Dissidence de l’honorable Atao Hinnouho du Prd : le Prd victime de sa mauvaise politique

Depuis les dernières élections législatives, le navire Prd tangue. La démobilisation, l’angoisse et  l’envie de « changer d’air » sont grandes au sein du parti. Mais ses faucons, le président Houngbédji en tête, continuent de croire et de dire que tout va bien, et semblent même acclamer la dissidence d’un député, fut-il capricieux.

Publicité

«  Le départ de Atao Hinnouho est un non événement ». Tel semble être la lecture faite par des membres du Bureau exécutif national du Prd de la démission du député Atao Hinnouho. Du secrétaire général Wabi Fagbémi au porte parole Charlemagne Honfo, le discours est le même. Les responsables semblent afficher une extrême sérénité face au malaise qui a élu domicile au Prd. Sinon comment comprendre que des responsables d’un parti puissent qualifier le départ d’un député de « non événement » alors même que ce départ a pour conséquence la disparation de son groupe parlementaire à l’Assemblée nationale.  La vérité, c’est qu’au Prd, on est frappé du syndrome de « celui qui ne voit rien et n’entend rien ». En effet, le parti est secoué depuis quelques mois par des courants séparatistes menés par des gens qui ont fait tout leur parcours politique au sein du parti et qui ont de plus en plus peur de l’avenir de ce parti depuis que son leader charismatique est constitutionnellement forclos pour participer à une élection présidentielle. Au dernier congrès du parti, certains parmi eux avaient souhaité que le président Houngbédji prenne tout de suite sa retraite politique et qu’il laisse la tête du parti à un autre. Mais au dernier moment, ils ont été contraints à abandonner cette ligne. Ce qui a aggravé la situation et le dégoût pour bon nombre de militants, c’est la position actuelle du parti qui dit être de l’opposition mais a abandonné l’Un pour faire cavalier seul et semble même s’accoquiner avec le pouvoir. Les diatribes et les injures ont été remplacés par des déclarations plus « policées » et des points de vue plus centristes. Le Prd est un parti de  l’opposition mais s’attache désormais à la justice, à la paix et entend travailler pour maintenir un climat politique apaisé au sein du pays. Cette nouvelle position a dérouté et a sapé le moral à bon nombre des militants. Pendant que cette variation de ligne politique se passait au sein de l’élite du parti, les militants à la base, rongent leur désespoir et peinent à s’adapter.

Frustration

Selon plusieurs témoignages, le départ de l’honorable Atao Hinnouho n’est que la partie visible de l’iceberg. Dans l’anonymat et dans l’indifférence totale, plusieurs autres militants à la base ont pris leurs distances vis-à-vis du parti sans que cela ne soit porté au haut niveau. Ils semblent être un peu déçus par deux choses. D’abord le fait que Houngbédji, le leader charismatique du parti, n’a pu être élu président de la république malgré le soutien qu’ils lui ont accordé pendant plus de vingt ans. Beaucoup parmi eux pensent qu’ils n’ont plus des raisons pertinentes de rester au Prd car le leader pour lequel ils se sont investis pendant des années ne peut plus être président. La deuxième chose, c’est le glissement observé dans la ligne politique du parti.  Pourquoi et au non de quoi quitter l’Un ? Pourquoi se rapprocher du pouvoir après l’avoir  combattu tout le temps ? Telles sont les questions qui reviennent souvent dans la bouche des militants. L’autre grief fait aux responsables du parti, c’est le positionnement sur la liste du Prd pour les différentes élections. Pour certains parmi eux, ce positionnement ne tient pas compte de la fidélité politique et du militantisme. Les militants semblent être promus au prorata de leur bourse. Seuls ceux qui ont l’argent sont vite positionnés sur les listes. C’est d’ailleurs le cas du dissident Atao Hinnouho qui est venu au parti en 2006, quelques mois avant les élections législatives de mars 2007 où il a été positionné sur la liste Prd. Or son suppléent qui est toujours dans le parti compte près de vingt ans de militantisme. Aujourd’hui, c’est ce système de bourgeoisie par lequel il a connu son ascension politique fulgurante qu’il critique en se posant comme le chantre des jeunes et des pauvres qui n’ont pas voix au chapitre dans le parti. Beaucoup de militants trouvent qu’il s’agit là d’une erreur grave dans la mesure où le Prd a été déjà victime de la même trahison politique dans cette même 15è circonscription électorale avec l’honorable Isidore Gnonlonfoun qui a abandonné le Prd pour rejoindre les Fcbe. A Porto Novo, fief traditionnel du parti, le choix du prochain maire de la ville risque de créer un grand schiisme. Là aussi des frustrations de militants et pas des moindres mettent le parti dans une situation instable. Pendant ce temps, le président et les leaders du parti ne semblent pas trop s’inquiéter. Comme s’ils attendaient le plus grand séisme politique au sein du parti avant de se réveiller.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité