Une jeune étoile dans un ciel d’espérance

Légitime fierté que la nôtre : le Bénin, à travers le jeune étudiant Ayeman Aymar Esse, a plané sur la 12ème édition de Clap Ivoire. Il s’agit du festival de court-métrage ouvert aux jeunes réalisateurs des huit pays de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (UEMOA).

Le palmarès du festival, le 9 septembre dernier à Abidjan, a consacré, de fort belle manière,  notre compatriote. Il s’est   adjugé le Prix du meilleur scénario pour le film « Rencontre virtuelle », couronnant le tout du Grand Prix Kodjo Ebouclé du festival, avec le même film. Bel exploit à tenir pour un coup double dans le champ de l’excellence. Cela mérite d’être salué et d’être célébré. Nous avons choisi de le décrypter. Histoire d’en restituer la portée, le sens et la signification.

Une toute première observation est à faire : la distinction du jeune réalisateur Ayeman Aymar Esse intervient en pleine crise de la production audiovisuelle dans notre pays. Beaucoup de caméras sont frappées d’amnésie ou de cécité. Les portes de toutes les salles de cinéma sont restées closes depuis des années. Des images venues d’ailleurs dictent leur loi et racontent l’Afrique aux Africains. Nos télévisions, publique comme privées, déroulent le tapis rouge aux productions étrangères. Plutôt s’évader à Rio de Janeiro ou à Calcutta que de prendre pied sur nos terroirs, dans l’humus de nos cultures.

Le jeune Ayeman Aymar Esse, par son exploit, nous oblige à réviser nos horizons. Il nous rappelle que découragement ne peut et ne doit pas être béninois.  Il nous indique que la sécheresse d’aujourd’hui devrait plutôt secouer nos capacités imaginatives pour faire tomber sur nos terres assoiffées, une pluie de félicité créatrice. La distinction d’Ayeman Aymar Esse porte, de ce fait et en filigrane, un message d’espoir.

Une deuxième observation est à faire : c’est le moule qui fait le beau bijou. Il ne s’agit pas de minorer le coefficient personnel de l’étudiant Ayeman Aymar Esse. Il s’agit plutôt de rendre à César ce qui est à César, en reconnaissant la part de mérite de l’Institut supérieur des métiers de l’audiovisuel (ISMA) dans le gain de succès engrangé par l’un de ses  étudiants.

ISMA, faut-il le rappeler, n’est pas à son coup d’essai. L’école a déjà convaincu, par le passé et sur divers terrains de compétition, de la qualité de ses produits. Dans un secteur aussi stratégique que celui de la communication, cet établissement de formation s’affirme comme un pôle d’excellence. Au fil des concours et des compétitions, des talents se dégagent, tandis que se confirme, par ricochet, la qualité de l’encadrement intellectuel et technique. Un esprit se crée. Une tradition s’établit. L’un et l’autre se combinent pour labelliser l’institution.

Voilà une lueur d’espérance au milieu de la crise qui frappe l’Ecole, perturbée dans sa fonction enseignante, bousculée dans sa mission éducative. Voilà la preuve que rien n’est perdu, que nos chances de repartir du bon pied sont intactes, que l’avenir est en notre pouvoir. Il ne dépend que de nous de le peindre aux couleurs de nos rêves.

Une troisième et dernière observation est à faire : Ayman Aymar Esse qui est distingué, l’ISMA qui est honoré, c’est, en définitive, l’excellence qui est célébrée. Une publicité, il n’y a guère longtemps, sur tous les panneaux de notre capitale économique clamait : « On n’est jamais premier par hasard ». Pour dire que la bonne moisson qui comble d’abondance les greniers du paysan est toujours précédée des efforts de ce dernier pour sarcler et pour semer.

Les Béninois, évoquent, avec nostalgie, le fameux « Dahomey, quartier latin de l’Afrique ». Comme pour insinuer que le meilleur est désormais derrière eux ; que les beaux jours ne reviendront plus. Nous voulons nous inscrire en faux contre cette manière de voir. La vérité, c’est que rien n’est jamais définitivement perdu pour un peuple qui s’impose la discipline de retrouver ou de rester sur les chemins de la performance et de l’excellence. Nos fatigues passagères ne valent pas une sortie de route définitive. C’est notre conviction : le Bénin, en dépit des apparences, n’a jamais déserté le champ de l’excellence. La belle preuve : Ayeman Aymar Esse est Béninois et l’ISMA est au Bénin.

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