Zoom sur un plasticien béninois : Georges Adéagbo se fait gardien de l’âme des peuples

 

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Le Bénin vit de par son art à l’international. Ceci, grâce à des artistes qui par leur talent sont arrivés à s’arracher une place dans le cercle fermé des artistes plasticiens de renom, entre autres. Georges Adéagbo en est un. Sa spécificité, c’est la reconstruction de l’histoire des peuples à travers des installations.

Reconstituer l’histoire des communautés, au quotidien la conserver pour nourrir la culture des générations actuelles et futures. Tel est le combat du célèbre plasticien béninois Georges Adéagbo. Dans son art, l’artiste se retrouve parfaitement dans cette célèbre phrase d’Alain Foka de Radio France internationale (Rfi) : «Nul n’a le droit d’effacer l’histoire d’un peuple car un peuple sans histoire est un peuple sans âme». Georges Adéagbo dans ses œuvres travaille pour la sauvegarde de cette âme. Sa spécialité, ce sont des installations. Pour ce faire, il se sert du sable et des objets de récupération. Par des thèmes variés sur le quotidien des peuples, le septuagénaire est en permanence, dans une reconstruction de l’histoire. Les thèmes viennent de ses propres inspirations ou lui sont proposés selon que l’œuvre doit faire objet d’une exposition dans un milieu donné. Pour ses expositions collectives ou individuelles, l’artiste parvient toujours à séduire son public. On se rappelle encore de son passage au musée Musac en Espagne le 29 janvier dernier. Une grande exposition autour du thème: «La mission et les missionnaires» sur un espace de 700 m2 divisé en 3 trois parties. Aussi faudra-t-il rappeler entre autres, son exposition (Avril-septembre-2011) à Helsinki en Finlande. Il était avec son compatriote Romuald Hazoumè et d’autres plasticiens africains, de renommée internationale dont El Anatsui du Ghana, Emeka Ogboh du Nigéria, Mary Sibande de l’Afrique du Sud. Organisée sur le thème «Mieux connaître l’Afrique sans se limiter dans les catégories nationales», Georges Adéagbo avait présenté une installation sur l’histoire finlandaise, sur un personnage de l’histoire finlandaise M. Mannerheim et sur Napoléon.

L’art plastique, seul cohabitant hier, seul métier aujourd’hui

 

Si Georges Adéagbo s’accroche si tant à l’histoire, c’est qu’au départ, l’art était pour lui, le seul canal qui lui permettait de communiquer, de faire une retro-prospective de sa vie pour pouvoir construire son avenir. D’après son histoire, Georges Adéagbo à un moment de sa vie, a été abandonné par sa famille. Il s’est retrouvé seul dans sa grande maison où il passait par des installations pour échanger avec le monde.
Pour mémoire, après deux ans de droit à l’école supérieure d’Abidjan (Côte d’Ivoire) et aussi des années d’études en France, Georges Adéagbo était sur le point de décrocher son diplôme, son premier emploi et de se marier avec sa fiancée française, quand le décès de son père vint basculer son destin en 1968. Il sera retenu de force au Bénin -où il s’était retourné entretemps- par son neveu qui confisqua ses papiers afin de le contraindre à y rester pour assumer son rôle d’aîné. D’un autre côté, sa mère lui impose un mariage forcé. Mais l’artiste s’y est opposé toutes les fois qu’il était question de lui imposer une pratique de la tradition béninoise.
«Chaque jour, Adéagbo passe des heures assis sur un rocher le long de la rivière à questionner le sens du destin et les lois de la nature. Sa famille refusant de lui prêter oreille, il se met à créer des constellations dans lesquelles il met en scène ses théories. Ses proches le déclarent fou et le font interner à huit reprises. Ses séjours à l’hôpital psychiatrique seront cependant chaque fois de courte durée car, perspicace comme il l’est, il ne tarde pas à convaincre les médecins du fait qu’il est sain d’esprit, mais d’une façon que les gens uniquement dotés de bon sens sont capables de comprendre. Lors du décès de sa mère en 1973, ses frères et sœurs quittent la maison, d’aucuns choisissant, pour comble d’ironie, d’aller s’installer en France. Toujours célibataire, Adéagbo se retrouve seul. En revanche, il poursuit sa quête philosophique qu’il transpose dans des installations. Au départ, il travaille dans sa chambre, mais ses œuvres ne tardent pas à envahir la cour sablonneuse de sa maison. Jusqu’au jour de printemps 1993, où un commissaire d’exposition, venu à Cotonou pour rencontrer des artistes réputés, débarque par erreur chez lui. Etonné par ce qu’il y découvre, cet homme, que Adéagbo appellera après coup son «sauveur», s’empresse de prendre une série de photos qu’il compte soumettre à ses collègues parisiens. En 1994, Adéagbo est invité par Régine Cuzin à participer à une première exposition collective intitulée «La route de l’Art sur la route de l’Esclave» en France. C’était le départ d’une carrière professionnelle d’artiste plasticien pour Georges Adéagbo. Les occasions se sont multipliées pour son émergence dans l’art. «En mars 1999, le commissaire indépendant Stephan Köhler invite Georges Adéagbo à réaliser une installation en hommage à la ville de Venise pour le Campo dell’Arsenale.

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Quelques expositions

1997-1998 : «La Rédemption, le rédempteur», centre d’art le quartier, Quimper, France
2000-2001: «Georges Adéagbo, «musée d’art moderne, Villeneuve d’Ascq, France
2004-2005 :»DC, Georges Adéagbo», Museum Ludwig, Cologne, Allemagne
2004-2005 :»Georges Adéagbo:, le socialisme africain», Ikon Gallery, Birmingham, Angleterre
1994 : «La route de l’art sur la route de l’esclave», Arc et Senans, France
1995 : «Big city»The Serpentine Gallery, Londres, Grande-Bretagne
1996: «Les Artistes africains et le sida» biennale de Dakar, sénégal
1997: «Les autres modernités», Berlin, Allemagne
1998:  «Veilleurs du monde» MAAO, Paris, France
1999: «The story of the lion», 48 ème biennale de Venise, Italie
2001-2002: «The short century»New-York, Chicago, Berlin, Munich
2002: «Documenta11, Kassel, Allemagne
2005: «African Art Now: chefs d’œuvres de la collection Pigozzi» Houston, Etats-Unis
2011 :» Mieux connaitre l’Afrique sans se limiter dans les catégories nationales «Finlande

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