Marasme socio-économique et politique : la supplique de Tola Koukoui à l’endroit des dirigeants du Bénin

La situation socio-économique et politique actuelle du Bénin est si morose qu’elle ne laisse indifférent même des acteurs non politiques et économiques. 

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Tola Koukoui, comédien, metteur en scène s’est prononcé hier sur le ‘’ça ne va pas au Bénin’’. Il l’a fait au Chant d’oiseau, à Cotonou, à la faveur d’une conférence de presse. C’est au cours de cette conférence que cet acteur culturel a lu la lettre ouverte qu’il adresse au chef de l’Etat, aux membres du gouvernement, aux députés et aux présidents des institutions de la République. Lisez plutôt.

Lettre ouverte à nos Dirigeants

Ce n’est ni irrespect, ni inconscience, encore moins naïveté.
Mais Amour et culture de la paix, qui font que je nous interpelle, nous citoyens, femmes et hommes béninois. Ce silence lourd, ces visages desquels ont déserté tout sourire comme si nos vies étaient peuplées du cri annonciateur d’un malheur certain pour notre peuple, pour  ce pays que  chacun de nous a le devoir de porter comme un œuf, symbole de toute richesse.
Alors j’interpelle encore plus ceux qui, bénis des Dieux, ont le privilège, aujourd’hui, ici et maintenant, de conduire la destinée de notre pays vers des jours calmes, prospères, où riches et pauvres, dans un même élan, chacun avec ses moyens, assureront leurs trois repas quotidiens, pourront se soigner, se vêtir et de temps en temps, s’offrir un supplément superflu.

A vous, Monsieur le Président de la République,
A vous, membres du gouvernement,
A vous, Députés à l’Assemblée Nationale
A vous, Présidents de nos institutions,
C’est à vous que j’adresse cette lettre ouverte.
Observateur attentif de la vie du peuple béninois, il n’est nulle part, dans les foyers, dans les bureaux, dans les administrations publiques et privées, dans la rue, où les plaintes ne cessent de prendre une ampleur de plus en plus inquiétante. On parle et on se dit que rien ne va. Le peuple est abandonné à son triste sort. Tout coûte cher et point d’argent pour  subvenir au minimum vital!
Avant que le pire ne vienne, j’ai le devoir d’attirer votre attention sur une attitude de refus de voir les réalités en face au risque de conduire le Bénin et son peuple dans le gouffre.
Entendez-vous,
Monsieur le Président de la République,
Messieurs les membres du gouvernement,
Messieurs les Députés à l’Assemblée Nationale
Messieurs les Présidents de nos institutions,
Ce cri assourdissant d’un peuple au bord de l’asphyxie?
Entendez-vous le peuple dont les pas sont graves?
Entendez-vous le peuple qui a soif, qui a faim?
Entendez-vous, Monsieur le Président, le peuple, la peur au ventre, vous exhorter à un peu d’écoute de son cœur qui saigne?
Je n’ose envisager,
Monsieur le Président de la République,
Messieurs les membres du gouvernement,
Messieurs les Députés à l’Assemblée Nationale
Messieurs les Présidents de nos institutions,
que nos assurés cadres n’aient plus leurs salaires, que les syndicalistes se répandent dans les rues, que les étudiants mêlent leurs cris à ceux des diplômés sans emploi, à ceux des chômeurs de longue durée, à ceux des militaires de nos casernes qui sont aux abois et enfin que le peuple tout entier se soulève pour que vous preniez la mesure du drame qui sourd.
Monsieur le Président de la République,
à vous seul,
Avec toute ma déférence, il est nécessaire et urgent que les différents secteurs de développement de notre pays soient redynamisés et soient prospères.
Le port autonome est au ralenti.
La saison cotonnière est au plus mal.
Des femmes et des hommes d’affaire subissent les pires tracasseries dans leurs
Entreprises.
Des femmes et des hommes d’affaire se voient infliger des redressements fiscaux qu’ils ne comprennent pas.
Monsieur le Président de la République,
Des drames se jouent à nos portes: en Lybie, en Égypte, en Tunisie et récemment au Mali et plus près de nous au Togo.
Monsieur le Président de la République,
Messieurs les membres du gouvernement,
Messieurs les Députés à l’Assemblée Nationale
Présidents de nos institutions,
À la veille de la commémoration de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale, voici la prière que je vous adresse:

Entendez-vous le peuple qui à faim?
Entendez-vous le peuple qui a soif
Entendez-vous le peuple qui gémit?,
Entendez-vous le peuple qui frémit,
Entendez-vous le peuple qui s’interroge, qui vous interroge.
Il est temps, Monsieur le Président, de parler au peuple,
Il est temps, monsieur le Président de rassurer le peuple,
Il est toujours temps monsieur le Président, de rectifier une direction mal prise.
Je ne terminerai pas ma supplique sans vous faire partager humblement une citation de
l’abbé Pierre: « L’histoire du monde et de chaque nation est faite de longues disciplines et de
soudaines indisciplines. Un moment vient où il faut que quelqu’un dise non. »
Monsieur le Président, soyez celui-là qui dit non et vous verrez le peuple se lever dans un
élan patriotique et à vos côtés «se ceindre les reins comme un vaillant homme» pour
l’amour, la paix et la prospérité de notre cher et beau pays, le Bénin.

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Tola KOUKOUI

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