Yayi et les évangélistes, une alliance ad vitam aeternam

Depuis 2006 qu’il est au pouvoir, Yayi semble bien s’accommoder de son entourage fortement religieux. Et malgré les appels au respect du principe de la laïcité, la lune de miel continue entre le Chef de l’Etat et la coterie évangéliste qu’il a introduite dans les cercles du pouvoir.

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Le 07 Juillet dernier, les évangélistes et ses confréries satellites se sont réunis à Azalaï Hôtel sous la houlette du très truculent pasteur Michel Alokpo. Bien que ces intellectuels et autres ecclésiastes évangélistes réunis sous le vocable de « cadres chrétiens » n’aient  assisté qu’à une conférence ordinaire sur l’éthique de Dieu, cette rencontre ne fut pas anodine. Depuis 2006 que Yayi a pris le pouvoir, ces confessions religieuses sont devenues le plus grand et puissant lobby politique du pays. Mieux que les FCBE, ces religieux sont incontournables dans le pouvoir d’Etat qu’ils ont réussi à infiltrer de façon méthodique. Beaucoup de cadres et personnalités politiques dans leur recherche de postes « juteux » ont dû faire recours à des pasteurs pour être coopté. « Si j’ai pu été nommé dans le temps ministre c’est grâce aux frères en Christ. « Quand tu as un bon pasteur, c’est plus rapide que de passer par les partis politiques », confie un ancien ministre du président Yayi. Et comme lui, beaucoup de cadres ont dû passer par ce raccourci pour être nommé à tel ou tel poste de responsabilités. Et pour preuve, les évangélistes comptent parmi les plus proches collaborateurs du président Boni Yayi. Amos Elègbè l’un des conseillers les plus écoutés par Yayi en fait partie. Protestant, laïc, il est aux côtés de Yayi depuis 2006. Idem pour Eric Adja, l’assistant du Chef de l’Etat. Paulin Dossa, chef matériel de la présidence est dans le lot. Dans le gouvernement actuel, trois ministres répondent officiellement au nom de cette obédience religieuse, il s’agit de Valentin Djênontin de l’Economie maritime et des infrastructures portuaires, Martial Sounton des Réformes administratives et institutionnelles et Raphaél Edou de la décentralisation. Comme depuis toujours  sans  oublier tous les autres qui cultivent la discrétion.

Chapelle à la Marina

Au début du quinquennat passé, les pasteurs venaient à la Marina  pour prier. Chaque matin, ils viennent prier pour le Chef de l’Etat et le peuple béninois. C’est le Chef de l’Etat lui-même qui aurait pris l’habitude de les inviter pour prier pour lui. On se rappelle qu’au début du quinquennat, les premiers déplacements du cortège présidentiel avaient essuyé plusieurs accidents. Dans l’entourage du Chef de l’Etat,on assimilait tout ceci à un mauvais sort qui lui aurait été jeté par des ennemis politiques. Progressivement, Yayi a amené les pasteurs à prendre goût à la gestion du pouvoir. On a commencé à voir des pasteurs comme Michel Alokpo prendre leur place dans le gotha politique. Dans les chapelles, les prêches étaient teintées fortement de discours politiques soutenant les actions du Chef de l’Etat. En dessous, la prébende gouvernementale donnait la motivation. Lui-même évangéliste, promu à une carrière de pasteur après son départ de la Boad, Boni Yayi a commencé à faire confiance à ses « frères en Christ ». Au fil des ans et des nominations, la même constance a été notée : les évangélistes étaient toujours là. On a vu les Armand Zinzindohoué,Issifou Takpara, Alexandre Dossou Kpèdetin, François Noudégbessi entrés au gouvernement et en sortir. Plusieurs Dg ont été nommés par ces confessions religieuses.  L’attachement à ces confessions religieuses était si poussé  que nul ne pouvait envisager de se saisir de leur influence dans les cercles du pouvoir si ce n’est Yayi seul. Simon Pierre Adovèlandé, ancien coordonnateur du Mca en a appris à ses dépens, lui qui voulait aussi se servir de cette confession religieuse pour se bâtir une carrière politique. Lors des élections législatives, le positionnement sur la liste Fcbe a été fortement influencé par l’appartenance à cette obédience. Le député Emile Tossou ne pouvait pas se retrouver sur cette liste et se faire élire deux fois député s’il n’était pas « un frère en Christ », lui qui n’était connu d’aucune chapelle politique et manque cruellement d’influence et de fief. En dépit des mésaventures connues avec certains comme Armand Zinzindohoué et le scandale Icc-services -avec d’autres religieux mercantiles- Yayi continue de leur faire confiance.  Le prochain remaniement ne fera pas certainement exception à cette règle.

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