mesure le fait que l’information objective et fiable peut être leur meilleur allié en situation de crise sociale.
Le manque de dialogue
Apparemment toutes les crises que nous vivons ces derniers temps, dégagent un dénominateur commun : le manque de dialogue suffisant en amont des décisions que prend le gouvernement. Toutes les grandes réformes sous tous les cieux impliquent le bouleversement des habitudes et aussi celui d’avantages considérés par la partie adverse comme définitivement acquis quand bien même de manière illicite des fois. Il convenait donc de s’attendre à des résistances farouches à la mesure des intérêts à défendre. Une gestion éclairée aurait pris ce paramètre en considération et en aurait eu raison par le dialogue ; ce qui apparemment n’a pas été le cas dans les grandes réformes qui sont entreprises. Peut-être n’avons-nous pas fondamentalement la culture du dialogue et que nous nous efforçons seulement, intellectuels que nous sommes, de greffer la notion sur notre culture traditionnelle? Peut-être les Conseillers des Autorités politiques sont-ils plutôt, dans leur ensemble, partisans de la manière forte : prendre la décision avant d’ouvrir les négociations éventuellement, présumant se mettre ainsi se mettre en position avantageuse dès le départ ? Mais le hic c’est que cette stratégie ne répond pas toujours aux attentes. Elle s’avère généralement efficace lorsque l’on se trouve en face d’interlocuteurs faibles et divisés. Elle ne fonctionne pas si l’on fait face à un front uni et déterminé. En réalité je ne sais pas répondre correctement à la question de savoir pourquoi l’on ne fait pas suffisamment appel au dialogue dans notre système pourtant démocratique, n’étant ni ethnologue ni Conseiller. Je sais pourtant que dans notre histoire politique d’avant l’arrivée des forces d’occupation, des bribes de dialogue et de démocratie naissants faisaient déjà partie de notre culture traditionnelle quand bien même elles ne s’étaient écloses que dans les temps modernes avec la multiplicité de leurs formes, notamment les libertés individuelles et publiques sous l’influence de notre culture d’apport. L’espace Agora grec (assemblée de la cité antique) et la première Assemblée nationale française de 1789 n’étaient pas bien loin de l’espace Agori de la cour de nos rois qui était compartimenté en plusieurs sections dont l’une était réservée aux palabres et au verdict en matière de justice. L’on y défendait ses points de vue et ses positions sur la gestion de l’Etat ainsi que le rapporte le français Edouard Foa chargé de mission scientifique dans son ouvrage le Dahomey écrit en 1891 qui met ainsi un bémol à la thèse de la dictature intégrale de nos rois. Nous avons donc une histoire du dialogue dont font partie les palabres sous l’arbre et l’on ne comprend pas bien pourquoi ce dialogue nous devient si étranger dans les temps modernes.
Le manque de transparence
En l’absence de dialogue, il ne peut y avoir transparence et le manque de transparence entraîne la panoplie des travers sociaux que sont précisément les rumeurs, les sous-entendus, la suspicion, la méfiance et la perte de confiance nationale conséquemment. S’il y avait eu suffisamment de transparence dans la gestion des affaires de l’Etat, nous aurions su depuis belle lurette qu’en réalité l’économie de notre pays était entre les mains d’une poignée d’individus qui tient toute la population en laisse et qu’il fallait briser le carcan. Nous aurions compris depuis fort longtemps que les prix des denrées alimentaires que nous achetons pour vivre notre traintrain quotidien n’obéissent guère à l’équilibre naturel de l’offre et de la demande qui devrait régir l’économie libérale qu’est la nôtre mais résultent en fait des tractations aussi bien illégales qu’illicites liées aux montants de ce que le lexique officiel appelle pudiquement les «faux frais». Le chef de l’Etat, esseulé qu’il était avec son gouvernement, aurait alors eu spontanément et franchement à ses côtés l’allié de taille qui, au bout du compte, lui a manqué à savoir la population entière qui hésitait.
Le défaut de symbiose entre les dirigeants et le peuple
La perte de confiance en nos dirigeants s’explique également par le déficit de sympathie et de symbiose entre eux et le peuple qu’ils sont censés servir. Dans notre système, il est remarquable que les dirigeants une fois installés à leur poste, que ce soit à la suite d’élections ou de nominations, s’enferment dans leur tour d’Ivoire que sont les confortables bureaux et qu’ils ne recherchent pas outre mesure le contact avec la société. Il convient de reconnaître cependant que de timides efforts ont été faits ces derniers temps pour coller au peuple mais ils restent sporadiques et se limitent aux temps de crise. J’ai vu des présidents des Etats-Unis d’Amérique faire du jogging en plein jour sans flonflon autour d’eux ; j’ai vu des voitures de ministres s’arrêter aux feux rouges comme tout le monde, sachant faire la part des choses entre situation d’urgence qui justifie utilisation de sirène et dégagement de chaussée d’une part et situation qui n’a pas le caractère d’urgence et qui ne requiert donc pas de mesures exceptionnelles d’autre part. J’ai vu dans les pays scandinaves des ministres emprunter le transport en commun et se soumettre à ses contraintes. Loin de nous l’idée de suggérer que nos Autorités empruntent la voie du Zemidjan pour leurs déplacements privés ; nous citons le cas juste comme symbole de communion avec le peuple.
Par ailleurs nos dirigeants ne posent pas des actes forts qui témoignent de leur solidarité avec le peuple notamment dans les moments difficiles. Ceux qui nous ont légué leur culture d’apport venant se mêler à la notre fondamentale, nous ont transmis le culte du secret dans maints domaines. Mais eux-mêmes ont évolué depuis lors tandis que nous autres sommes restés avec nos conceptions surannées. Ils nous avaient enseigné par exemple que le salaire était affaire privée et qu’en faire état était une atteinte à la vie privée des gens. Mais ils ont eu tôt fait de comprendre eux mêmes que tout salaire servi à quelqu’un était en définitive payé par le citoyen et qu’il n’est pas juste que celui qui paie ne puisse pas savoir comment on utilise son argent en son nom à défaut de n’en pouvoir fixer lui-même le montant. J’ai entendu le gouvernement Sarkozy par la voix de son Chef du gouvernement geler les salaires des ministres. J’ai entendu le gouvernement ivoirien de Monsieur Laurent Gbagbo annoncer qu’il retenait un mois de salaire de tous ses membres pour venir en aide aux plus démunis de la Nation. J’ai entendu dire que le Président de la Grèce a renoncé à son salaire en raison de la crise économique qui sévit dans son pays. Nous avons tous appris que le Président français François Hollande a décidé de la diminution des salaires de tous les membres de son gouvernement et de lui-même, à hauteur de 30% de ce que percevaient ceux du Gouvernement précédent ; qu’il a remis en cause les salaires mirobolants et les primes fantaisistes que touchent les grands patrons quand ils quittent leurs postes ; qu’il a établi une corrélation directe entre le salaire minimum de croissance (SMIC) et les plus hauts salaires. Toutes ces mesures participent de la symbiose avec le peuple et induisent la confiance nationale mais de mémoire d’homme, rien de tel ne s’est produit dans notre pays jusqu’alors.
La faiblesse de la puissance publique et ses tergiversations
Les manifestations de faiblesse de la puissance publique sont légion mais il faut reconnaître qu’elles ne sont pas le lot du seul régime en place ; tant s’en faut et l’héritage est bien lourd. Lorsque j’entendais et que je voyais le Ministre de l’environnement sur le site de xwlacondji, bien avant la séquence du déguerpissement, faire état de sa détermination à déplacer les riverains en rappelant que la décision a été prise depuis fort longtemps alors que les intéressés demeurent toujours sur le site, j’étais perplexe. J’étais perplexe parce que je m’étais demandé si je devais louer la détermination dont le ministre faisait montre ou plutôt stigmatiser la défaillance de la puissance publique qui n’a pu faire exécuter à temps la décision de déguerpissement prise par le gouvernement des décennies auparavant. Lorsque je vois le même ministre ainsi que d’autres de ses collèges faire le tour des chantiers abandonnés par des concessionnaires privés et obligés de les faire exécuter en régie, ou recruter à postériorité un cabinet pour vérifier l’état des travaux, le contribuable que je suis se pose des questions qui entament sa confiance. L’Etat n’a donc t-il pas un bureau de contrôle systématique des travaux concédés afin de s’assurer de la bonne utilisation de l’argent que nous prend le fisc?
Lorsque Monsieur le Maire se saisit de l’occasion de la visite papale pour oser affronter tambour battant l’insalubrité et le désordre qui se sont installés dans la ville de Cotonou et qui, au demeurant sont revenus au galop comme le naturel avec le départ du Souverain Pontife, c’est un aveu de faiblesse de la puissance publique et le public n’en est pas dupe ; la confiance en pâtit.
Les fonctionnaires du Ministère des Finances ont fait six bons mois d’une grève perlée ; il ne me souvient pas que le pays ait jamais été secoué par une grève de telle ampleur. Au reste, droit a été fait à leur requête de façon on ne peut plus discriminatoire par rapport à l’ensemble des fonctionnaires. La pression des financiers sur l’Etat a été telle que même la décision de la Cour Constitutionnelle qui a déclaré les revendications illégales n’a pu permettre au gouvernement de faire marche arrière et reprendre ce qu’il a concédé. Cette situation a érodé fortement l’autorité de l’Etat et y a ouvert une brèche dans laquelle s’étaient engouffrés sans état d’âme d’autres syndicats ; aussi avons-nous subi les affres d’une grève dramatique et impitoyable qui a plongé la population entière dans la consternation et la détresse d’autant qu’elle impliquait l’avenir de nos enfants. De part le truchement de notre culture d’apport nous avons hérité d’une philosophie sociale contestataire avec une propension à la grève. L’esprit frondeur qui en résulte des fois gêne considérablement l’exercice de la puissance publique et l’affaiblit.
Les hésitations et les tergiversations sont des phénomènes humains et le gouvernement est composé d’humains. L’on ne peut jeter l’opprobre sur lui parce qu’il est revenu au nom de l’intérêt national sur un contrat qu’il a signé. Nécessité morale de respecter la parole donnée, certainement ; nécessité morale et juridique d’honorer sa signature apposée au bas d’un document tout aussi certainement mais lorsque dans l’exécution, du contrat il se révélé qu’il appauvrit non pas un individu mais tout un peuple au nom de qui il a été signé, il y a lieu de le reconsidérer. La voie de la renégociation est la plus approprié mais lorsque des embûches se dressent sur cette voie il convient de prendre des mesures conservatoires énergiques. Pour une fois que l’Etat a ainsi exercé pleinement sa puissance publique dans les affaires du Programme de vérification des importations et des intrants agricoles, que n’a-t-on pas entendu dire si mal à propos ? J’ai bien envie de dire sans rire que sous nos cieux partout ou passe l’argent les opinions se modèlent et les résistances trépassent : vérité de société. Mais où le bât blesse c’est que l’Etat a beaucoup hésité dans le règlement des dossiers dont il est question. Tour a tour il nous a dit avec forte opération de communication dans un premier temps que le Programme de vérification des importations était la meilleure chose à faire, puis dans un second temps que c’est la chose qu’il ne fallait pas faire révélant ainsi tout à la fois l’impréparation du dossier en amont, la légèreté ou la complicité des techniciens qui y ont travaillé. Le peuple, même sa frange la plus éclairée, ne comprenait déjà pas grande chose aux nombreux problèmes que posaient les deux dossiers qui s’emberlificotaient ; et lorsqu’en plus de cela il s’est rendu compte que la puissance publique hésitait, il a eu fini d’avoir confiance en elle.
Le point d’orgue : l’intervention du Médiateur de la république
Le Médiateur de la République est une personnalité de haut rang qui a fini de faire ses preuves aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du territoire national. L’audience et l’autorité dont il jouit ne permettent pas l’outrecuidance de juger à la légère ses déclarations et ses prises de positions ; c’est un homme de rassemblement, une personnalité médiane, navigant entre les institutions et les positions pour parvenir à la conciliation. Il inspire respect et confiance au peuple ; et à travers lui, de quelque manière, respect et confiance du peuple envers le pouvoir politique. Et il vient de stigmatiser publiquement la gouvernance du pays ! S’il a jugé utile à un moment donné de descendre dans l’arène politique pour faire valoir ses jugements, c’est qu’il a probablement de bonnes et suffisantes raisons de le faire. En tout état de cause c’est un maillon de la confiance nationale qui s’est effrité et qui a ébranlé les esprits. Prise de distance ou pression salutaire pour faire admettre le sérieux de la situation au Chef de l’Etat, les motivations peuvent être différentes et diversement appréciées mais le résultat est certainement le même : amener à la réflexion. Le Médiateur reste d’ailleurs dans son rôle lorsqu’il propose au Chef de l’Etat d’organiser une ‘’rencontre de vérité.’’.
La sainte alliance : un must
Ce n’est pas seulement la guerre où le sang coule qui fait sonner le tocsin du rassemblement des forces de la nation et qui provoque la sainte alliance. Le pays est sous tension et il a déjà péril en la demeure ; les partis politiques devraient, sans préjudice de leur juste souci d’alternance, accepter d’apporter leurs contributions aux prises de décisions et au règlement des contentieux qui empoisonnent l’économie du pays; prêter main forte au Chef de l’Etat pour que nous sortions de ce bourbier de crises à répétition cela d’autant qu’il en est à son dernier mandat et que ceux qui lui succéderont ne pourront en tirer que le meilleur bénéfice. En tout état de cause, il est de notre conviction profonde qu’un parti politique, quand bien même issu des urnes, ne peut conduire à lui seul, les affaires de l’Etat dans un pays en développement comme le nôtre. De même manière nous pensons que dans tel pays, l’opposition ne peut se cantonner dans son rôle classique de détraction systématique de ce qu’entreprend le parti au pouvoir ; aussi écrivions-nous déjà au lendemain des élections présidentielles dans un article intitulé ‘ Scrutin et Démocratie en date du 14 Avril 2011 : «qu’il appartient à celui que le peuple vient de porter à la magistrature suprême de considérer, au nom de l’unité nationale et à l’abri de tout triomphalisme, comment amortir les chocs crées par les rivalités partisanes au cours de la campagne électorale….» «L’apaisement réside certainement dans un gouvernement d’ouverture….» «. Si le partenaire ne pouvait être nommément le candidat qui a représenté la grande coalition, l’Union fait la Nation, peut-être suffira t-il qu’il soit de son obédience politique ou même qu’il représente une partie de l’opposition en dehors de l’Union….». «L’histoire retiendra alors que nous avons été aux élections présidentielles de 2011 avec une LEPI inachevée certes mais qu’en bons démocrates nous avons su compenser cette situation en optant pour un gouvernement de consensus…»
De plus nous sommes dans un système où tout converge vers le Chef de l’Etat ; socialement ce n’est pas un simple régime présidentiel quand bien même il l’est juridiquement. Les constitutionnalistes m’en voudront si je lui joignais, profane que je suis, l’attribut ‘’personnalisé’’. Ce que je veux signifier c’est que nous vivons sous un régime où le public n’à foi qu’au chef de l’Etat qui, par la force des choses, se retrouve en première ligne plus souvent qu’il ne devrait. Popularité assurée certes mais avec le revers de la médaille : c’est l’effacement de ses ministres et partant, le flou dans les responsabilités gouvernementales ; c’est le risque de banalisation des apparitions du Chef de l’Etat ; c’est aussi celui qu’il ne soit plus écouté ; que son autorité en pâtisse et s’érode emportant avec elle la confiance nationale. Et c’est ce à quoi nous assistons de temps à autre.
L’heure est grave et toutes les forces tant politiques que commerciales ; médiatiques aussi, faiseuses d’opinion sans coup férir, devraient se liguer pour juguler de manière citoyenne ces crises que nous vivons si mal. L’heure est suffisamment dramatique pour que l’on ne s’en amuse plus sous le couvert de critiques partisanes. La jarre perd l’eau ; nous nous devons d’y appliquer toutes nos mains solidaires autrement nous périrons tous de soif uniformément. Et le forum économique initié par le Chef de l’Etat est certainement la meilleure voie pour nous sortir du bourbier. Toute crise est passagère et porte en elle sa solution.