Le Professeur Albert Tévoédjrè a manqué une occasion de se taire. Et c’est bien dommage.
Car, depuis 1961 que ce «catholique modèle» participe aux joies et aux peines de la gestion des affaires publiques dont la caractéristique principale ici est jusqu’à ce jour la mauvaise gouvernance, qu’il parle beaucoup et fait semblant de servir son pays et son peuple, il était temps qu’il débarrasse le plancher et s’octroie une retraite que personne ne lui contesterait. ‘’Il faut savoir quitter les choses avant qu’elles ne vous quittent’’ conseille la sagesse. Mais non ! Albert Tévoédjrè n’est pas sage. L’octogénaire qui se croit indispensable à son pays et plus intelligent que tous ses compatriotes refuse de se lever et de partir.
La tenue à Cotonou les 28,29 et 30 juin 2012 des «Assisses catholiques sur l’engagement du chrétien dans la cité» sans qu’il ait été placé au centre de l’évènement, est inacceptable pour lui. Il le fait savoir bruyamment dans «Chrétien et responsable dans la cité». Aussi se remet-il au devant de la scène et y fulmine contre toutes celles et tous ceux qui ont osé commettre ce crime. Car, aux yeux du «catholique modèle et indispensable» Albert Tévoédjrè, il n’est pas pensable, il n’est pas acceptable qu’un tel forum ait pu avoir lieu sans que les initiateurs et les organisateurs aient pensé à lui réserver une place de choix, une tribune pour étaler sa vaste érudition, son incomparable intelligence, c’est-à-dire en réalité, sa verve démagogique et mystificatrice. Ce que le professeur Denis Amoussou-Yéyé (LNT N°2408 du 04 septembre 2012) appelle sa ‘’brillante intelligence’’ et sa capacité de ‘’production d’idées’’ et de ‘’formules lapidaires’’, ce ne sont en réalité que les manifestations lyriques et inconsistantes des empressements intéressés du renard de la fable pour emballer, appâter et duper les gogos-corbeaux qu’il a décelés dans ses compatriotes que nous sommes. Et dont il use et abuse abondamment depuis plus d’un demi-siècle pour se servir et non pour servir son peuple. Malheureusement. Et voici pourquoi.
1. Albert Tévoédjrè vu par d’autres chrétiens catholiques
Dans « Chrétien et responsable dans la Cité », Paul Hazoumè et Antoine Détchénou sont, entre autres, deux chrétiens catholiques cités par Albert Tévoédjrè comme de hauts cadres et responsables «issus de notre Eglise» et pour les chrétiens catholiques des « exemples d’engagement et d’orientation que le devoir de souvenir nous invite constamment à faire revivre ». Vieille et grosse ficelle, aussi vieille que le monde : il ne les appelle à la barre pour la défense de sa thèse que pour simplement justifier et trouver des paravents à ses turpitudes. Mais que disent et pensent de lui les ci-dessus nommés ?
Alors que Albert Tévoédjrè était Haut Commissaire à l’Information (équivalent de Secrétaire d’Etat, siégeant au gouvernement), tonitruant et terrifiant porte-voix du gouvernement Pdu (Parti Dahoméen de l’Unité), premier prototype, de sinistre mémoire, du parti unique et de la confiscation des libertés dans notre pays, voici ce que, dans le quotidien Daho-Matin du 25 février 1961, Paul Hazoumè écrit à son propos dans un article intitulé « Réponse au petit commis Albert Tévoédjrè» : « …Albert Tévoédjrè avait fait des études en vue de devenir professeur. Mais … aujourd’hui il se croit obligé de ramper pour vivre. Et dire que si quelqu’un s’était avisé de lui faire couper sa bourse quand il était étudiant peu laborieux, peu sérieux à Dakar et à Toulouse, les âmes sensibles n’eussent pas manqué de crier à l’injustice. Et pourtant, c’eut été un grand service qu’on eût rendu à ce pays. Tévoédjrè n’eut pas été préparé ainsi à trahir la plus noble des causes, celle de ce Dahomey qu’on avait saigné pour allouer une bourse à son futur traitre …Caméléon, il ne change pas seulement de couleur de peau, mais aussi de celle de son âme, selon les nécessités de l’heure. Il s’était mis du côté de son Afrique et a gémi sur son sort dans son livre « L’Afrique révoltée ». Vous le croyez sincère, vous vous disposez à l’encourager dans sa défense de la cause de l’Afrique, vous lui témoignez votre sympathie. Mais subitement il fait volte-face, s’étend à plat ventre et se met à ramper pour obtenir les faveurs des puissants du jour. Il sait jouer des coudes pour aller occuper la première place à côté des maîtres provisoires de notre République, les encenser…Je suis sûr que si demain l’orage qui menace, éclate et balaie, comme un fétu, la clique des jouisseurs qui se trouvent à la tête de cette nation, … Tévoédjrè demanderait à se mettre au service du parti qui gouvernerait…Chez Tévoédjrè, la faim est doublée d’ambition exagérée… ». Et d’un !
A la veille de l’élection présidentielle de Mars 2006, voici ce que, dans un article intitulé « Halte à l’imposture » paru dans le quotidien Fraternité du 3 février 2006, le Professeur Antoine Détchénou écrit : « Arias sait tout, comprend tout. Il a fait le tour du monde, foulé de ses pieds tous les continents : l’Europe et l’Amérique, l’Asie et l’Océanie. L’Afrique est sa chambre à coucher. Sa maison privée : la Banque Mondiale, le Fmi, le Bit, l’Oms, la Bceao, la Boad, la Fao, l’Unesco, (il a tutoyé le Pape, mangé avec J.F. Kennedy, fréquenté les grands de ce monde, ajouté par nous), …que sais-je encore ? On pouvait croire que pour avoir beaucoup voyagé, il serait « revenu plein d’usage et de raison » comme Ulysse, « vivre parmi les siens le reste de son âge ». Non, la raison fait défaut à Arias, la déraison est son moindre défaut. Insatisfait d’avoir trouvé Dieu, quelque part, là-haut, et Dieu lui a dit : j’ai trouvé mon élu. Il se nomme Yayi Boni. Suivez-le. Ah, l’imposture ! Le recours à l’homme providentiel!… 1996. Arias et consorts ont fabriqué un autre messie avec un homme fatigué, en fin de course. Ils nous ont présenté l’auteur du second évangile selon Saint Mathieu. Mais cet évangile était apocryphe. Comme le figuier maudit, il s’est desséché et a desséché le pays…
Après plus d’un demi-siècle d’engagement dans l’arène politique marqué par tant de coups reçus et donnés, tant de médisances, de calomnies et de haines tenaces et fétides, le temps est venu de te libérer de toutes les outrances, de te taire, de « t’éclipser ». L’expression vient de toi. Alors éclipse-toi. L’indispensable réconciliation avec tes frères …est à ce prix. » Bien entendu ici et sous la plume de Antoine Détchénou, Arias c’est Albert Tévoédjrè et l’auteur du second évangile selon Saint-Mathieu est Mathieu Kérékou. Et de deux !
Voilà ce que disent Paul Hazoumè et Antoine Détchénou de Albert Tévoédjrè. Paul Hazoumè et Antoine Détchénou, deux chrétiens catholiques que lui-même cite et indique aux fidèles chrétiens catholiques comme des « exemples d’engagement et d’orientation ». Est-il besoin de commenter ?
2. «Le grand secret mis à nu » : l’entrée en fanfare de Albert Tévoédjrè sur la scène politique nationale
Albert Tévoédjrè rentre de France à la fin de ses études supérieures quelques années avant l’indépendance. Le pays est en pleine ébullition, mais personne ne prête véritablement attention au «grand homme» qu’il a toujours considéré être. Alors, dès que les Institutions post-indépendance s’installent, il publie « Le grand secret mis à nu », un opuscule-pamphlet contre les nouvelles Autorités. Pêle-mêle, il y dénonce la corruption et la gabégie, le train de vie fastueux des responsables du nouvel Etat, les salaires et indemnités des ministres et des députés ; il y énonce, chiffres à l’appui, les nombres d’écoles, de salles de classes, de centres de santé que ce scandaleux gaspillage de ressources devrait pouvoir permettre de construire, etc… Il a sûrement raison pensent le petit peuple et les élèves admiratifs et conquis. Car en 1960, quelque cinquante mille francs, quelque cent mille francs CFA par mois pour un seul député ou un seul ministre, c’était beaucoup d’argent. Aujourd’hui, Médiateur de la République, Albert Tévoédjrè gagne des millions de francs CFA par mois. Mais honte et malheur à qui trouvera à y redire puisqu’il s’agit d’argent qui rentre dans les poches de Albert Tévoédjrè, un grand bienfaiteur autoproclamé de l’Eglise catholique béninoise et même sûrement au-delà. Alors ce n’est plus scandaleux. Les oeuvres de charité et d’aumône demandent que les bienfaiteurs aient beaucoup d’argent et, selon Albert Tévoédjrè, peu importe comment ils gagnent et se font de l’argent du moment qu’ils en font bénéficier l’Eglise. Vous n’êtes pas d’accord ? Alors Albert Tévoédjrè vous traitera d’aigris et d’envieux.
Mais revenons à 1960 et à « Le grand secret mis à nu ». Le petit peuple et les élèves croient tenir désormais leur sauveur, leur porte-parole et applaudissent à tout rompre. Ils vont déchanter très tôt. Car, pour l’anonyme professeur d’histoire-géographie du Lycée Béhanzin qu’était alors Albert Tévoédjrè l’opuscule-pamphlet n’est qu’un gadget pour sortir de l’ombre et se signaler à l’attention des nouvelles Autorités. Et ça marche ! A la stupéfaction générale et quelques mois plus tard, la nouvelle tombe : Albert Tévoédjrè entre au gouvernement du Président Maga en qualité de Haut Commissaire à l’Information.
Oubliées les virulentes diatribes contre ce régime honni par lui il n’y a pas si longtemps. Il entre fonction et y manifeste un zèle sans limites pour servir ses nouveaux maîtres et pour se servir. Heureux de gagner désormais les salaires et indemnités qu’il avait tant décriés naguère. A Radio- Cotonou, il crée une émission appelée « Où en sommes-nous ? Albert Tévoédjrè, Secrétaire d’Etat à l’Information vous parle ! ». Il y donne toute la mesure de sa verve et de ses capacités de démagogue hors-pair. Il fulmine contre l’opposition et les opposants. Ce qui lui vaut la ‘’Réponse au commis Albert Tévoédjrè’’ de Paul Hazoumè. Quelques temps après, un « complot contre la sûreté de l’Etat » est découvert opportunément. L’opposition est décapitée. La terreur et la chasse aux sorcières sont installées. Des responsables mais aussi des militants de base de l’opposition sont arrêtés, bastonnés, torturés et jetés en prison. Parmi eux des chrétiens catholiques « issus de notre Eglise » comme il dit, tels que Justin Ahomadégbé et Théophile Paolétti cités aussi par lui dans « Chrétien et responsable dans la Cité ». Ils auraient pu y trouver la mort comme leur camarade de l’Udd (Union Démocratique Dahoméenne, parti d’opposition de l’époque), Antoine Djogbehoué, Maire-adjoint d’Abomey. Peu lui importe à Albert Tévoédjrè. Il était aux premières loges et heureux de l’être pour chanter la gloire du régime PDU et le défendre bec et ongles. Du moment que le job le faisait vivre bien confortablement et qu’il comptait désormais parmi les « grands » et « puissants » de son pays. Alors, il tonitruait et vociférait à la radio : « Y-a-t-il complot ? Oui, il y a complot ! Et le jour est venu où les sourds entendront et où les aveugles verront ». Nous étions alors jeunes lycéens et collégiens. Mais ces envolées délirantes à relents fascistes qui faisaient trembler tout un peuple sont restées gravées à jamais dans nos têtes.
En réalité, ledit complot était pure invention. On le saura bien plus tard. C’était du «pipot» pour employer un mot en vogue dans les temps présents. Il n’existait que dans la tête et le cerveau de Arouna MAMA, ministre de l’Intérieur à l’époque et bien entendu de Albert Tévoédjrè. Mais le mal était fait et la dictature du parti unique s’est installée et a régenté la vie dans notre pays jusqu’au soulèvement populaire du 28 octobre 1963 qui a conduit à la chute du régime PDU. Entre-temps, l’Uam (Union Africaine et Malgache), grand regroupement de pays africains francophones, alors récemment indépendants, a été créée. La Françafrique commençait à se mettre en place. Jacques Foccart à Paris et pour le compte de la France commençait à mettre en place les éléments constitutifs et les structures d’opérationnalisation. Le premier Secrétaire Général désigné à la tête de cette institution est Albert Tévoédjrè. Comme toujours, il débarque dans la fonction en fanfare et y déploie comme de coutume un zèle intempestif. Mais il n’y reste pas longtemps. En 1963, il est débarqué par les chefs d’Etat au motif, entre autres, que ‘’…il souffrait difficilement la contradiction et prenait trop de libertés dans ses fonctions’’. Alors, le grand manitou et grand manipulateur s’exile et va travailler notamment au Bit (Bureau International du Travail) à Genève en Suisse, dont il briguera sans succès la direction en 1979 et 1984. Et à la faveur de la Conférence Nationale il reprend du service sur la scène politique nationale.
3. Qui se sent morveux, se mouche !
Voilà brièvement retracé et ramassé le parcours en politique de Albert Tévoédjrè, le chrétien catholique ‘’modèle’’ qui dans son ‘’Chrétien et responsable dans la Cité’’ s’offusque de ce que des chrétiens catholiques comme lui, écrivent dans le préambule du document portant ‘’Charte du chrétien catholique engagé’’ : ‘’Le Bénin a généralement été dirigé par des Chrétiens souvent Catholiques mais qui, hier comme aujourd’hui, brillent la plupart du temps par leur contre-témoignage en politique et malheureusement trop souvent par leur forte implication dans les actes de corruption, les manœuvres politiciennes, les pratiques et pactes occultistes’’. C’est un constat simple et irréfutable ! Une autocritique collective ! Un appel à s’amender pour s’améliorer. !
Aux Assises catholiques des 28, 29 et 30 Juin, les chrétiens catholiques qui ont ‘’osé’’ penser et écrire ces lignes qui déclenchent l’ire de l’octogénaire sont, certains de sa génération, d’autres plus jeunes mais dont beaucoup ont dépassé la cinquantaine en âge, etc… Il ne s’agit donc pas de ‘’gamins’’ sans expériences et ignorants des réalités béninoises telles que vécues ici depuis un demi-siècle et à qui ‘’Monsieur le Professeur’’ peut en remontrer et vendre avec emphase ses ‘’vérités’’. Il est temps qu’il comprenne et accepte que notre pays ne peut pas, ne doit pas être une contrée maudite où tout est permis à quiconque ne s’embarrasse pas de scrupule, où morale et éthique n’ont pas de place en politique et où seuls comptent les intérêts et les ambitions des individus. Comme il le dit lui-même ‘’l’interpellation (est) suffisamment générale pour viser l’ensemble des chrétiens engagés dans la vie publique…’’. Alors, en quoi se sent-il particulièrement visé ? Est-il vrai ou faux qu’il a participé au gouvernement du PDU, premier prototype du parti unique et d’un régime de confiscation des libertés dans notre pays ? Un régime dans lequel on retrouve des chrétiens catholiques ‘’issus de notre Eglise’’ comme lui et qui ont nom Hubert Maga, Bertin Borna, Marcellin Sourou Migan Apithy, etc…Quel bilan global de gestion de notre pays, ce régime a-t-il laissé dans notre mémoire collective et dont les ‘’chrétiens catholiques’’ qui en ont été des membres influents peuvent être fiers ? Plus près de nous, Albert Tévoédjrè, Moïse Mensah, Théophile Paolétti, Joseph Gnonlonfoun et d’autres comme eux chrétiens catholiques ‘’issus de notre Eglise’’ n’ont-ils pas été à la pointe du combat pour le retour de Mathieu Kérékou au pouvoir en 1996 ? Au bout de dix ans, soit deux quinquennats (1996-2001; 2001-2006), comment ont été traduits dans la réalité les slogans tels que ‘’gérer autrement’’ (par rapport au quinquennat de Nicéphore Soglo et à son ‘’pouvoir clanique’’), ‘’minimum social commun’’, ‘’vingt mille emplois par an’’, etc… ? Quel bilan général de gestion de notre pays, le régime Kérékou 2 auquel ils ont abondamment participé a-t-il laissé dans notre mémoire collective et dont ils peuvent être fiers en tant que ‘’Chrétiens catholiques engagés en politique’’ dans le sens du développement socio-économique de notre pays et de l’amélioration des conditions de vie de ses populations ? Beaucoup plus près de nous encore, quel bilan font-ils du régime Boni Yayi dont, comme le dit Antoine Détchénou, Albert Tévoédjrè a fait activement la promotion ici en 2006 comme le nouveau messie envoyé aux Béninois? Non ! L’octogénaire chagrin ne gagnerait rien à chercher querelle aux participants des Assises catholiques. S’il s’entête, alors qu’il sache que c’est un combat perdu d’avance. Plutôt que de se poser toujours en donneur de leçons et en indicateur soi-disant toujours infaillible du ‘’bon choix’’ et de la ‘’bonne direction’’, il devrait humblement faire son mea culpa. Au lieu de fulminer. Il n’impressionne plus grand-monde. S’il se sent morveux, qu’il se mouche. Il n’y a aucune honte à cela, car nous sommes tous pécheurs.
Faudrait-il lui rappeler (à lui qui connaît tout !) que nous ne sommes plus aux temps lointains des ‘’Indulgences’’ où l’Eglise permettait à ses fidèles de racheter ‘’la multitude de (leurs) péchés’’ et comportements-contre témoignage du message du Christ, en faisant la charité et l’aumône (une pratique qui, entre autres choses, a été à l’origine du schisme luthérien qui a produit l’Eglise protestante !) ? Car nous n’acceptons pas que pour toutes justifications de ses errements, Albert Tévoédjrè nous jette à la figure le financement que lui –même et d’autres apportent aux œuvres de l’Eglise. Il écrit en effet : ‘’Lorsque l’on déplore la modicité des quêtes dominicales dans de très nombreux villages et qu’il faut tout de même sauver corps et âmes en détresse, vers qui se tourne-t-on encore si ce n’est vers ces désolants contre-témoins et leurs semblables d’ici et d’ailleurs… ? Ceux-ci, malgré de lourdes obligations familiales ou sociales, ne manquent généralement pas de répondre comme ils le peuvent à toutes ces légitimes sollicitations, soulagés intérieurement que le très regretté Monseigneur Vincent Mensah ait rappelé en plusieurs occasions le mot de l’Apôtre Pierre : ‘’L’aumône couvre la multitude des péchés’’. N’est-ce pas pourquoi nos frères musulmans en font une des plus grandes chances de salut ?’’. A ce propos, le Professeur Albert Gandonou (LNT N° 2388 du 21 Août 2012) lui a déjà fait une réponse très pertinente que nous approuvons entièrement. Nous voudrions y ajouter deux choses :
La première est que nous refusons désormais de nous incliner devant la propension intéressée d’étalage facile, simpliste et littéral de textes de la Sainte Bible et des enseignements de nos autorités religieuses (curés, évêques…) qui permettent trop souvent à Albert Tévoédjrè et consorts de justifier toutes leurs turpitudes. Ils n’ont pas le monopole de la connaissance et de l’interprétation des textes des Livres saints. En conséquence, nous refusons qu’on nous oppose des citations de Mgr Mensah et de l’Apôtre Saint Pierre pour nous forcer à applaudir des pratiques et des comportements que réprouvent nos consciences de citoyens chrétiens catholiques.
La seconde est que : Oui ! Notre Eglise a besoin d’argent pour se construire, élargir son influence, venir au secours et en aide aux plus démunis. Et merci à toutes celles et à tous ceux qui y contribuent avec l’argent gagné honnêtement. Non ! Notre Eglise n’a pas besoin de ‘’l’argent du Diable’’ pour se bâtir, c’est-à-dire l’argent indûment gagné grâce aux mécanismes et autres arrangements éprouvés de la corruption et des détournements, bref des malversations de toutes sortes sur le dos de l’Etat et donc des populations, par les cadres et les responsables politiques de tous bords pour leur promotion sociale personnelle, et dont ils pensent qu’il leur suffit de jeter quelques miettes en retour dans les caisses de l’Eglise pour ‘’couvrir’’ et racheter ‘’la multitude de (leurs) péchés’’. A quel fidèle fera-t-on croire, par Mgr Mensah et Saint Pierre interposés, que l’argent gagné grâce à toutes sortes de tricheries, d’arrangements ‘’propres’’ et de malversations, et donc au détriment des populations d’un pays peut servir à ‘’couvrir’’ auprès de Dieu la ’’multitude des péchés ‘’ des délinquants haut-de-gammes de la République ? Cessez de nous berner. Les temps ont changé. Autrement, vous vous couvrez plutôt de ridicule et perdez tout crédit ce faisant. Sinon, comment comprenez et interprétez-vous le 7è commandement : ‘’Tu ne voleras pas’’? Vous ne nous convainquez pas non plus du sérieux de votre parcours politique en invoquant les noms d’Africains chrétiens catholiques célèbres tels que Julius Nyerere, Joseph KI-Zerbo, etc… Eux c’est eux et vous c’est vous. Cessez vos gesticulations. Qui pensez-vous encore intimider dans notre pays? Le terrorisme intellectuel et l’outrance verbale qui sont votre principale marque de fabrique et sur lesquels vous avez surfé jusqu’à présent pour mener vos compatriotes en bateau n’impressionnent plus personne ici. ‘’Tant la cruche va à l’eau, qu’à la fin elle se casse’’ dit la sentence de la fable. Pensez-y !
Fait à Cotonou, le 09 septembre 2012
Par
Jean-Pierre KPODAN et Léon TODAGBA
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