Avons-nous encore au Bénin un aéroport international digne du nom ? Depuis quelques mois, les arrestations de narcotrafiquants y sont devenues fréquentes. A destination ou en partance de Cotonou, certains parmi eux tombent dans les mailles de la police ou de l’Ocertid. Mais le gros lot échappe sûrement au service de contrôle. Pourquoi ?
Il ne se passe plus de semaines où des policiers ne procèdent à des arrestations de trafiquants de drogue. Apparemment fiers d’avoir réalisé des exploits, les flics passent à la télévision et expliquent le mode opératoire de leurs arrestations et présentent le trafiquant à la presse. Au nom d’une hypothétique promotion ou du maintien du poste « juteux », ils sont prêts à répéter l’exercice chaque fois que l’occasion le leur permet. Au niveau des frontières terrestres de Sèmè-Kraké ou d’Hillacondji, les arrestations sont aussi fréquentes. Ces images inondent nos médias au point où personne ne semble douter de l’existence d’un réseau de trafiquants qui fonctionne à partir du Bénin et possèdent des ramifications dans le monde. Le dernier exploit de ce genre remonte à quelques jours. Sur le petit écran, on montre une guinéenne et une thaïlandaise arrêtées pour transport de stupéfiants. Des récits faits par les policiers, une constante demeure : « ce sont les gestes et les comportements de ces passagers qui ont attiré leur attention » ou parfois, « ils ont été rattrapés sur le tarmac de l’aéroport »… Des récits traumatisants et suffisamment graves qui ne semblent, hélas, attirer l’attention de personne. Et pour cause, ils sont illustratifs de la pourriture atteint dans cet aéroport où tout est défaillant. Du hall à la salle de l’embarquement en passant par les services de contrôle et même la piste et l’aérogare, il y a toujours quelque chose qui ne marche pas bien ou pas du tout.
Un aéroport « passoire »
Ce qui est le plus en cause ici c’est le système de sécurité et de contrôle de l’aéroport. Si dans un aéroport, ce n’est que le flair des policiers qui permet d’arrêter des trafiquants de drogue, il y a lieu de se demander ce qui ne pas. Et pour cause, il n’y a pas si longtemps que ça, on a ouï dire que des dispositions ont été prises pour rendre notre aéroport très moderne. Que des équipements ont été acquis pour les contrôles. Où est passée la brigade canine composée des fameux chiens renifleurs ? Où sont les appareils de contrôle et les scanners qui doivent permettre de détecter avec précision le contenu des valises ? Rien de tout cela n’existe à l’aéroport de Cotonou. Les contrôles sont de plus en plus mécaniques, manuels. Des fois, c’est à des examens d’urine que les agents de l’Ocertid soumettent des passagers aux comportements douteux. Or, ces contrôles ne sont efficaces que si les boulettes avalées ont déjà une certaine durée dans l’organisme de l’individu. Alors que contrôle-t-on dans cet aéroport ? Rien. Et on peut même dire sans se tromper que ceux qui se font prendre sont les moins chanceux ou les plus indiscrets.
Les causes
A l’Agence nationale de l’Aviation civile(Anac), agence chargée de la gestion de cet aéroport, l’ambiance de travail ne permet pas aux ingénieurs et aux inspecteurs de donner le maximum d’eux-mêmes. Ils préfèrent regarder faire et assistent impuissants à la descente aux enfers de notre aéroport. Mais il y a d’autres raisons. Selon des sources concordantes, il y aurait des raisons bien commerciales. Certaines compagnies qui exploitent notre aéroport et qui comptent parmi leurs passagers des gens peu recommandables mettraient pression sur les autorités pour garder le système en l’état. Selon les mêmes sources, le Mca se serait manifesté pour équiper notre aéroport d’appareils sophistiqués pour détecter les drogues mais les autorités n’en voulaient pas trop. Laissant notre aéroport à la merci des trafiquants de tout pays. Une situation grave qui risque de desservir notre pays sur le plan international.
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