Tout le monde, riche et pauvre, aime les bonnes choses. A la différence du riche, le pauvre s’en tient à aimer ce qu’il aime. Il ne se préoccupe pas, outre mesure, de le conquérir, de se l’approprier. Il en parlera avec emphase. Il lui rendra même un culte.
Mais ne lui demandez pas, pour ainsi dire, de passer à l’acte. Nous doutons qu’il soit prêt à transformer, par l’action, ses désirs en leur équivalent matériel, physique.
Au regard de ce principe, nous notons, ici, chez nous, au Bénin, qu’une majorité de nos compatriotes s’activent à conjuguer, dans un futur improbable, d’improbables promesses de prospérité. Ils enfourchent les chevaux de la rumeur et s’évertuent à remplir la cité de la clameur des bruits qui courent. C’est gros. C’est beau. Mais, c’est faux !
Limitons-nous à trois de leurs chansons favorites. La première chanson présente la vallée de l’Ouémé comme la plus riche du monde, après la vallée du Nil en Egypte. La deuxième chanson décline le Bénin comme un bijou touristique unique en Afrique. La troisième et dernière chanson vante le Bénin comme un pays au sous-sol gorgé de pétrole. Analysons chacune de ces rumeurs de prospérité.
La vallée de l’Ouémé, l’une des plus riches vallées au monde ? Il n’y a pas que des citoyens anonymes qui le disent. Des responsables politiques abondent dans le même sens et tiennent les mêmes propos. Mais il faut craindre que ce chœur de belles promesses ne tourne en un chœur de vœux pieux. La vallée de l’Ouémé ne se transformera jamais en Jardin d’Eden sous l’effet de nos incantations magiques. Plutôt des études sérieusement menées que des bavardages oiseusement conduits. Plutôt des données vérifiées et vérifiables que des bruits qui courent. Nous aurons besoin de connaître les potentialités supposées de cette vallée, de les identifier, de les évaluer. Et puis, il nous importe peu que le Bénin abrite l’une des plus riches vallées du monde. Pourvu que les Béninois sachent tirer le meilleur profit de cette part de terre d’Afrique sur laquelle ils ont choisi de s’accomplir, d’accomplir leur destin.
Le Bénin, un bijou touristique unique en Afrique ? Si cela s’inscrivait dans le cadre d’une ambition affichée, avec la volonté de la faire aboutir, pourquoi pas. « Si tu veux tracer un sillon droit, attache ta charrue à une étoile » nous apprend un proverbe arabe, nous invitant par là à voir grand et à voir loin. Il est en notre pouvoir de faire de notre pays un Eldorado, un « bijou touristique ». Moins en le disant. Mais plus en y croyant. Moins en le proclamant. Mais plus en nous investissant à le faire. Qui s’anime de l’intention de vendre le Bénin, la destination Bénin, doit se garder de vendre du vent.
Nos plus belles réalisations sont et seront filles de l’action. Tout le reste n’est qu’illusion et spéculation, caquetage et papotage. C’est un Australien, depuis sa lointaine Australie, qui fait la promotion des tatas somba sur l’Internet. Comment a-t-il pu prendre de l’avance au nez et à la barbe des propriétaires des tatas somba que nous sommes ? Où sommes-nous et que faisons-nous pendant que d’autres agissent ? Regardez le projet de la Route des Pêches. Il n’était qu’une vague idée, trimballée, sans conviction, d’un régime à l’autre, d’un gouvernement à l’autre. Mais le bouclage du financement de la route appelée à être l’épine dorsale du projet a changé complètement la donne. La réflexion sera toujours première. C’est en cela qu’elle est nécessaire, voire indispensable. Mais c’est par l’action que nous donnons corps et forme à nos rêves.
Le Bénin, un pays pétrolier ? Pourquoi pas ? A condition de substituer aux slogans improductifs l’action intelligente et créatrice. L’action, c’est un partenaire à identifier, un financement à trouver, des recherches à mener, la rentabilité des résultats de ces recherches à établir, une politique du pétrole à concevoir. Restera à gagner la dure bataille de la gouvernance. Restera à veiller à la sauvegarde des intérêts de tous sans contrarier les intérêts de personne. Restera à engager l’avenir en préparant l’après pétrole, au nom des intérêts bien compris des générations futures. Etes-vous prêts pour cette belle et exaltante aventure ? La réponse à cette question est toute prête, libérée, qui plus est, de tout droit d’auteur : « Si vous êtes prêts, je suis prêt ! ».
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