«Kpayo» : guerre de prix entre importateurs, grossistes et vendeurs

L’essence frelatée communément appelée «kpayo» se raréfie depuis vendredi dernier. Depuis lors son prix connaît une hausse. Des signes avant-coureurs d’une nouvelle crise énergétique qui pourrait engendrer une nouvelle pénurie du liquide précieux.

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Bouteilles et bidons vides négligés et étalages abandonnés par endroit. En d’autres lieux, ce sont les longues queues formées par les engins venus se ravitailler qui impressionnent. Les prix de vente du «précieux liquide» sont transmis de bouche à oreilles entre commerçants et acheteurs. Plus d’inscription de prix sur les bidons. Le prix du carburant est désormais un secret de polichinelle. C’est le constat fait hier dans  plusieurs stations «Kpayo» le long de la voie quittant Calavi pour Cotonou. Dans les quelques stations «Kpayo» sillonnées, où l’essence frelatée est encore trouvable, elle est cédée entre 550 et 700 Fcfa. Ce qui équivaut à un renchérissement du prix entre 100 et 250F. C’est depuis la semaine dernière que les consommateurs ont commencé à vivre les conséquences fâcheuses de cette hausse du prix du carburant. Selon Jacques, un conducteur de taxi-moto et grand consommateur de «Kpayo», c’est une crise artificielle créée par les grossistes qui serait la principale cause. Selon ses explications, ces grossistes mus par leur intérêt mercantile, n’ont trouvé d’autres moyens que d’augmenter le coût de l’essence. Cette version des choses est confirmée par Cossi, un autre conducteur de «Zemidjan» rencontré non loin d’un point de vente d’essence frelatée au Carrefour «la vie» à Vèdoko. Aux dires d’un autre usager, c’est plutôt un bras de fer entre grossistes et revendeurs qui est à l’origine de la crise qui sévit dans le secteur du «Kpayo» au Bénin.

Le nerf de la guerre

Selon nos investigations, une réunion de crise a eu lieu le vendredi dernier dans la matinée au Qg des grossistes au débarcadère de  Mènontin. Après des heures de chaudes discussions, importateurs et grossistes n’ont pu accorder leurs violons au niveau du prix de cession aux vendeurs en détail installés aux abords des rues. En fait, la pomme de discorde serait née de la hausse unilatérale des prix par les premiers sans consulter les semi-grossistes et les vendeurs en détail. Ces derniers ont souhaité acheter le produit au prix habituel afin de le revendre à 450F aux consommateurs. Ce qui n’est pas du goût des grossistes et importateurs qui affirment que ce prix ne leur est pas bénéfique depuis la dernière crise qui a secoué la filière en  Janvier dernier après la levée des subventions du gouvernement nigérian. Les deux camps sont restés campés sur leurs positions. Les uns demandant aux autres de respecter ses choix. C’est donc à cause de  ce désaccord autour des prix que les importateurs et grossistes ont décidé de faire main basse sur les stocks et même de surseoir provisoirement à l’importation en attendant que les deux parties fument le calumet de la paix. C’est cette situation qui a créé la raréfaction et la surenchère du Kpayo sur le marché. L’offre étant inférieure à la demande.  Et comme le dit un adage africain «quand les éléphants se battent, ce sont les herbes qui en pâtissent», les consommateurs de «l’or noir» frauduleusement importé du Nigeria  peuvent continuer par subir les sauts d’humeur entre grossistes et revendeurs. Et cela jusqu’à quand,  on ne saurait le dire.

L’Etat semble avoir déposé le tablier

On ne le dira jamais assez. Le secteur informel poursuit son dictat au Bénin. Et le gouvernement montrant les limites de ses réformes engagées dans ce secteur, a jeté l’éponge et semble abandonner le consommateur lambda dans les griffes du grossiste informel. Des sauts d’humeur de ce dernier naissent des crises qui mettent au ralenti les activités économiques de la ville capitale économique. Dans le domaine de l’approvisionnement du pays en carburant, la situation est alarmante et les guéguerres entre grossistes et revendeurs en détails rendent difficiles les déplacements à Cotonou. Mais malgré les chiffres alarmants rendus publics chaque année par les structures en charge des statistiques, l’Etat semble ne pas prendre la mesure des choses et petit à petit le secteur informel prend de l’ampleur. Dans les autres domaines, l’informel bat son plein et ses conséquences sont bien connues du grand public béninois. L’on se rappelle du scandale causé par l’affaire Icc-services et consorts qui continue de faire couler de l’encre et de la salive. Lentement le Bénin s’engouffre dans l’informel et comme l’a dit le Médiateur Albert Tévoédjrè on risque d’ici là, d’avoir un «pays informel».

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