Après Ajavon, l’homme d’affaires Patrice Talon a été reçu hier nuit par le Chef de l’Etat. L’homme qui a été présenté ces derniers mois comme « l’ennemi public numéro un » revient à la Marina. Tel un enfant prodige mais la tête pleine d’angoisses et de méfiance.
Tiendra, tiendra pas. La rencontre tant attendue et agitée depuis quelques jours entre Boni Yayi et l’homme d’affaires Patrice Talon a eu lieu effectivement hier nuit. Après moult tergiversations, ce dernier a fini par accepter se rendre à la Marina pour rencontrer son ancien mentor politique avec qui il est en désaccord depuis quelques mois. Selon des sources concordantes, la rencontre a commencé autour de 21 heures et a continué tard dans la nuit et jusqu’au petit matin. A l’heure où nous bouclons elle ne serait pas terminée. Selon les mêmes sources, elle a été possible grâce à la médiation du sénégalais Mamadou Diagne du Fogeca. Pendant des heures, les deux hommes ont passé en revue les dossiers qui les divisent depuis des mois : Pvi, intrants coton, gestion de la campagne cotonnière 2012-2013. La rencontre aurait été plus houleuse que celle entre le Chef de l’Etat et Sébastien Adjavon. Ici, les dossiers sont plus sérieux et les montants en jeu sont plus importants. Talon qui a été fortement persécuté par le régime n’aurait pas eu le profil bas face à Yayi. Au contraire, il a tiré sur la fibre sentimentaliste, montrant chaque fois à son interlocuteur qu’il est la victime dans cette crise créée par le pouvoir lui-même dans le seul dessein de lui nuire. Mais le Chef de l’Etat qui a traité son ami très méchamment le 1er Août lors de son interview s’est montré moins virulent. Ce qui, selon nos sources, a permis d’évoluer sur certains dossiers. Après son interview du 1er Août, le Chef de l’Etat a compris qu’il faut mettre la belle à terre. Une sorte de mea culpa qui ne dit pas son nom et montre que Yayi faisait fausse route.
Yayi-Talon : une comédie de mauvais goût
Que Yayi rencontre Talon devrait être un non événement si ces derniers jours, le Chef de l’Etat n’avait pas pris sur lui-même la responsabilité-somme toute saugrenue – de s’en prendre publiquement à Talon après la persécution dont ce dernier a été victime ces derniers jours de la part du gouvernement. Oui, un non événement parce que les deux se sont connus bien avant 2006, loin des écrans de télévision. Le second avait accepté de financer la campagne présidentielle du premier. Ce dernier devrait l’aider à gagner des marchés juteux de l’Etat et accroître ses affaires. Mais au finish, l’un d’eux n’a pas rempli sa part du contrat. Ou simplement il n’a pas honoré ses engagements. C’est donc des retrouvailles entre des amis. Le reste n’est que spéculation. La seule question qui se pose est de savoir si cette rencontre permettra de régler définitivement une crise qui a atteint son paroxysme et une inimitié qui a atteint les limites de l’inhumanité. Car l’essentiel pour la population ce n’est pas de voir les deux « amis ennemis » se donner des accolades dans les lambris dorés de la Marina. Ce qui intéressent maints béninois c’est la résolution de la crise du coton, c’est la reprise de travail de Benin Contrôl et de ses 501 agents. Si la rencontre de cette longue nuit à la Marina ne permet pas de régler ses problèmes sociaux, elle n’aurait servi à rien. Elle ne serait donc inscrite dans le lot des rencontres folkloriques de la Marina.
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