Qu’on donne la parole aux Béninois

Le Bénin est  au plus mal. Sautent aux yeux les signes cliniques d’une affection et d’une affliction rampante. Certains de nos concitoyens, et non des moindres, se sont sentis  moralement obligés d’arborer la blouse blanche du praticien. 

Publicité

Histoire de se fendre d’un diagnostic et de doper de crédit les mots de nos maux. La vérité sur l’état de notre pays étant établie, à quoi sert-il de répéter ce que tout le monde sait désormais ? Le malade qui ressasse à longueur de temps son mal, ne fait qu’appeler sur lui-même le mal dont il souffre
C’est un principe fondamental. Il est scientifiquement établi. Patrick Leroux trouve des mots justes pour le dire (Citation) : « Les mots que vous prononcez ont un pouvoir incroyable. Ils peuvent construire un brillant avenir, neutraliser une occasion ou contribuer à maintenir l’état actuel des choses. Vos mots renforcent vos croyances et vos croyances créent votre réalité » (Fin de citation).
Alors trêve de jérémiades. Nous aurons toujours mieux à faire que de pleurer. Marc Gervais dit connaître le secret des gens heureux. Un secret qu’il veut bien partager avec nous : « Les gens heureux, écrit-il, axent leurs pensées sur la solution et non sur le problème. Ils ont sans cesse des buts à réaliser et une conscience inébranlable en leur potentiel. »
Alors question : avons-nous le sentiment de prendre le chemin des « gens heureux » au lendemain du concert d’alerte et d’alarme destiné à nous tirer de notre torpeur, à nous sortir de notre indifférence, si ce n’était de notre inconscience ? Nombre de ceux que le devoir appelle au chevet de notre pays ne nous rassurent pas. Soit qu’ils interprètent mal le diagnostic établi. Soit qu’ils minorent le mal dont souffre le patient, ramenant la tumeur identifiée à une simple inflammation cutanée. Dans tous les cas, ces médecins de circonstance ont une approche bien singulière de la gestion du malade et de sa  maladie. Quand ils ne banalisent pas tout, ils s’emploient à tout balayer du revers de la main.
Première  erreur : refuser l’évidence. L’allergie à toute critique fait qu’on ne voit plus ses fautes, qu’on ne sent plus ses travers. On s’emmure alors dans la prison de ses propres illusions. On ne doit pas dire que le roi est malade, de peur qu’il ne se retrouve tout nu. Aussi doit-on couvrir d’un voile de pudeur ses plaies qui commencent à  suppurer. Aussi doit-on traduire la fièvre qui le cloue pourtant au lit comme la conséquence, proche ou lointaine, des changements climatiques qui affectent le monde.
Deuxième erreur : faire primer le droit de la force sur la force du droit. On a tôt fait de tailler un statut d’opposant ou de déclarer ennemis publics ceux qui ont compris le caractère sacro-saint du service de la vérité. Un service à honorer contre vents et marées, quand on a fait de son credo ce proverbe peul : « La tromperie, si elle a fait dîner, ne fera pas souper ». Pour dire que ceux qui aiment leur pays et qui  rêvent de son devenir heureux, ne sont pas du côté des griots de service et des flagorneurs à tout crin. Ils ne sont pas non plus du côté de ceux qui ont choisi de ne rien dire, de ne rien voir et de ne rien entendre. Une chose est sûre : on ne peut tromper tout le peuple, tout le temps.
Troisième erreur : se tromper de cible ou prendre des vessies pour des lanternes. Quand on ne veut pas voir la crise, en réalité et en vérité, les formules du genre « Forum », « Commission », « Conférence » servent de dérivatif. Le dictionnaire définit le mot comme ce qui permet de détourner l’esprit de ses préoccupations. De même quand on veut gagner du temps, sans être sûr cependant de triompher de la crise, on fait dire ou on laisse dire que le salut est dans l’entrée de l’opposition au gouvernement ou dans la formation d’un gouvernement dit de « large union ». Cela fait saliver. Cela occupe. Pensez au chien à son os attaché. Et après ?
Voilà nos erreurs. Et c’est parce qu’une erreur est et reste une erreur, que nos erreurs, dans la crise qui nous frappe, ne peuvent être porteuses d’aucune solution. Ni aujourd’hui ni demain. Ni ici ni ailleurs. Alors, que faire ? Faire de la vérité sur la crise, la solution à la crise. Mais comment ?  Sollicitons la parole des Béninois. A charge pour chacun et en conscience de dire sa vérité sur la crise actuelle. Telle que vécue. Telle que ressentie. Un raccourci efficace : le gouvernement pourrait acheter des temps d’antennes sur toutes les chaînes de radios pour des émissions spéciales interactives dites « grogne ». Une seule recommandation : que chacun vide son sac pour que le Bénin se remplisse de la force de la vérité.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité



Publicité