Elle était attendue. La décision de justice relative au football est tombée. L’arrêt de la Cour d’Appel de Cotonou, en date du 12 juillet 2012, pourrait siffler la fin d’une crise vieille de près de deux ans. Une crise qui a laminé et mis en lambeaux notre sport roi.
Tout dépend, désormais, des différentes parties à cette crise. Lesquelles pourraient ne pas avoir la même lecture de cet arrêt et de son exécution. Lesquelles pourraient tomber dans un triomphalisme qui ouvre de nouvelles plaies à côté d’anciennes toujours vives. Lesquelles pourraient faire traîner les choses, gagner du temps, en usant de l’ultime recours qu’offre la justice : la cassation.
Dans un cas comme dans l’autre, il n’est pas sûr qu’on rende service à notre football. On en prolongerait l’agonie sur l’autel d’intérêts égoïstes. On se mettrait en position de rébellion vis-à-vis de la justice de son pays. On chercherait à gagner du temps en en faisant perdre à un football qui n’a plus le temps d’attendre l’intervention des médecins de la onzième heure. L’enjeu est clair. Il ne souffre la moindre ambiguïté. Il s’agit, à travers le football, de faire triompher le Bénin.
Faire triompher le Bénin, c’est, d’abord, établir la primauté de Cotonou sur Lausanne. Le droit dit à Cotonou, c’est le droit du Bénin. Tous les acteurs impliqués dans la crise sont Béninois. Les uns et les autres ont jusqu’ici défendu les intérêts du Bénin à travers son football. Qui osera prétendre le contraire ? Anjorin Moucharafou sommé d’abandonner la présidence de la Fédération ? Victorin Attolou appelé à présidé aux destinées de celle-ci ? Tout pourrait les opposer. Mais ils ont un dénominateur commun : le Bénin.
Dès lors que les divers protagonistes sont Béninois, il serait sain qu’ils se soumettent aux décisions de la Justice du Bénin, leur pays. Plutôt l’arrêt de la Cour d’appel de Cotonou que la décision du tribunal arbitral de Lausanne, en Suisse. Ces principaux acteurs de notre football devraient même, par amour du pays, formaliser et proclamer haut et fort, dans un communiqué commun, cette primauté de la Justice du Bénin.
Faire triompher le Bénin, c’est, ensuite, trouver la paix du cœur en sa maison, avant d’aller chercher le salut à l’extérieur, dans la maison des autres ou dans la maison de tout le monde. Notre Fédération nationale, c’est notre maison béninoise du football. Aucun oiseau, à en croire les Baoulé de la Côte d’Ivoire, ne se fâche contre son nid, n’y met le feu. A l’instar de l’enfant prodigue, tous ceux qui se sont éloignés de la maison reviendront au bercail. Et nous tuerons le veau gras des retrouvailles. C’est une question de temps. Car il faut donner du temps au temps pour que se dissipent les rancoeurs, pour que se cicatrisent les plaies.
La Fifa, c’est la maison internationale du football. Elle n’est forte et puissante que par la force et par la puissance de chacune des maisons nationales du football. C’est une erreur de vouloir coûte que coûte installer la Fifa dans le rôle d’un épouvantail, ou dans celui du Père fouettard. Elle serait ainsi appelée à frapper à l’aveuglette, à partir de critères rigides et non intelligents. C’est, nous semble-t-il, faire de la mauvaise publicité à cette vénérable maison que de la peupler de bourreaux cagoulés. Mission : exécuter les pays montrés du doigt comme les moutons du sacrifice, envoyer à l’abattoir leur football. Si la Fifa devait ainsi s’illustrer, elle finirait bien par scier la branche sur laquelle elle est assise.
Faire triompher le Bénin, c’est, enfin, reconstruire notre football, en le dotant d’une force d’organisation et de compétition qui rencontre la passion de ses millions de fans. Quelqu’un a dit qu’on n’explique pas une passion. Il faut simplement en constater les manifestations. Il faut en apprécier les effets. Au regard de quoi, nous osons affirmer que le Bénin est terre de football. Le Bénin est un pays où l’on voue un véritable culte au football. Même si les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. Reconstruire le football béninois, c’est mettre en adéquation cette passion qui nous soulève avec des résultats qui nous élèvent au niveau d’une grande nation sportive respectée et respectable.
Tous les amis du football, officiels et non officiels, sont d’accord là-dessus. C’est le but principal déterminé de tous. S’il en est ainsi a-t-on encore besoin d’être membre d’une fédération de football avant d’affirmer la capacité d’y contribuer ? A-t-on besoin d’être adoubé par Cotonou ou par Lausanne avant de se reconnaître comme bon pour le service ? L’heure est au travail sur les chantiers de notre sport roi. Que cessent donc les querelles, pour que triomphe notre football.
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