Au quatrième tour enfin, le suspense qui durait depuis six mois a connu son épilogue. Le cri de victoire que poussa la délégation sud africaine s’est répandu sur tout le continent. Nkozana D. ZUMA venait d’être élue pour présider la Commission de l’Union Africaine.
Submergée par l’émotion, les membres de la délégation se congratulaient, tout en affichant une certaine discrétion. Histoire de ne pas fâcher davantage l’autre camp.
En effet, il y a eu une petite friction pour ne pas parler de fissure entre les deux blocs de l’organisation : les grands pays et les petits pays; les francophones et les anglophones. Mais au-delà de tout ceci, c’est l’Afrique qui a gagné. Ce qui retient l’attention en plus, c’est une femme. Et Nkozana le répétait avec force ; il est temps qu’une femme prenne les rênes de l’organisation.
Une première dans l’histoire des organisations supra africaines
Depuis le dimanche 15 juillet dernier, une femme a été élue pour présider la Commission de la plus haute organisation mise en place par l’ensemble des Etats indépendants du continent, pour être le creuset ou se prennent les grandes décisions engageant la vie des populations africaines.
La Sud-africaine N’Kosazana DLAMINI-ZUMA a été élue après quatre tours de scrutin. Elle est toujours restée en tête des différents tours de scrutin jusqu'à ce que son challenger, le sortant Jean PING jette l’éponge. L’événement est considérable, car depuis la création de l’OUA en mai 1963 et sa transformation en UA, c’est la première fois qu’une femme est appelée à prendre les commandes de sa structure exécutive. Après six mois d’une situation forte de discussions et de manœuvres politico-diplomatiques qui nuisaient à l’image de marque de l’UA, les chefs d’Etat réunis à Adis Abeba, ont fini par comprendre qu’il leur fallait enfin inscrire leurs actions dans le sens de l’histoire. L’élection de N.DAHLIMI ZUMA est en effet, un acte historique à plusieurs titres :
Le pays d’origine de la nouvelle présidente, native du pays du héros vivant Nelson MANDELA, chantre de la lutte pour le respect de la dignité de l’homme noir.
Elle-même militante déterminée contre l’apartheid et intellectuelle car médecin de formation.
Ministre depuis 1994, et de départements clés comme les Affaires étrangères pendant une dizaine d’années et ministre de l’intérieur jusqu'à son élection. Intellectuelle et femme politique formée dans la lutte contre une des formes les plus avilissantes de la condition humaine qu’a connu l’Afrique, c'est-à-dire dire l’apartheid. Elle s’est forgée à la force de ses poignets ; quand on écoute les témoignages, elle n’a eu à bénéficié de l’aide d’aucun mentor, d’aucun soutien politique, non plus de son ex mari de président. C’est une femme qui a vraiment « mouillé le maillot », a combattu le bon combat pour se retrouver là où elle atterrit aujourd’hui.
Un exemple pour toutes les femmes africaines
Cette femme au caractère bien trempé est en effet un exemple pour toutes les femmes africaines. Chacune dans son domaine de prédilection, nous devons savoir que seule la lutte paie. Utiliser des voies de raccourci pour vite arriver au sommet de la gloire ne fera que précipiter notre chute. Seule la lutte menée sur le front de l’engagement citoyen, sur le front des valeurs héritées de nos cultures ancestrales, transmises de génération en génération par les gardiennes du temple que nous sommes nous, les femmes d’Afrique, permettra de sortir nos pays de la précarité et d’offrir au continent des modèles genre N. DLAMINI-ZUMA.
La commission de l’UA pourra bénéficier de l’expérience accumulée aux différents postes qu’elle a eu à occuper. Il est temps de sortir de cette crise qui a paralysé l’institution six mois durant et a imposé au président Boni YAYI d’être sur tous les fronts, en tant que président en exercice de l’UA. C’est une victoire de l’Afrique et non des Anglophones sur les Francophones. Et comme l’a dit la dame de fer elle-mêmedans son style direct, plein d’humour : « Ce n’est pas l’Afrique du Sud qui va déménager pour s’installer ici, en Ethiopie au siège de l’UA, mais moi, N. D. ZUMA.
Une mandature de grands conflits
De grands défis attendent la dame de fer ; regrouper tous les Africains après ces batailles fratricides, et se mettre sérieusement au travail. Elle ne pourra réussir toute seule ; elle a besoin de l’engagement des 54 Etats africains, pour relever les grands défis de l’heure : la crise malienne, la guerre fratricide au Souda, et l’éternelle Somalie.
Mais quel miracle opérer lorsque le budget de cette grande organisation africaine dépend à 77% de l’Union Européenne. What a pity ! Comme disent les Anglais.
Bon vent à N. DHLAMINI ZUMA. Victoire à L’Afrique et à son union retrouvée.