Le Chef de l’Etat continue son offensive médiatique. Depuis le 1er Août, date de l’interview à polémiques, le président Boni Yayi ne cesse de parler à «son peuple». Toutes les occasions sont propices pour dire un mot à l’endroit des populations.
Les visites dans les champs de coton ont permis au président de la république de réaffirmer ses propos véhéments du 1er Août à l’endroit de certains opérateurs économiques cupides qui grugent l’Etat et qui, une fois sevrés de la manne financière gouvernementale, s’apprêtent à déclencher «une insurrection» grâce au soutien de certains syndicalistes et opposants impatients avec lesquels ils sont en intelligence. Puis à Dogbo ce dimanche, le Chef de l’Etat affiche une autre posture, celle du président qui donne l’exemple en participant personnellement aux travaux de construction d’un module de classe dans le village de Houngloui. Alors qu’il était venu simplement pour poser la première pierre pour la construction d’une école, le Chef de l’Etat s’est mué lui-même en maçon. Il a pris lui-même la truelle et s’est mis à poser des briques et à bâtir. On l’a aussi vu dans les rôles d’aide-maçon, donnant des briques au jeune maçon et de ferrailleur qui lie des barres de fer avec une agilité exceptionnelle. Le bon exemple donné, Yayi se lance une fois encore dans sa profession de foi. Dans une longue déclaration, il fait le procès du changement. Et pour cause, les cadres l’ont abandonné. Les mêmes que le président Kérékou avait traités «d’intellectuels tarés» et que le professeur Adrien Ahanhanzo Glèlè a qualifiés de «crétins». De tous les régimes, leur procès a été toujours d’actualité. Ce sont ces «cols blancs» calfeutrés dans les bureaux douillets de la Marina, de la primature, des ministères et des sociétés d’Etat, friands des coups fourrés, du nivellement par le bas, des basses et sordides manœuvres pour mettre des grains de sable dans la machine d’Etat tant qu’ils n’arrivent pas à tirer le drap de leur côté. Ce sont des intellectuels toujours à la quête du lucre, qui amassent briques et bétons, accumulent des millions dans des banques pour leur progéniture en percevant des pots de vin exorbitants auprès des entrepreneurs et sur des projets de l’Etat. Ce sont ces prévaricateurs endurcis qui font couler des sociétés et projets de l’Etat et qui, par atavisme, inoculent à dose homéopathique le virus de la corruption à la jeune génération.
Dimanche, le président Boni Yayi a critiqué ces cadres-là. «Le président Yayi seul ne peut rien faire dans ce pays, rien… Pour ce que j’ai vu depuis avec ces cadres, c’est une vrai déception », déplore le Chef de l’Etat. Pour lui, le changement ne peut devenir une réalité si les béninois eux-mêmes n’ont pas changé. «Le président seul ne peut pas amener le changement», a-t-il dit. Et là, le Chef de l’Etat est resté fidèle à sa vision de départ car le jour de son investiture le 06 Avril 2011 à Porto Novo, il affirmait que le changement n’adviendra pas dans la citée si vous n’opérez pas la mutation en votre sein. Si vous voulez changer l’avenir, changez vous-mêmes». A Dogbo, le Chef de l’Etat a mis l’accent sur l’importance de la décentralisation. «C’est vous qui devez être le vrai moteur du changement », a demandé le président Boni Yayi qui invite les populations à ne pas croire que l’Etat peut leur faire tout.
Fini donc l’Etat providence miroité aux béninois au cours du premier quinquennat et qui s’est manifesté par la mise en vigueur de plusieurs services gratuits, des micros crédits aux femmes et de beaucoup d’autres programmes sociaux. Sous le président Kérékou, on a passé dix ans à accuser les cadres qui enduiraient leur chef en erreur. Sous Yayi, le même refrain persiste qui fait dit à Yayi lui-même que les cadres ne l’ont pas trop soutenu. De Kérékou à Yayi, rien n’aurait changé. Le Bénin continue toujours d’être dirigé par des présidents mal conseillés, abandonnés par les cadres de l’administration. Même le changement n’aurait pas réussi à «changer» hélas la donne.