Nous avons chacun de nous une identité. En ce que, banalement dit, nous sommes ce que nous sommes.
Nous nous distinguons ainsi de ce que nous ne sommes pas et que nous ne serons jamais. Mais comment tracer notre identité dans les communautés humaines où nous vivons ? Comment matérialiser notre relation au pays auquel nous nous référons ? Comment donner corps et forme à notre sentiment d’appartenance à ce pays ? Comment notre identité d’homme ou de femme s’accomplit-elle sur le terreau de la citoyenneté, dans un espace territorial comme le Bénin, notre pays ?
Dans l’Afrique de nos ancêtres, en plus d’une ère culturelle, les cicatrices sur le visage de quelqu’un servent de marques identitaires. Celui qui les porte est ainsi paramétré pour ainsi dire. Il est identifié à sa tribu, à son clan, à sa famille, à sa fratrie. Le monde moderne développe un nouveau mode de gestion de l’identité administrative. Il s’agit de l’état civil. Il est basé sur un système d’enregistrement des naissances, adoption, légitimation, décès, mariages, divorces…etc.
Les plus hautes autorités béninoises, assistés d’éminents spécialistes, réfléchissent depuis le 17 juillet, à Cotonou, sur la réforme de l’état civil au Bénin. Une réforme rendue nécessaire par les dysfonctionnements qui affectent tout le système. Nombre de citoyens ne disposent pas d’actes de naissance. Les mariages et les décès ne sont pas régulièrement déclarés. Il en est de même des divorces et de bien d’autres actes.
Ne parlons pas de l’industrie de la contrefaçon qui envahit le système de ses sous-produits prohibés. Des scanners de plus en plus puissants permettent une numérisation des textes et des images en définition et en résolution parfaite. L’original n’est que bien terne et bien pâle à côté de la copie. Des officines clandestines travaillent nuit et jour à fabriquer de faux passeports, de faux visas, de faux badges… N’excluez pas, qu’en ce moment même, des gens occupés à divers trafics maffieux, sillonnent le monde sous votre identité. Personne n’est à l’abri. Nous sommes tous des victimes en puissance.
Tout se trafique, tels les actes de naissance. Tout se détourne, telles les cartes d’identité. Tout se falsifie, tels les titres de voyages. Tout se contrefait, tels les permis de conduire, les cartes d’électeurs, les cartes de pension de retraites ou de sécurité sociale. Le mal est profond. Il ne peut appeler que des réformes profondes. D’où toute l’importance de ce Forum national sur la réforme de l’état civil au Bénin. A mal profond, remède efficace. Comment s’y prendre ?
Nous pouvons faire appel aux ressources de la science, de la technique et de la technologie. Leurs actions et leurs effets touchent à la totalité des domaines d’activités des hommes. Le système de gestion de l’état civil n’est donc pas une zone d’exception, une zone réfractaire à l’invention et à l’innovation. Le numérique, dans son dynamisme exponentiel et sans frontière y trouve un champ d’application.
Ce n’est pas un crime de regarder, de temps en temps, par-dessus la palissade, poussés par la curiosité de savoir ce que font les autres, les résultats qui sanctionnent leurs recherches. Tant mieux si, en la matière, l’initiative est locale, adossée, qui plus est, à une expertise nationale, avec des chercheurs et des spécialistes béninois. C’est ce que nous avons découvert, avec ravissement et surprise, au cours du Forum. Une Société de la place affirme, en effet, avoir la bonne solution à l’épineux problème de l’état civil au Bénin. C’est une société béninoise, de droit béninois, pilotée par des Béninois.
Cette Société propose la formule du «numéro unique d’identification» pour chaque citoyen. Ce numéro est censé condenser des informations multiples allant du sexe au mois et à l’année de naissance, du lieu de résidence au pays de naissance, des activités professionnelles à la connexion à divers réseaux : sécurité sociale, abonnement à l’eau et à l’électricité, permis de conduire… Pour opérationnaliser ce numéro unique et sécuriser les informations qu’elle porte, plusieurs approches techniques sont proposées. Elles débouchent sur une préoccupation finale : informatiser et centraliser l’état civil du Bénin sur un serveur étalonné comme l’unique référence et source pour les différentes administrations. Le numéro unique d’identification règle, du coup, les problèmes afférant à la carte d’identité nationale, au passeport, à la carte consulaire, à la carte d’électeur, à la carte professionnelle…C’est tout simplement une révolution. Une révolution frappée du label béninois. Cela ne peut qu’exalter notre fierté d’être Béninois. Identité oblige !.