Gbian tente de ‘‘cacher’’ l’acuité de la crise

Le ministre de l’Economie et des Finances Jonas Gbian a accordé hier avant-hier une interview à nos confrères de la télévision nationale. Selon ses déclarations, le Bénin n’a aucun problème de trésorerie. Une déclaration qui suscite des interrogations au regard de la morosité économique  dans laquelle vivent les béninois.

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Propos rassurants, une sérénité qui dissipe les émois et les inquiétudes distillées ces derniers jours dans l’opinion. L’argentier national a réussi dimanche dernier sa première sortie médiatique en tant que ministre des finances. A la veille d’un remaniement ministériel annoncé très déterminant, Jonas Gbian a joué un bon coup et peut espérer conserver son maroquin. « Pour ce qui est de la gestion des finances publiques, je dois dire qu’après qu’on ait assaini le cadre macroéconomique, il est impensable d’ailleurs à court terme, que nous ayons des problèmes concernant  le paiement des salaires et autres. (…) A la fin juin, c’est-à-dire, le premier semestre 2012 l’ensemble des recettes fiscales est supérieur aux objectifs qu’on s’est fixés avec le Fmi. Et lorsque nous regardons à l’intérieur des recettes fiscales, chaque administration a pu atteindre les objectifs qui lui ont été fixés, tant l’administration des douanes que celles des impôts, de sorte que globalement nous avons  donc un niveau qui est largement supérieur aux objectifs. (…).Je crois que c’est le moment de dire aux Béninois que le Bénin n’a aucun problème de trésorerie, aucun problème de finances publiques, aucune difficulté pour payer les gens », ainsi s’exprimait le ministre Gbian hier. Quoi de plus rassurant. Seulement voilà, les propos du ministre amènent à certaines interrogations et réflexions. Au cours de cette intervention, le ministre des finances a parlé comme « Monsieur tout le monde ». Les affirmations du ministre n’ont été étayées par aucun chiffre, aucune statistique. C’est pour la première fois qu’un ministre des finances fait une si longue déclaration sans faire recours à des chiffres. Pour le ministre Gbian, il n’y a aucun péril sur l’économie nationale. Pourtant, le Bénin a un taux d’impayés au niveau de la dette intérieure jamais égalé. Il y a quelques mois, l’agence de notation Fisch a cité le Bénin comme un des mauvais payeurs de la dette intérieure. Depuis, les choses n’ont pas tellement évolué. Le taux d’impayés fait que certaines entreprises ou sociétés privées sont obligées de mettre la clé sous le paillasson, entrainant du coup des centaines de licenciements. Plusieurs Béninois travaillant dans les ambassades et chancelleries du Bénin à l’extérieur se plaignent de retards qu’accusent leurs salaires. Le vendredi dernier au cours d’une communication qu’il a présentée dans le cadre des journées de l’union, le secrétaire général de la Fesyntra Finances a bien stigmatisé l’usage abusif des ordres de paiement, des décaissements arbitraires mais aussi des gaspillages de ressources. Il a aussi stigmatisé l’échec des reformes qui ont contribué à baisser de façon drastique les recettes fiscales à cause de l’évaporation du flux portuaire vers les ports voisins. Le ministre des finances n’a pu expliquer comment en est- on arrivé à être le dernier de la zone Uemoa. Et comment la pauvreté a pu gagner les Béninois à ce point. A ces questions, le ministre Gbian est resté muet. Sur les questions de fiscalité, les entreprises ont connu une forte pression cette année. Ce qui a conduit certains à fermer les portes. A entendre vraiment le ministre Gbian parler, on aurait cru qu’on ne vit pas au Bénin.

Gbian fait de la communication sélective

Dans son interview, le ministre Jonas Gbian a fustigé le comportement des journalistes qui, selon lui, ne viennent pas s’informer à la source avant d’écrire. Il ajoute que ses portes sont ouvertes. Cette appréciation du ministre n’est pas très juste. A entendre le ministre, lui rendre visite est aussi facile qu’aller au marché Dantokpa. Et le fait pour lui de recevoir un journaliste pour un exercice similaire est aussi facile. Le ministre semble occulter les contraintes, nombreuses, qu’on rencontre en tant que journaliste en voulant rencontrer un ministre. Le ministre pouvait aussi se renseigner auprès de ses collaborateurs directs pour savoir le nombre de journalistes qui ont émis ce souhait avant l’Ortb. Dans le même temps que le ministre affirme que cette interview est initiée par nos confrères, le Matinal affirme  avoir été invité par le ministre. La preuve, un autre confrère est arrivé sur les lieux a été éconduit. Si le ministre des finances voulait vraiment donner l’information à tout le monde, pourquoi n’a-t-il pas fait inviter tous les organes qui ont écrit sur la crise ?  

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