«Le journal d’un fou» / mise en scène Tola Koukoui : quand le rêve conduit à la folie

 

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Dans une superbe interprétation d’un texte de l’écrivain suisse Nicolas Gogol, «Le journal d’un fou», mise en scène par le béninois Tola Koukoui, Guy Ernest Kaho a réussi à incarner ce petit fonctionnaire rendu “fou” par ses rêves utopiques. L’intérêt est d’amener les uns et les autres à rester raisonnable dans les projets ou les rêves.

Au soir du samedi 30 juin 2012, dans un décor léger sous la paillotte de l’Institut français du Bénin (Ifb) à Cotonou, le comédien béninois Guy Ernest Kaho interprète «Le journal d’un fou». Une nouvelle de l’écrivain suisse Nicolas Gogol parue en  1835 et mise en scène par Tola Koukuoi, Directeur du théâtre Kaïdara.
Le spectacle est suivi du début jusqu’à la fin avec une attention particulier du public. «Une écoute de qualité» dira le metteur en scène. Un public qui apparemment a reçu une chaleur en dépit de cette fraicheur produite par ce vent qui a soufflé sur la ville de Cotonou toute la journée de ce samedi. Une chaleur à mettre à l’actif de la merveilleuse prestation du comédien dans un monologue de près de deux heures d’horloge. Un long spectacle certes mais on ne se s’ennuie pas. On rit par moment. Mais surtout on apprend quelque chose d’important pour la gestion de la vie, des rêves, des projets, etc.
Le personnage de «Le journal du fou», petit fonctionnaire du ministère et petit gratte-papier qu’il soit, a quand même des rêves qui dépassent sa propre réalité. Entre autres rêves, il se croit amoureux de la fille de son patron et croit aussi qu’on pouvait l’aimer. Quand il s’aperçoit que, selon la volonté de son patron, la fille doit être à une personnalité comme un Général, il se dit, mais ces gens se prennent pour qui ? «Si moi aussi j’étais Général, si moi aussi, si et si…» Mais il ne l’est pas. Pourtant, il rêve de cela. Tellement hanté par des rêves qui le placent au-dessus du personnel du ministère, il ne croit même plus à ce qu’il est exactement. Son rêve le conduit à la folie. Il se prend même pour Fernand VIII, roi d’Espagne.
Le spectacle est destiné à ramener les uns et les autres de leurs rêves utopiques, de leurs rêves qui ne tiennent pas compte des réalités de leur milieu de vie ; ramener à la raison, des gens qui, même conscients de leur situation ont des rêves irréalistes qui les amènent parfois à la folie, à des actes “hors normes”. C’est de quoi il est question ce samedi soir. Un thème universel. «C’est un thème qui nous intéresse tous. Qui nous permet de nous amener à prendre conscience dans la société où nous vivons. Est-ce que nos rêves sont à la dimension ou à la hauteur de nos propres réalités. Est-ce que quand nous nous regardons, le matin, dans la glace, nous nous trouvons aussi beau que nous l’aurions rêvé? Est-ce si nous nous trouvons comme nous ne le sommes pas, cela ne risque-pas de nous conduire à la folie.» Nombre d’interrogations que suscite la pièce et qui devraient amener chacun à une prise de conscience.

Le cri de cœur de Tola Koukoui

Etre hébergé dans son pays par un étranger.  Au-delà de sa satisfaction par rapport à la prestation du comédien et à l’intérêt du public au spectacle, le metteur en scène Tola Koukoui ne s’est pas empêcher de dire son cri de cœur. Il s’agit d’une préoccupation qu’ont longtemps soulevée les hommes du 4ème art en particulier. Mais qui jusque là semble ne pas être la priorité de l’Etat béninois. Pour le célèbre metteur en scène béninois, il est temps qu’après plus de 50 ans d’indépendance, les acteurs culturels béninois se retrouvent dans un espace qui est le leur pour la création et la diffusion de leurs œuvres. Certes, le directeur du Théâtre Kaïdara reconnait l’apport des Français à travers l’Institut français du Bénin (Ifb) pour la promotion de la culture béninoise et le leur est reconnaissant mais, il pense qu’un espace béninois ferait plus la fierté des artistes béninois.

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